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Amnesty International accuse Israël de poursuivre un génocide à Gaza malgré le cessez-le-feu

- L'ONG s’inquiète en outre d’un relâchement de la pression internationale, pointant notamment la reprise des exportations d’armes allemandes à Israël et l’abandon d’un vote européen sur la suspension de l’accord commercial UE-Israël.

Ümit Dönmez  | 27.11.2025 - Mıse À Jour : 27.11.2025
Amnesty International accuse Israël de poursuivre un génocide à Gaza malgré le cessez-le-feu

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez


Israël continue de commettre des actes relevant du génocide dans la bande de Gaza, malgré le cessez-le-feu annoncé le 9 octobre dernier, selon un rapport publié ce 27 novembre par Amnesty International.

Par voie de communiqué, l’organisation de défense des droits humains affirme que les attaques israéliennes ont certes diminué en intensité et que l’entrée d’une aide humanitaire limitée a été autorisée, mais que cela ne saurait masquer la réalité : « le génocide perpétré par Israël n’a pas pris fin », a déclaré sa secrétaire générale Agnès Callamard.

Dans son analyse juridique actualisée, Amnesty affirme qu'Israël continue de violer la Convention sur le génocide par des actes délibérés de destruction à l’encontre des Palestiniens de Gaza : homicides de masse, atteintes physiques et mentales graves, et conditions de vie insoutenables censées provoquer leur disparition physique. Le document cite également les témoignages de personnels médicaux et humanitaires sur place, évoquant des souffrances persistantes malgré la trêve.

Depuis le cessez-le-feu, au moins 327 personnes, dont 136 enfants, ont été tuées lors d’attaques israéliennes, selon Amnesty. L’organisation accuse Israël de continuer à restreindre l’accès aux fournitures de première nécessité – nourriture, carburant, matériel médical – et d’ignorer délibérément les décisions contraignantes de la Cour internationale de justice (CIJ), qui avait estimé en janvier 2024 que les droits des Palestiniens à Gaza étaient « vraisemblablement menacés » au regard de la Convention sur le génocide.

L’organisation dénonce également la poursuite des déplacements forcés de population, la destruction des terres agricoles, la privation d’accès à la mer et le maintien de conditions de vie létales. « Rien n’indique que les intentions d’Israël aient changé », insiste Amnesty, qui parle d’un territoire désormais dominé à plus de 50 % par l’armée israélienne, dans lequel les Palestiniens sont relégués dans les zones les plus pauvres et les moins viables.

Selon les données du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires, les Gazaouis survivent difficilement avec deux repas par jour, mais restent privés d’aliments nutritifs, tandis que les produits de base comme les œufs ou la viande sont quasiment inaccessibles. Par ailleurs, l'accès à l'aide reste entravé, les infrastructures ne sont pas réparées, et des risques sanitaires graves menacent en raison des eaux usées, des munitions non explosées et des débris contaminés.

Le communiqué fustige également l'inaction judiciaire : « Les autorités israéliennes n’ont mené aucune enquête, ni engagé de poursuites contre les personnes suspectées d’actes de génocide », affirme Agnès Callamard, qui rappelle que « les hauts responsables israéliens qui ont orchestré le génocide sont toujours en place ».

Amnesty International s’inquiète en outre d’un relâchement de la pression internationale, pointant notamment la reprise des exportations d’armes allemandes à Israël à partir du 24 novembre, ou encore l’abandon d’un vote européen sur la suspension de l’accord commercial UE-Israël.

« Ce n’est pas le moment d’alléger les pressions », avertit Callamard, qui en appelle à une suspension totale des transferts d’armes vers Israël et à un accès sans entrave des journalistes et observateurs des droits humains à Gaza.

La secrétaire générale d’Amnesty conclut en appelant à « ne pas se laisser abuser par le cessez-le-feu » qui, selon elle, masque la poursuite d’un génocide actif, aux conséquences déjà tragiques et qui pourraient s’aggraver sans action urgente de la communauté internationale.

Pour rappel, les attaques israéliennes sur la bande de Gaza ont tué près de 70.000 personnes, des enfants et des femmes pour la majorité d'entre elles. Malgré le cessez-le-feu instauré le mois dernier, ces frappes, les bombardements, les sièges, les restrictions d’accès à l’aide humanitaire, la famine et l’effondrement des services de base se poursuivent régulièrement, maintenant des conditions de vie insoutenables pour la population de Gaza.

Sur le plan juridique, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné en janvier 2024 des mesures provisoires, estimant que les droits des Palestiniens risquaient d’être violés au regard de la Convention sur le génocide. Elle a notamment demandé à Israël de s’abstenir de tout acte pouvant relever d’un génocide. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et l'ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, les accusant de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, notamment d'utiliser la famine comme arme de guerre.


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