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Turquie: Pour le jeune artiste Akgün nul besoin de bras, quand on peint avec l’âme

-Les « Couleurs de Yesilcam », exposition de Yusuf Akgün, un jeune homme sans bras, qui peint avec la bouche, se tient actuellement à Ankara

Ahmet Sertan Usul  | 13.12.2017 - Mıse À Jour : 14.12.2017
Turquie: Pour le jeune artiste Akgün nul besoin de bras, quand on peint avec l’âme

Ankara

AA - Ankara

Yusuf Akgün, électrocuté, à l'âge de cinq ans par des lignes de haute tension, a perdu ses deux bras, mais s’est accroché à la vie grâce aux portraits qu'il peint avec la bouche.

Agé de 32 ans, le peintre, confie à Anadolu, que les choses n'ont pas toujours été simples mais qu'il a su persévérer et surmonter les difficultés.

Il partage, en ce sens, combien, étant un enfant handicapé, il a été difficile de grandir loin de sa famille, qui l'a placé, à la suite de l'accident survenu, dans un orphelinat sous la surveillance du Ministère de la Famille et des Politiques Sociales.

La grande majorité de la communauté considère les handicapés comme des individus passifs et sans avenir, déplore Akgün, faisant part de la lutte qu'il mène, depuis son plus jeune âge, pour débarrasser la société de cette vision.

Il souhaite, dit-il, que les handicapés se frayent une place au sein de la société et qu'ils montrent leur capacité à réaliser bien des choses.

- Ses débuts dans la peinture

Akgün raconte que sa vie commence à prendre un tournant différent lorsque son professeur des écoles, par mégarde, lui donne un sujet d'examen.

« C'est, à cette occasion que pour la première fois, j'ai tenu un stylo avec la bouche. Mon excitation a commencé à cet instant où j'ai senti que je pouvais enfin montrer que j'existe aussi » a-t-il confié, les yeux brillants, à la remémoration de ce souvenir.

A l'âge de neuf ans, le garçon commence à dessiner avec la bouche, les personnages des bandes dessinées fantastiques ainsi que ses acteurs de films préférés.

« Au départ, j'étais un enfant qui ne pouvait rien faire, parce qu'il n'avait pas de bras. Puis, j'ai commencé à lire des bandes dessinées et à visionner les films de Bruce Lee et Van Damme. J'ai tenté de les dessiner et de les imiter. C'est là, que mon corps s'est développé sans que je m'en aperçoive. Le fait de voir, par exemple, Jackie Chan, s'habiller ou se débarrasser de ses bracelets par des acrobaties et sans recourir à ses mains, a réveillé quelque chose en moi. C'est ainsi que j''ai commencé à m'habiller en me servant des poignées de porte », confie-t-il.

- « J'ai travaillé davantage pour devenir un modèle pour les handicapés »

Le peintre indique, que les cours de dessins, au lycée, ont contribué à améliorer ses dessins.

« C'est en dessinant, à maintes reprises, ce vase, que le professeur de dessin nous demandait de peindre pendant les cours, que j'ai découvert les ombres et les détails. J'ai appris à peindre plus rapidement » dit-il.

Diplômé de la faculté des Beaux-Arts de l'Université Atilim de Ankara, Akgün précise qu'il s'est efforcé à mieux contrôler son pinceau pour mieux peindre et montrer, ainsi, à ses semblables qu’un handicap est loin d'être un obstacle.

- « J'ai oublié mes tristesses grâce aux films Yesilçam »

C'est en regardant les films Yesilçam, que j'ai grandi, fait savoir le peintre, qui commence à peindre les portraits des acteurs de l'âge d'or du cinéma turc.

Il explique, une pointe d’excitation dans la voix, qu'il visionnait ces films lors des vingt-sept heures de trajet en direction de Igdir (Ouest, Turquie) où vit sa famille.

« Au cours du voyage, je regardais les films du défunt acteur Kemal Sunal car ils me faisaient oublier les tristesses de mon enfance dues à la séparation avec ma famille. De temps à autres, lorsque, quelques amis et moi nous prenions la fuite de l'orphelinat, pour nous retrouver face à un café de rue, à regarder un film de Kemal Sunal, oubliant la faim, la soif et le froid. C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité réaliser les portraits des acteurs de Yesilçam ».

- L'ouverture de l'exposition « Les Couleurs de Yesilçam »

C'est à l'occasion de la « Journée Internationale des Personnes Handicapées », que s’est ouvert le 3 décembre dernier dans l'espace d'exposition du métro de Kizilay (Ankara) « Les Couleurs de Yesilçam », composés des portraits des différents acteurs de Yesilçam.

A cette occasion, les portraits de trente-quatre acteurs, vingt-cinq actrices et un enfant acteur ont été exposés, a fait savoir le peintre qui souligne que l'exposition est le fruit d'une année de labeur.

Il précise, en outre, qu'il a peint ces portraits en mettant en pause les scènes, vives d'émotions, des films de ces acteurs.

- « Les handicapés doivent croire en eux »

« Les handicapés contribueront à eux-mêmes et à la société seulement s'ils persévèrent face aux difficultés. De nos jours, il y a de nombreuses personnes handicapées, situés à de très importants niveaux » partage Akgün qui ajoute que les handicapés « doivent poursuivre leur travail convaincu par l'idée qu'ils réussiront, et ce, quand bien même, les autres n'y croiront pas ».



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