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Comptoirs phéniciens/ Bateaux en bois : Et le dernier de la Cité s'en va...

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 14.04.2017 - Mıse À Jour : 15.04.2017
Comptoirs phéniciens/ Bateaux en bois : Et le dernier de la Cité s'en va...

Beyrut

AA / Tyr (Liban) / Rabii Damj

Il se pourrait que 2017 soit la dernière année de la carrière professionnelle de la famille Barbour, réputée pendant deux siècles dans la construction des bâtiments et des barques en bois dans la ville de Tyr dans le Sud du Liban sur la Mer méditerranée.

Georges Barbour (61 ans) confie à Anadolu qu’il demeure le seul et le dernier de sa famille et au Liban qui exerce cette profession et lutte jusqu'au dernier souffle pour sauvegarder, autant que possible, ce glorieux patrimoine familial mais aussi un héritage national.

A la suite du départ de son frère vers d’autres métiers plus lucratifs, Georges, en compagnie de quelques ouvriers, se démène pour achever la construction d’un bateau long de neuf mètres, large de trois mètres et dont les frais sont de l’ordre de 40000 Dollars.

Georges et ses frères ont hérité ce métier de leur père Elie Barbour, âgé aujourd'hui de 86 ans, qui l’a abandonné à la fin de 2014, en raison de son âge avancé, et après avoir procédé à la construction de la plupart des bateaux de pêche à Tyr, et de certains autres bâtiments à la ville côtière de Byblos, Tripoli dans le nord et à la capitale Beyrouth.

Parmi les plus importantes œuvres de Barbour-père demeure la construction d’un navire phénicien énorme répondant aux références de l’époque et qui a participé à une exposition mondiale au Portugal en 2003 où il a été classé à la 3éme place parmi les dizaines de participations. Elie Barbour a procédé également à la construction d’un bâtiment de trente mètres qui a été présenté au festival de Carthage en Tunisie en 2007.

Elie Barbour avait construit en 1970, le premier bateau rapide libanais, long de 25 mètres et large de 5 mètres qu’il a appelé "Elyssa", en hommage à la reine de Carthage dont les origines remontent aux Phéniciens du Liban (Tyr). Ce bâtiment est toujours attaché au port de Jounieh, à l’Est de Beyrouth comme c’est le cas des autres navires existant dans les ports des villes méditerranéennes.

Selon Georges Barbour, le métier de construction de ces navires se perd aujourd'hui en raison de la diminution du poisson dans la mer libanaise due notamment à l’utilisation des explosifs pour la pêche.

Comme il l’a hérité de son père et de ses ancêtres, Georges utilise le bois de certains arbres qu’il couvre par l’huile de pétrole en six couches, une fois par semestre afin de le protéger de la corrosion. Il indique cependant que depuis 2015 ce métier est en perdition et c’est à peine qu’il arrive à construire deux bateaux par an.

Sa dernière production est celle d’un navire, long de 14 mètres et large de 9 mètres, destiné à être utilisé par un citoyen de Tyr comme un restaurant flottant à bord duquel seraient organisées des croisières ou des soirées et des fêtes, notamment pendant la saison estivale.

Il s’agirait là du premier projet dans ce domaine au Liban. Le Chef Georges, comme se plaisent à l’appeler ses ouvriers, sera le dernier héritier de la famille des constructeurs de bateaux dans la mesure où ses enfants ont délibérément choisi d’autres carrières loin des embarcations dont l’avenir sera critique. Ainsiة le nom Barbour restera dans la mémoire collective du Liban et des métiers disparus.

Il est à signaler que la construction des navires dans les villes côtières du Liban -notamment à Tyr et à Byblos- remontent à l’ère des Phéniciens qui avaient été les premiers à braver les flots avec leurs embarcations, allant au-delà des mers et emportant avec eux leur alphabet, leurs sciences ainsi que leurs métiers et leurs arts à travers le monde.

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