France : réactions à la proposition de loi de Wauquiez sur le voile des mineures
- Laurent Wauquiez accusé d’alimenter la haine contre les musulmans et de détourner l’attention des véritables urgences
Istanbul
AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc
Les réactions se sont multipliées mardi dans la classe politique après le dépôt, lundi à l’Assemblée nationale, d’une proposition de loi de Laurent Wauquiez visant à interdire le port du voile par les mineures dans l’espace public et à sanctionner les parents qui « contraignent ou autorisent » leurs filles à le porter.
S’exprimant sur cette initiative, Laurent Wauquiez a déclaré sur CNews,la chaîne de télévision française d’information en continu : « Ce qui est en train de se développer petit à petit dans notre pays, c'est effectivement le port du voile pour des enfants, pour des jeunes filles. Moi, j'ai été très choqué, c'est pour ça que j'ai voulu qu'on réagisse par le sondage de l'IFOP de la semaine dernière, qui montre très clairement le travail de l'islamisme sur les adolescentes et y compris globalement à l'intérieur de notre société. »
Il a ajouté : « En France, des enfants, des jeunes filles ne doivent pas porter le voile. Et si on ne fait rien, c'est ce qui va arriver. Donc je souhaite qu'on puisse réagir. » L’objectif, selon lui, est que la proposition de loi « soit inscrite au débat de l'Assemblée nationale en janvier » afin de « fixer une règle très claire : interdiction du port du voile pour les mineurs dans l'espace public en France. Ce n'est pas notre mode de vie, ce n'est pas notre pays, donc on réagit ».
Le député du Rhône, Abdelkader Lahmar, du Nouveau Front Populaire, a vivement critiqué le texte, qu’il juge « obsédé par les jeunes filles musulmanes ». « Après le fiasco de sa commission d’enquête sur ‘les liens entre les représentants politiques et l'islamisme’, Laurent Wauquiez s’est trouvé un nouveau combat : traquer les jeunes filles voilées dans la rue », a-t-il dénoncé dans un message publié sur la plateforme social de la société X basée aux États-Unis. Il accuse le président du groupe Droite républicaine de vouloir « importer en France un système à l'iranienne, une police des mœurs chargée de contrôler l’habillement des femmes », ajoutant : « Quand les extrêmes se regardent, ils finissent toujours par se ressembler. »
Abdelkader Lahmar a également affirmé qu’« aucun pays au monde n'interdit le voile dans l’espace public » et que Wauquiez « ne pense aux droits des femmes que lorsqu’il s’agit de s’attaquer aux musulmanes ». Il a rappelé que « chaque jour, trois femmes meurent ou survivent à une tentative de féminicide » en France, jugeant « incompréhensible » que l’urgence nationale soit « de pourchasser des adolescentes voilées ». « Aujourd'hui, plus que jamais, attiser la haine contre les musulmans est devenu une arme politique, un outil populiste digne des pires heures de notre histoire », a-t-il ajouté.
De son côté, le député LFI Thomas Portes a qualifié la proposition de loi de « texte islamophobe visant une fois de plus à stigmatiser les musulmans ». « Alors qu’entre janvier et mai 2025 les actes anti-musulmans ont augmenté de plus de 75 %, on choisit d’alimenter encore davantage la haine », a-t-il déclaré sur la plateforme sociale X. L’élu a également rappelé le meurtre d’Aboubakar Cissé dans la mosquée de La Grand-Combe, le 25 avril 2025, pour souligner que « cette islamophobie décomplexée tue dans notre pays ».
En réponse, Laurent Wauquiez a rejeté ces accusations : « Ils prétendent défendre les jeunes filles, ils prétendent défendre les femmes, ils prétendent lutter pour le féminisme et ils les livrent sans vergogne à ce qui est aujourd'hui la première menace pour la place des femmes dans notre société, c'est-à-dire l'islamisme. […] Je n'ai pas l'intention de prendre la moindre leçon en la matière de protection des jeunes filles par une France insoumise qui a trahi toutes les valeurs de la République. »
Lundi, Laurent Wauquiez a déposé une proposition de loi prévoyant des sanctions contre les parents qui « contraignent ou autorisent » leur fille mineure à dissimuler leur chevelure, avec une amende forfaitaire de 35 euros. Le texte entend compléter la loi du 11 octobre 2010 sur la dissimulation du visage dans l’espace public et s’appuie sur le rapport du ministère de l’Intérieur « Frères musulmans et islamisme politique en France » ainsi que sur une enquête IFOP consacrée aux pratiques religieuses des jeunes musulmanes. À ce stade, la proposition n’a pas été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale.
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