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La France condamne à 30 ansde prison l’ex-chef rebelle congolais Roger Lumbala

Il a été reconnu coupable de complicité de crimes contre l’humanité commis dans l’est de la République démocratique du Congo au début des années 2000.

Pascal Mulegwa  | 16.12.2025 - Mıse À Jour : 16.12.2025
La France condamne à 30 ansde prison l’ex-chef rebelle congolais Roger Lumbala

Provence-Alpes-Cote d Azur

AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa


L’ancien chef rebelle congolais Roger Lumbala a été condamné lundi à Paris à trente ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l’humanité commis dans l’est de la République démocratique du Congo au début des années 2000.

La décision a été qualifiée d’« historique » par les organisations de défense des droits humains.

Âgé de 67 ans, l’ex-dirigeant du Rassemblement des Congolais démocrates–National (RCD-N) a été reconnu coupable par la cour d’assises de Paris d’avoir, par aide ou assistance, facilité des crimes commis par ses troupes lors de l’offensive dite « Effacer le tableau » en 2002-2003 dans le nord-est de la RDC.

Le parquet national antiterroriste avait requis la réclusion criminelle à perpétuité.

Lors de l’audience suivi en ligne par l’agence Anadolu, le président de la cour a énuméré la responsabilité de Roger Lumbala dans des faits de viols constitutifs de torture, de réduction en esclavage, de travail forcé et d’entente criminelle. La cour a retenu l’existence d’au moins une trentaine de victimes identifiées.

L’accusé, resté debout et silencieux à l’énoncé du verdict, dispose de dix jours pour faire appel.

Détenu en France depuis janvier 2021, Roger Lumbala avait refusé d’assister à l’essentiel de son procès, dénonçant la légitimité de la justice française. Il est toutefois revenu écouter le verdict, accompagné de son avocat commis d’office, présent pour la première fois à l’audience.

Les ONG parties civiles dont TRIAL INTERNATIONAL ont salué dans un communiqué une décision « sans précédent », estimant qu’elle « met fin à des décennies d’impunité » pour les crimes commis lors des conflits qui ravagent l’est de la RDC depuis plus de trente ans.

Les magistrats français décrivent M. Lumbala comme un chef politico-militaire exerçant une autorité effective sur ses troupes.

L’intéressé a quant à lui contesté, se définissant comme un acteur politique sans commandement militaire direct, malgré les témoignages et documents produits par l’accusation.

Le parcours de M. Lumbala, ancien député et sénateur d’opposition, ministre éphémère au début des années 2000, reste étroitement lié à la deuxième guerre du Congo, conflit qui a ravagé l’est de la RDC entre 1998 et 2003.

À cette période, il dirige le Rassemblement des Congolais démocrates-National (RCD-N), une rébellion fondée en 1998 et implantée dans le nord-est du pays.

Le mouvement s’inscrit dans la nébuleuse de groupes armés qui se disputent alors territoires, ressources naturelles et légitimité politique, avec l’appui de puissances régionales, notamment l’Ouganda et le Rwanda.

Allié de Kampala, à l’image du Mouvement de libération du Congo de Jean-Pierre Bemba, le RCD-N lance à l’été 2002 une offensive contre les forces pro-gouvernementales.

Selon les Nations unies, cette campagne est marquée par de graves exactions contre les civils en Ituri et dans le Haut-Uélé. L’opération dite « effacer le tableau » est décrite par l’accusation comme un déchaînement de violences et de pillages d’une brutalité extrême.

Plus de 20 ans plus tard, le contexte de commission des crimes n’a pas changé dans l’Est de la RDC.

Des combats se poursuivent notamment entre les rebelles du M23/AFC, soutenu par Kigali, et l’armée congolaise appuyée par des forces burundaises et des milices locales.

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