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Tensions autour de Taïwan : Pékin va suspendre ses importations de produits de la mer japonais

- Les tensions diplomatiques entre Pékin et Tokyo s’intensifient après les propos de la Première ministre Sanae Takaichi sur Taïwan

Berk Kutay Gökmen  | 19.11.2025 - Mıse À Jour : 19.11.2025
Tensions autour de Taïwan : Pékin va suspendre ses importations de produits de la mer japonais

Istanbul

AA / Islamabad et Istanbul / Berk Kutay Gokmen

La Chine a annoncé mercredi qu’elle suspendait les importations de produits de la mer en provenance du Japon, dans un contexte de tensions diplomatiques déclenchées par les déclarations de la Première ministre japonaise sur Taïwan, qui ont provoqué une réaction violente à Pékin.

« Le Japon avait auparavant promis de garantir la responsabilité des produits aquatiques envers la Chine », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, lors d’une conférence de presse à Pékin.

« C’est la condition préalable à l’exportation des produits aquatiques japonais vers la Chine, mais le Japon ne respecte pas actuellement son obligation de supervision et ne fournit pas les documents de base », a ajouté Mao.

Cette suspension intervient après que Takaichi a déclaré, le 7 novembre, que toute action militaire chinoise contre Taïwan pourrait constituer une « situation menaçant la survie », permettant au Japon d’« exercer son droit à la légitime défense collective ». Pékin a dénoncé cette déclaration et exhorté Tokyo à la retirer.

« Je tiens à souligner que les propos récents de la Première ministre japonaise ont déclenché l’indignation du peuple chinois. Actuellement, même si les produits sont exportés vers la Chine, il n’y aura pas de marché », a poursuivi Mao.

Elle a appelé Tokyo à revenir sur les « propos erronés » de Takaichi et à prendre des « mesures concrètes pour protéger les fondements politiques des relations bilatérales ».

« Si le Japon refuse de retirer ces propos, la Chine prendra de sérieuses contre-mesures et toutes les conséquences incomberont au Japon », a-t-elle averti.

Mercredi matin, l’agence Kyodo News, basée à Tokyo, a rapporté que la Chine avait informé le Japon de sa décision de suspendre les importations de produits de la mer japonais, citant des sources gouvernementales.

Cette décision de Pékin survient quelques jours seulement après que le ministre japonais de l’Agriculture, Norikazu Suzuki, ait déclaré que le Japon avait repris ses exportations de produits de la mer vers la Chine pour la première fois depuis l’interdiction générale imposée par Pékin en 2023 à la suite du rejet d’eaux usées traitées de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.

Avertissement aux voyageurs

La Chine a déconseillé à ses citoyens de se rendre au Japon, tandis que le porte-parole du gouvernement japonais, Minoru Kihara, a souligné mardi que Tokyo restait « ouvert à tout type de dialogue » avec Pékin.

Des milliers de voyageurs chinois ont annulé leurs projets de visite au Japon dans ce contexte de tensions, tandis que Pékin a également suspendu la diffusion de films japonais en Chine.

Après les propos de Takaichi, le consul général chinois à Osaka, Xue Jian, avait écrit sur le réseau social américain X qu’il « couperait un cou sale sans aucune hésitation », provoquant une protestation de Tokyo.

Le Japon a dépêché son principal diplomate pour les affaires asiatiques, Masaaki Kanai, à Pékin et, lors des discussions mardi, a rejeté les motifs de l’alerte aux voyageurs émise par la Chine, affirmant que la situation de sécurité publique au Japon « ne se détériore pas ».

Il a également présenté une protestation concernant les commentaires de Xue sur les réseaux sociaux, qui ont depuis été supprimés.

Par ailleurs, l’ambassade du Japon à Pékin a appelé les ressortissants japonais en Chine « à prendre toutes les mesures pour assurer leur sécurité… compte tenu de la situation, y compris les informations publiées par les médias locaux sur les relations bilatérales récentes ».

Le porte-parole du gouvernement japonais, Minoru Kihara, a réaffirmé que Tokyo continue de respecter le communiqué conjoint de 1972, par lequel le Japon a reconnu la Chine et a déclaré qu’il « comprend et respecte pleinement » la position de Pékin selon laquelle Taïwan est une « partie inaliénable » de son territoire.

Le Japon totalement inapte au Conseil de sécurité

S’exprimant lors de la plénière de l’Assemblée générale de l’ONU sur la réforme du Conseil de sécurité, l’ambassadeur chinois Fu Cong a déclaré que le Japon « est totalement inapte » à briguer un siège permanent au Conseil de sécurité.

Les propos de Takaichi sur Taïwan « sont extrêmement erronés et dangereux », a indiqué Fu, selon le compte rendu officiel de sa déclaration.

« Ils constituent une atteinte à la justice internationale, portent atteinte à l’ordre international d’après-guerre, piétinent les normes fondamentales des relations internationales et représentent un écart manifeste par rapport à l’engagement du Japon en faveur du développement pacifique. Un tel pays est totalement inapte à briguer un siège permanent au Conseil de sécurité », a affirmé le principal diplomate chinois à l’ONU.

*Traduit de l'anglais par Ben Amed Azize Zougmore

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