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France : un chef de bord SNCF, victime d’insultes racistes et islamophobes alors qu’il tentait de faire respecter la loi

- « Qu'est-ce que tu as, sale Arabe ? Rentre dans ton pays, tu manges le pain des Français, lance un pompier sans billet à Akim Mimoun. Ce dernier porte plainte mais en un an de plainte, la police n'aurait toujours pas commencé l'enquête

Ben Amed Azize Zougmore  | 28.12.2025 - Mıse À Jour : 28.12.2025
France : un chef de bord SNCF, victime d’insultes racistes et islamophobes alors qu’il tentait de faire respecter la loi

Istanbul

AA / Istanbul / Ben Amed Azize Zougmore

Akim Mimoun, chef de bord à la SNCF TGV INOUI, affirme avoir subi des propos racistes de la part d’un pompier, monté à bord sans billet.

Dans une vidéo publiée par le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe, sur la plateforme sociale Instagram, Akim raconte avoir pris la décision d’immobiliser le train et fait appel à la sécurité après qu’un groupe de sapeurs-pompiers, montés à bord, sans billet et occupant des places qui ne leur étaient pas destinées, ont refusé de descendre.

« Il y en a un parmi eux qui ne s'adresse pas à moi mais il me regarde et il dit aux policiers : “Quand il y a des Arabes et des Noirs, vous n’êtes pas aussi efficaces dans votre réactivité.” », déclare le contrôleur, affirmant avoir rappelé à l’individu qu’ils n’étaient « pas en règle ».

« Quand les forces de l’ordre sont sur place, ils font leur travail sans distinction d’origine ethnique, religieuse », a-t-il poursuivi, bénéficiant des remerciements des policiers venus faire évacuer les pompiers en infraction.

Perdant son sang-froid, un des pompiers lança au chef de bord : « qu'est-ce que tu as, sale Arabe ? Rentre dans ton pays, tu manges le pain des Français (…) »

« Bardella, bientôt, va tous vous envoyer dans votre bled », menaça-t-il.

De son côté, Akim fait savoir que ces propos étaient “passibles de poursuites pénales” et déclare “porter plainte” contre un pompier qui n’avait visiblement rien à faire de cela. “Vous croyez que la justice va croire à un Arabe ou à un Français ?”, demanda-t-il.

Comme annoncé, Akim Mimoun décide de porter plainte mais déplore le manque de soutien de sa hiérarchie. Je n’ai pas eu d’accompagnement de la part de ma hiérarchie, affirme-t-il, dans la vidéo, assurant que s’il s’agissait d’une autre origine ou d’une autre religion, les instances de la profession à laquelle il appartient « auraient réagi autrement »

« Après un an de plainte, le parquet a répondu qu’il n’avait toujours pas reçu de plainte », regrette Akim Mimoun, qui estime que les actes islamophobes sont banalisés. On a des gouvernements qui ne sont pas d'extrême droite mais qui appliquent une politique d’extrême droite. On a des médias qui diffusent de la propagande », fait-il remarquer.

« Je ne demande pas réparation (…), simplement que l’on me considère comme citoyen lambda, victime d’agression verbale par un sapeur-pompier (..) qui est censé être considéré comme un héros comme la majorité des pompiers », conclut-il.

Ce témoignage intervient dans un climat marqué par une forte recrudescence d’actes hostiles à l’encontre des personnes de confession musulmane.

Selon le ministère français de l’Intérieur, 145 actes antimusulmans ont été recensés sur les cinq premiers mois de l’année 2025, contre 83 à la même période en 2024, soit une progression de 75 %. Le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), qui recense un spectre plus large de faits islamophobes (discriminations, discours, violences), a comptabilisé 1 037 cas en 2024, contre 828 en 2023, soit une augmentation de plus de 25 %.

Le rapport 2024 de la Défenseure des droits, récemment publié, vient renforcer ce constat. Il révèle qu’un tiers des personnes se déclarant musulmanes ou perçues comme telles affirment avoir été victimes de discriminations, notamment dans l’emploi, les services publics ou l’accès au logement.

Cette proportion, en augmentation continue depuis 2016, s’accompagne d’un faible recours aux mécanismes de plainte : moins d’une victime sur quatre engage des démarches pour faire valoir ses droits.

L’institution dénonce également une mauvaise compréhension du principe de laïcité, souvent invoqué à tort pour justifier des atteintes aux libertés religieuses.

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