Liban: Samira roule pour la mécanique et défie les hommes
Mécanicienne moto depuis près de 40 ans, la quinquagénaire veut balayer tous les préjugés sur les métiers réservés aux hommes.

AA / Beirut / Jad Yatim
Pour Samira, la fête du travail célébrée chaque1er mai est l’occasion de prouver qu’aucun métier n’est exclusivement réservé aux hommes, et de balayer tous les préjugés ancrés dans les sociétés orientales mais aussi occidentales.
Portant fièrement son bleu de travail, Samira Kanaan, 59 ans, est la reine de la mécanique moto à Beyrouth; son royaume, c’est son garage situé dans un quartier populaire de la capitale libanaise.
Samira répare depuis 38 ans toutes sortes de motos mais aussi de moteurs électriques et même ceux des bateaux, un métier appris de son mari, également mécanicien de son état.
Absorbée par son travail et très sollicitée par les clients, Samira examine l’engin à réparer, le remet en état et s’assure personnellement qu’il fonctionne en le conduisant elle-même.
La mécanique est pour elle une passion, mais elle exerce aussi le chariotage dans lequel elle est passée maitre depuis fort longtemps. «Je dépasse de loin les hommes dans ce métier», affirme-t-elle, arborant un sourire fier et satisfait.
«J’aime que la femme soit plus influente que l’homme. Je veux prouver à la société que la femme est supérieure à l’homme non seulement dans les tâches ménagères et la résistance physique, mais également dans le raisonnement et la pensée. La femme réfléchit calmement, et c’est ce qui la rend supérieure», soutient-elle.
Malgré l’engouement pour son métier, Samira porte quand même le poids de l’âge et des années de travail éprouvant.
Cheveux longs attachés et manches retroussées, elle confie : «Au début, les clients ne voulaient pas me confier leurs motos parce que j’étais une femme. Ils étaient persuadés que je ne pouvais pas les réparer, que je n’en avais pas la compétence», reconnait-elle.
Avec l’aide de son mari, elle a pu petit à petit gagner la confiance des clients. «Mon mari réceptionnait les motos en panne, c’est moi qui les réparait et au moment de les remettre aux propriétaires, il leur expliquait que c’est moi qui avait fait le travail. Ils n’en revenaient pas à chaque fois, et ont fini par me préférer à mon mari », s’exclame-t-elle.
La quinquagénaire se plaint cependant du manque de travail et de la concurrence exercée par la main d’œuvre étrangère "qui se contente de salaires beaucoup plus bas".
« Avec mon mari, nous sommes obligés de travailler durement pour gagner tout juste de quoi assurer le pain quotidien à notre famille, le travail manque cruellement au Liban de nos jours », déplore-t-elle.
«La fête du travail n’est plus ce qu’elle était », regrette Samira.
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