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France / Hommage national à Brigitte Bardot : un sujet qui ravive les fractures politiques françaises

- Le député UDR des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, a réclamé lundi un hommage national pour Brigitte Bardot, morte à 91 ans. Olivier Faure s’y oppose, rappelant les condamnations de l’ex-actrice pour propos racistes

Ben Amed Azize Zougmore  | 29.12.2025 - Mıse À Jour : 29.12.2025
France / Hommage national à Brigitte Bardot : un sujet qui ravive les fractures politiques françaises

Istanbul

AA / Istanbul / Ben Amed Azzie Zougmore

La disparition de Brigitte Bardot, dimanche, à l’âge de 91 ans, a immédiatement suscité un débat politique sur l’opportunité d’un hommage national en France. Tandis que certains responsables appellent à célébrer « une icône française », d’autres rejettent l’idée, invoquant les controverses ayant marqué la fin de sa vie publique.

À droite, Éric Ciotti, président de l’Union des droites et allié du Rassemblement national, a exigé du chef de l’État, Emmanuel Macron, l’organisation d’une cérémonie d’État. « La France a le devoir d’honorer sa Marianne », écrit-il sur la plateforme sociale américaine X. L’ancien patron des Républicains a également lancé une pétition en ligne, qui aurait recueilli plusieurs milliers de signatures quelques heures après sa mise en ligne. Ce positionnement s’inscrit dans une stratégie de réappropriation des symboles nationaux, régulièrement mobilisés par l’opposition conservatrice.

La gauche, elle, s’y oppose fermement. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, rappelle que les hommages nationaux sont destinés à des personnalités ayant rendu « des services exceptionnels » à la nation. Reconnaissant tout de même qu’elle « a marqué le cinéma Français », Olivier Faure juge incompatible cette tradition républicaine avec le passé judiciaire de Brigitte Bardot. « (…) elle a aussi tourné le dos aux valeurs républicaines et été multi-condamnée par la justice pour racisme », répond-il sur la même plateforme à Éric Ciotti.

Pour d’autres élus, comme le député socialiste Philippe Brun, la position est plus nuancée : si l’hommage était décidé par l’exécutif, ils « ne s’y opposeraient pas ».

Pour l’heure, l’Élysée n’a fait aucune déclaration relative à la polémique. « Nous pleurons une légende du siècle », a écrit cependant Emmanuel Macron, dimanche, à la suite de l’annonce du décès de Brigitte Bardot.

Au cœur de la controverse se cristallise l’héritage ambivalent d’une figure longtemps présentée comme symbole international du cinéma français et de la cause animale, mais dont les prises de position politiques ont suscité de vives critiques.

Brigitte Bardot s’était notamment illustrée par ses discours discriminatoires, sa sympathie pour l’extrême droite mais également pour ses prises de position sur l’islam, l’immigration et les musulmans. Depuis 1997, Bardot a été condamnée à au moins cinq reprises pour incitation à la haine raciale, en raison de propos visant explicitement les personnes musulmanes ou l’immigration, selon les jugements rendus par les tribunaux français.

Dans une lettre adressée en 2006 à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, elle se disait notamment « écœurée d’être menée par […] toute cette population qui nous détruit », des propos jugés discriminatoires et ayant entraîné une condamnation. En 2001, elle évoquait déjà une France « envahie […] par une surpopulation d’étrangers, surtout de musulmans », une déclaration qui lui avait valu d’être reconnue coupable d’incitation à la haine. Ces prises de position ont suscité l’indignation d’associations antiracistes, qui y voyaient une contribution à un climat hostile envers les citoyens de confession ou de culture musulmane.

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