AA / Nice / Feïza Ben Mohamed

Alors que le mouvement de contestation a démarré le 18 janvier dans le sud-ouest de la France, la fronde des agriculteurs continue, pour le 9ème jour consécutif, de s’étendre à d’autres territoires et concerne désormais toutes les régions de l'Hexagone.

À Nice ce vendredi matin, un cortège d’environ 200 agriculteurs, est parti du MIN (Marché d’intérêt national), à l’ouest de la ville, pour rallier la Préfecture des Alpes-Maritimes.

Sur place, comme dans d’autres départements, le fumier a été déversé devant les grilles du bâtiment administratif, alors qu’une délégation de représentants syndicaux était reçue par le Préfet Hughes Moutouh.

Sur les banderoles apposées aux grilles de la préfecture, plusieurs messages souvent sous formes d’appel au secours, comme ‘’on est sur la paille’’ ou encore ‘’notre fin sera votre faim’’, mais également des pancartes mettant en cause les normes européennes qui sont largement dans le collimateur des agriculteurs.

Dans une interview donnée à Anadolu en marge de la manifestation, Jean-Dominique Varron, éleveur dans le département, tire la sonnette d’alarme.

‘’On veut sortir du système européen’’ clame cet agriculteur installé dans l’arrière-pays niçois, estimant que même s’ils sont reçus par le Préfet ‘’qui va ensuite parler au Premier ministre ou au Président, ils n’ont aucun pouvoir en termes d’agriculture’’.

Jean-Dominique Varron revendique de pouvoir ‘’dire ce qu’il a à dire’’ mais espère ‘’que dans d’autres départements ce soit beaucoup plus virulent pour peut-être arriver à faire bouger les choses’’.

L’agriculteur se dit notamment mobilisé contre les normes européennes mais aussi ‘’par la mise en concurrence avec des pays qui ont des règles totalement différentes’’.

Et de poursuivre : ‘’On arrive au bout d’un système, depuis deux ans avec l’inflation, l’énergie, le matériel agricole’’, alors que les revenus qu’ils perçoivent des produits issus de leur agriculture ’’n’augmentent pas’’.

Il prévient enfin que ‘’l’agriculture française est aujourd’hui à un tournant et que s’il ne se passe rien’’ et en l’absence ‘’d’un gros changement, c’est la fin’’.

S’agissant des annonces qui doivent être faites en fin de journée par le Premier ministre Gabriel Attal, l’éleveur azuréen assure ‘’ne rien attendre’’ considérant que la France ‘’ne peut rien décider‘’ et doit s’en remettre ‘’à Ursula von der Leyen’’.

Mais parmi les manifestants présents ce vendredi matin au cœur de la contestation, une poignée de gilets jaunes étaient mobilisés auprès des agriculteurs.

Parmi eux, Alain Pionzo, qui se veut ‘’solidaire envers les autres’’ et estime que ‘’nous dépendons tous les uns les autres d’un mode de vie qui est l’alimentation’’.

‘’Dans cette interdépendance, si nous ne respectons pas un maillon de la chaîne, tout se déchaîne’’, plaide le militant.

Sur place, au terme d’un entretien qui aura duré plus d’une heure avec le Préfet, les représentants des syndicats agricoles sont ressortis sans pouvoir faire d’annonces, mais expliquent avoir eu ‘’une oreille attentive’’.

Ils appellent néanmoins les agriculteurs à poursuivre la mobilisation et ‘’faire du bruit’’ pour amplifier la portée du mouvement.

Du côté du gouvernement, Gabriel Attal et Marc Fesneau, ministre de l’agriculture, se rendront en Haute-Garonne dans l’après-midi avant d’annoncer les mesures d’urgence promises en début de semaine.

Sur l’ensemble de la France, de très nombreuses routes et autoroutes restent bloquées notamment dans le sud tandis que plusieurs cortèges de tracteurs convergent vers Paris pour bloquer l’accès à la capitale.