France : Mathilde Panot dénonce la stigmatisation croissante des citoyens musulmans
– La présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale alerte sur l’augmentation des discriminations et appelle les forces politiques à réagir.
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Mathilde Panot a exprimé une vive inquiétude ce mardi à l’Assemblée nationale, en dénonçant la stigmatisation « de plus en plus forte » des citoyens de confession musulmane en France. Lors de son point presse hebdomadaire, la présidente du groupe parlementaire La France insoumise (LFI) a pointé une dynamique discriminatoire croissante, particulièrement envers les femmes musulmanes.
« Nous sommes, nous, très inquiets de l'ambiance qui existe dans ce pays et notamment qui s'accroît encore depuis plusieurs semaines avec une stigmatisation de plus en plus forte de nos compatriotes musulmans, notamment de nos compatriotes musulmanes, qui doit absolument cesser », a-t-elle déclaré.
Évoquant les données publiées récemment par la Défenseure des droits, Panot a rappelé qu’un tiers des personnes musulmanes ou perçues comme telles disaient avoir subi des discriminations. « C’est évidemment inacceptable dans un pays comme le nôtre », a-t-elle insisté.
La députée insoumise a assuré que son groupe continuerait de défendre les victimes de toutes les formes de racisme : « Les Insoumis se tiendront toujours aux côtés de celles et ceux qui seraient pris à partie pour leur couleur de peau, leur religion, leur orientation sexuelle ou leur genre. » Avant de conclure : « Plus que jamais, les Insoumis n’auront pas à rougir devant l’histoire. Quant aux autres, nous leur disons de se mettre au niveau. »
- Données officielles
Cette déclaration intervient alors que la question des discriminations antimusulmanes prend une place grandissante dans le débat public, notamment avec la commission parlementaire sur les liens supposés entre partis politiques et « islamisme », largement contestée par les groupes de gauche.
Selon le ministère de l’Intérieur, 145 actes antimusulmans ont été recensés sur les cinq premiers mois de l’année 2025, contre 83 à la même période en 2024, soit une progression de 75 %. Le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), qui recense un spectre plus large de faits islamophobes (discriminations, discours, violences), a comptabilisé 1 037 cas en 2024, contre 828 en 2023, soit une augmentation de plus de 25 %.
Le rapport 2024 de la Défenseure des droits, récemment publié, vient renforcer ce constat. Il révèle qu’un tiers des personnes se déclarant musulmanes ou perçues comme telles affirment avoir été victimes de discriminations, notamment dans l’emploi, les services publics ou l’accès au logement.
Cette proportion, en hausse constante depuis 2016, s’accompagne d’un sous-recours important aux voies de recours : moins d’un quart des victimes déclarent avoir entamé une démarche pour faire valoir leurs droits.
L’institution dénonce également une mauvaise compréhension du principe de laïcité, souvent invoqué à tort pour justifier des atteintes aux libertés religieuses.
