Politique, Journal de l'Islamophobie

"Rapport Islamophobie en Europe - 2020": Macron en couverture, symbole de l'islamophobie institutionnalisée

- Selon les auteurs du rapport, seuls 17% des actes antimusulmans et islamophobes sont répertoriés en Europe.

Handan Kazancı  | 30.12.2021 - Mıse À Jour : 09.01.2022
"Rapport Islamophobie en Europe - 2020": Macron en couverture, symbole de l'islamophobie institutionnalisée

Istanbul

AA / Istanbul

L'islamophobie en Europe "s'est aggravée, voire a atteint un point de basculement", selon un nouveau rapport publié mercredi.

Le rapport de 886 pages intitulé "Rapport Islamophobie en Europe 2020" a été co-édité par Enes Bayrakli, professeur de relations internationales à l'Université turco-allemande d'Istanbul, et Farid Hafez, politologue de la Bridge Initiative de l'Université de Georgetown.

"En regardant les six dernières années, de nombreux observateurs conviendront à l'unanimité que l'état de l'islamophobie en Europe ne s'est pas amélioré mais s'est aggravé, voire atteint un point de bascule", peut-on lire dans le rapport annuel publié depuis 2015.

Les rédacteurs ont déclaré que c'était l'une des raisons pour lesquelles ils avaient choisi l'image d'un homme politique pour la couverture de l'édition de cette année, celle du président français Emmanuel Macron, un homme politique qui, selon eux, "est largement considéré comme représentant un centriste et un courant politique dominant."

"Ce fait même est une nouvelle révélation que le centre est devenu plus extrême par rapport à l'islamophobie. Les musulmans français et autrichiens ont été laissés aux mains d'une violence d'État brutale qui a été légitimée au nom des lois antiterroristes", ont-ils affirmé.

La fermeture du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), ont-ils déclaré, est un exemple de "à quel point l'islamophobie d'État s'est développée".

Une table ronde en ligne intitulée "L'islamophobie et l'attaque contre les libertés civiles en Europe" a été organisée mercredi pour marquer le lancement du rapport.

La discussion a été modérée par Bayrakli, assisté par Hafez, ainsi qu'Amani Hassani de l'Université Keele basée au Royaume-Uni, et Amina Smits de l'Université du 29 Mai d'Istanbul.

Bayrakli a fait écho au rapport en expliquant que Macron apparaît sur la couverture du rapport en raison de sa politique. Il faisait référence à une loi anti-séparatisme en France, qui, selon le gouvernement, vise à renforcer le système laïc français, tandis que les critiques estiment qu'elle restreint la liberté religieuse et marginalise les musulmans.

La législation a été critiquée pour avoir ciblé la communauté musulmane de France, la plus grande d'Europe, avec 3,35 millions de membres, et imposé des restrictions sur de nombreux aspects de la vie de ses membres.

- Nouvelle ère d'"islamophobie institutionnalisée"

Hafez, pour sa part, a parlé de l'islamophobie en France, en Allemagne et en Autriche.

"L'Allemagne a documenté globalement plus de 31 000 cas de crimes haineux, dont 901 crimes haineux antimusulmans", a-t-il déclaré, ajoutant que la France n'avait enregistré en même temps que 1 142 cas au total de crimes haineux, dont 235 cas contre des musulmans.

"Ainsi, plutôt que de suggérer que les crimes de haine contre les musulmans sont plus nombreux en Allemagne qu'en France, on est plutôt enclin à se demander avec quel sérieux les autorités policières françaises documentent les crimes de haine en général", a-t-il déclaré.

De plus, selon les auteurs du rapport, seuls 17% des actes antimusulmans et islamophobes sont répertoriés en Europe.

Hafez a également mentionné la couverture du rapport, expliquant pourquoi ils ont choisi une seule personne pour cela alors que le COVID-19 a eu un impact durable en 2021.

"Parce que nous pensons qu'en 2020, il y a une nouvelle ère dans l'institutionnalisation de l'islamophobie d'État que nous pouvons observer", a-t-il déclaré.

Pour leur part, Hassani a expliqué la situation au Danemark, tandis que Smits a donné des informations sur les Pays-Bas, qu'ils ont également mentionnés dans le rapport.

Le numéro de cette année a réuni 37 universitaires, experts et militants de la société civile locaux, spécialisés dans le racisme et les droits de l'homme, ainsi que 31 rapports nationaux, et étudie en détail les dynamiques sous-jacentes qui soutiennent directement ou indirectement la montée du racisme antimusulman en Europe en 2020.

* Traduit de l'anglais par Ümit Dönmez

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