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Un camp de migrants installé en plein milieu de la ville paralysée Paris

Les migrants espèrent trouver un pays européen qui accepte de les accueillir mais font preuve d'un pessimisme.

18.05.2015 - Mıse À Jour : 18.05.2015
Un camp de migrants installé en plein milieu de la ville paralysée Paris

AA - Paris - Bilal Muftuoglu

Des centaines de migrants venus des pays africains peinent à vivre dans les tentes en plein milieu de Paris, seulement à deux kilomètres du quartier de l'Opéra et des grandes enseignes de luxe, à l'instar de Galeries Lafayette. 

Installés sous le métro aérien, entre les stations Barbès et La Chapelle, les migrants vivent dans des conditions déplorables, possiblement encore pires que ceux qui sont à Calais, point de passage dans le nord de la France pour les réfugiés qui tentent de rejoindre la Grande-Bretagne. Le nombre de ces migrants à Paris est sur le point d'atteindre 400, selon les individus qui ont accepté de livrer leur témoignage à Anadolu. 

D'après Philippe, un riverain français qui vient régulièrement porter de l'aide aux migrants, leur nombre a quadruplé ces deux derniers mois. Ils arrivent en France ''avec des grands espoirs'', confie-t-il à Anadolu, ''pourtant la situation est bien différente de ce qu'ils espèrent''.

''Ce n'est plus gérable au niveau de la quantité et au niveau d'hygiène'', souligne Philippe évoquant que les migrants n'ont aucun accès aux sanitaires ni à la nourriture ou au chauffage. ''Ça commence à saturer, d'ici un mois ou deux, les policiers évacueront, c'est déjà arrivé plusieurs fois'', avertit par ailleurs l'habitant du quartier.

Les migrants, quant à eux, boudent la presse et restent sceptiques quant à une solution pour leur situation. Arrivés depuis la Libye, ils traversent l'Italie avant de rejoindre la France. La destination finale reste aléatoire dans la majorité des cas, ''Certains souhaitent partir en Grande Bretagne ou en Allemagne et d'autres souhaitent rester en France'', explique Sami, jeune migrant éthiopien, né au Soudan. 

D'autre part, Sami précise que son départ a été motivé par des raisons purement ''politiques'' et non pas économiques. Le même argument est avancé par d'autres migrants, comme Enes et Khalid. Ces jeunes migrants érythréen et éthiopien déplorent notamment la présence de la guerre civile dans leurs pays et aucun espoir d'amélioration dans le futur.

''En France, no hammam (pas de toilette)'', ironise Enes, dans son commentaire moitié français moitié arabe. Avec Khalid, ils se plaignent en particulier de ne pas avoir pris une douche depuis des semaines et de n'avoir aucun endroit pour leurs besoins naturels. Khalid, de son côté, remémore leur vie en Afrique avec un mélange de nostalgie et de tristesse, ''Nous avions tous une maison, une vie normale là-bas, mais aucun futur à cause de la guerre''. 

Imran, jeune migrant tchadien, déplore surtout le manque de réaction des gens qui passent tous les jours devant le ''camp'' pour prendre le métro. Il affirme n'avoir reçu aucune aide et n'avoir trouvé aucun emploi depuis son arrivée à Paris quelques semaines auparavant. Il ajoute tout de même que presque aucun des migrants n'avait du travail ou ne fréquentait l'école dans leur pays d'origine. 

En grande majorité musulmans, les migrants se rendent souvent à la mosquée du quartier pour faire leur prière, ou mettent un carton par terre qui se sert d'un tapis de prière, fait savoir Imran. 

- ''Quotas migratoires'', nouvelle solution pour résoudre la crise des réfugiés en Europe?

La Commission européenne a présenté mercredi dernier un plan d'action qui consiste à imposer un système de ''quotas migratoires'', afin de garantir la distribution équitable des réfugiés au sein de l'Union européenne (UE). D'après ce mécanisme de quota d'accueil, chaque Etat membre se verra obligé d'accepter une certaine part des réfugiés, notamment en cas d'afflux massif, en fonction de sa population, son taux de chômage et son produit intérieur brut. 

Le plan a pourtant d'ores et déjà l'objet de plusieurs critiques parmi les responsables des pays membres. La Grande-Bretagne a été le premier pays à afficher son opposition, avec les déclarations de Theresa May, secrétaire d'Etat à l'Intérieur. Dans sa tribune publiée au Times, la ministre britannique a estimé que le plan de la Commission ''ne peut que favoriser la traversée de la Méditerranée et encourager plus de personnes à mettre leur vie en péril''. 

Le Premier ministre français, Manuel Valls, s'est aussi montré critique face au projet de la Commission. S'exprimant samedi à Menton, Valls a affirmé que le plan ''n'a jamais correspondu aux propositions françaises''. Le partage des migrants ''équitable'' entre les Etats membres devrait ''tenir compte des efforts déjà consentis par chacun'', a-t-il insisté. 

 
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