« Fonds Marianne » contre le séparatisme: La maire de Paris et LFI annoncent saisir la procureure de la République
- La chaîne France 2 et l'hebdomadaire Marianne ont enquêté sur ce fonds lancé en 2021 par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté. Ils décrivent une gestion opaque de ce fonds, lequel aurait été détourné de son objet.

France
AA / Tunis / Majdi Ismail
La maire de Paris Anne Hidalgo et la cheffe des députés LFI (La France Insoumise) Mathilde Panot, ont annoncé vendredi saisir le parquet sur le « Fonds Marianne » contre le séparatisme, après des révélations sur l'utilisation de l’enveloppe allouée à ce fonds, selon des médias locaux.
« Les faits relatés, s'ils sont avérés, sont d'une extrême gravité » car « susceptibles de caractériser l'infraction pénale de détournement de fonds publics mais également d'autres délits », écrit Hidalgo dans une correspondance à la Première ministre Elisabeth Borne, rapporte Mediapart.
L’élue socialiste explique que « Plusieurs vidéos, qui délibérément discréditent des élus de la République, seraient financées par le fonds Marianne. Je fais partie de ces élus ».
« L'Œil du 20 heures » de France 2 et l'hebdomadaire Marianne ont enquêté pendant neuf mois sur la façon dont les subventions allouées à ce fonds de 2,5 millions d’euros - lancé en 2021 par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, après l'assassinat de Samuel Paty - ont été utilisées.
Quatre associations ont touché près de 1,3 million d'euros, soit plus de la moitié du fonds. Parmi elles, l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation au service militaire (USEPPM) a éveillé les soupçons. L'association, fondée à la fin du XIXe siècle, présente un objet social en apparence très éloigné de l'appel d'offres. Elle a pourtant reçu la plus importante subvention : 355 000 euros. Dans la convention d'attribution de subvention établie entre l'USEPPM et le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), l'association s'engage « à déployer un contenu multimédia, un message positif de réenchantement des valeurs de la République et un autre en déconstruction des attaques violentes subies par la République », rapporte France Info.
Selon l’enquête, l'USEPPM aurait utilisé ces fonds pour un site internet et des publications sur les réseaux sociaux très peu suivies, et pour salarier deux de ses administrateurs.
De plus, plusieurs personnalités de gauche, dont Anne Hidalgo, ont été attaquées et dénigrées dans des contenus de l’association « Reconstruire le commun », qui, selon des révélations de Mediapart, « a touché plus de 300 000 euros d’argent public, alors qu’elle venait d’être créée et n’avait aucune activité connue ».
Le site d'information affirme que « Reconstruire le commun » a « diffusé des contenus politiques à l'encontre d'opposants d'Emmanuel Macron pendant les campagnes présidentielle et législatives ». Pas moins de 57 vidéos sur YouTube, ont été publiées par cette structure de janvier 2022 à août 2022, et dans lesquelles, elle fustige des adversaires politiques du président de la République. Cependant, il est interdit d'utiliser des moyens publics afin d'influencer le résultat d'une élection.
La cheffe des députés LFI, Mathilde Panot, a elle aussi saisi la procureure de la République. « Les faits sont graves et interrogent la responsabilité de Marlène Schiappa dans la création, l’utilisation et le contrôle de ces fonds publics », a-t-elle soutenu, estimant qu’il s’agit « d’atteintes sérieuses à la probité » et au « contexte électoral ».
Le parquet de Paris a indiqué ce vendredi qu’un signalement, au titre de l’article 40 du code de procédure pénale, de Christian Gravel, président du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), était analysé, avant une éventuelle ouverture d’enquête.
« Parler de détournement d’objet ou de financement de campagne est faux et mensonger », a réagi le cabinet de Marlène Schiappa, qui occupe actuellement le poste de secrétaire d'Etat chargée de l'Economie sociale et solidaire et de la Vie associative dans le gouvernement Borne.
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