Gaz en Méditerranée : Israël annonce un accord de 35 milliards de dollars avec l’Égypte, Le Caire dépolitise
- Accord présenté par Tel-Aviv comme le plus important de son histoire, tandis que Le Caire insiste sur le caractère strictement commercial du contrat, en pleine guerre à Gaza
Istanbul
AA / Istanbul / Mariem Njeh
Le Caire a affirmé jeudi que l’accord gazier annoncé la veille par Israël avec l’Égypte est une transaction strictement commerciale, en pleine guerre à Gaza.
- Implications économiques pour Israël
Le Premier ministre d'Israël Benjamin Netanyahu, accompagné de son ministre de l'Énergie Eli Cohen, a annoncé, mercredi, avoir donné son feu vert à l'exportation de gaz naturel du champ offshore Léviathan vers l'Égypte. « C'est la plus grande transaction gazière de l'histoire d'Israël », s'est félicité le dirigeant israélien.
Selon les chiffres avancés par le gouvernement israélien, cet accord est évalué à environ 35 milliards de dollars. Il prévoit l'exportation de 130 milliards de mètres cubes de gaz jusqu'en 2040. Pour Tel-Aviv, les retombées sont importantes : près de 18 milliards de dollars devraient atterrir directement dans les caisses de l'État sous forme de taxes et redevances, selon le ministère israélien de l'Énergie.
Le consortium exploitant le gisement Léviathan, mené par le géant américain Chevron et ses partenaires israéliens (NewMed Energy, Ratio), fournira ce gaz à des entités en Égypte (notamment Blue Ocean Energy), renforçant la position du Caire comme hub régional de liquéfaction, selon le journal israélien Israel Hayom.
- Réaction officielle de l’Égypte
Cette annonce intervient dans un contexte de fortes tensions diplomatiques. Les relations entre Le Caire et Tel-Aviv sont tendues depuis le début de l'offensive israélienne sur Gaza en octobre 2023. L'opinion publique égyptienne, très mobilisée pour la cause palestinienne, voit souvent d'un mauvais œil la coopération économique avec Israël.
Selon un communiqué officiel publié jeudi, le chef de l'Organisme général de l'information (SIS) en Égypte, Diaa Rashwan, a affirmé que l'accord en question est une « transaction commerciale pure », conclue « selon les règles du marché international ».
D'après le responsable égyptien, ce contrat « ne comporte aucune dimension ou entente politique ». Rashwan a insisté sur le fait que ces accords sont signés par des « entreprises commerciales internationales », dont l'américain Chevron, sans « intervention gouvernementale directe ». Soucieux de dissocier l'économie de la diplomatie, Rashwan a souligné, selon le texte du communiqué, que « la position de l'Égypte sur la cause palestinienne est constante et ne changera jamais », réitérant le rejet du déplacement forcé des Gazaouis.
- Contexte diplomatique et rôle des États-Unis
Les médias israéliens ont par ailleurs dévoilé des éléments de contexte de ce revirement, alors que le dossier était bloqué depuis des mois. Selon les informations des quotidiens Haaretz et Maariv, Benjamin Netanyahu avait gelé la signature en arguant de « violations » supposées de l'accord de paix par l'Égypte dans le Sinaï, des accusations fermement rejetées par Le Caire.
Le feu vert final serait intervenu sous la pression de Washington. D'après Haaretz, l'administration américaine a poussé pour cet accord dans l'espoir de faciliter une rencontre au sommet entre Netanyahu et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Enfin, selon une analyse du journal économique Globes, cet accord permettra de tripler les exportations de gaz vers l'Égypte, tandis que Yedioth Ahronoth estime qu'il consolidera le statut d'Israël comme « fournisseur régional d'énergie », créant une interdépendance accrue avec ses voisins arabes.
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