Érigée dans la ville française d’Amboise: la statue du résistant algérien, l’Emir Abdelkader vandalisée par des inconnus
- L'historien français Benjamin Stora, avait préconisé, dans son rapport sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie », l’installation de cette statue, comme « symbole de réconciliation entre les deux pays »

France
AA/Alger/Aksil Ouali
La statue de l’un des premiers résistants algériens à la colonisation française, l’Emir Abdelkader, a été vandalisée, dans la nuit de vendredi à samedi. Érigée dans la ville française d’Amboise, - lieu de sa première détention après sa reddition en 1947 -, la sculpture devait être inaugurée, aujourd’hui 5 février. L’information a été communiquée par plusieurs historiens français, dont Benjamin Stora, via les réseaux sociaux.
C’était lui qui a préconisé, dans son rapport de janvier 2021 sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie », l’installation de cette statue à l’effigie de l’émir Abdelkader, comme « symbole de réconciliation entre les deux pays ».
Selon des médias français qui ont relayé l’information, la statue, qui représente l’Emir Abdelkader découpé dans une feuille d’acier rouillé, « a été largement abimée dans la partie basse de sa structure ». Selon les mêmes sources, une enquête pour « dégradation grave de bien destiné à l’utilité publique et appartenant à une personne publique a été ouverte ».
Tout en maintenant l’inauguration de la stèle, le maire d’Amboise, Thierry Boutard, cité par les mêmes médias, a fait part de son « indignation ». « J’ai eu honte qu’on traite une œuvre d’art et un artiste de cette sorte. Le deuxième sentiment est bien sûr l’indignation. C’est une journée de concorde qui doit rassembler et un tel comportement est inqualifiable », a-t-il dénoncé.
Pour sa part, l’artiste Michel Audiard, qui a réalisé la sculpture, s’est dit peiné par cet acte. « C’est réellement un saccage prémédité. Il faut une disqueuse, il faut couper, il faut tordre. C’est un acte de lâcheté (...) ce n’est pas signé, c’est gratuit. On était là pour fêter un personnage emblématique dans la tolérance et là c'est un acte intolérant. Je suis atterré », a-t-il lancé.
Surnommé « le meilleur ennemi de la France », Abdelkader (1808-1883) a organisé, pendant quinze ans, la résistance contre la colonisation française de l’Algérie. Il n’a capitulé qu’en 1847. Emprisonné d’abord à Toulon, puis à Pau, il est finalement transféré au château d’Amboise en 1848, où il restera détenu pendant quatre ans.
Lors de sa captivité, cet homme de grande culture, comme l'appelle Benjamin Stora » occupe ses journées à prier et à lire. Il rédigera même un essai intitulé Lettre aux Français. Dans cet ouvrage, Abdelkader évoque la culture, la science et exprime son admiration pour la rationalité française. L’Emir Abdelkader s’est illustré à nouveau à Damas en 1860 lors des massacres perpétrés par les Druzes envers la communauté chrétienne maronite en protégeant un grand nombre de chrétiens. « Un geste important », selon Benjamin Stora, qui lui vaudra d’être fait grand-croix de la Légion d’honneur par Napoléon III.
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