France : des dizaines d’organisations et de personnalités appellent à une marche contre l’islamophobie le 11 mai
- Après l’assassinat d’Aboubakar Cissé à la mosquée de La Grand-Combe le 25 avril dernier, ces personnalités alertent sur "l’obsession contre l’Islam et l’immigration des Le Pen, Bardella, Retailleau, Valls, Darmanin à l’heure de veiller Aboubakar"

Provence-Alpes-Cote d Azur
AA / Nice / Feïza Ben Mohamed
L’assassinat d’Aboubakar Cissé, tué de 57 coups de couteau alors qu’il priait dans l’enceinte de la mosquée Khadidja de La Grand-Combe, a provoqué une onde de choc chez les musulmans, et bien au-delà.
Après l’organisation de plusieurs marches et rassemblements à travers la France, le 27 avril dernier, pour lui rendre hommage, des dizaines de personnalités et d’organisations appellent, dans une tribune publiée sur le site de Politis, à une marche contre l’islamophobie, sur tout le territoire, le dimanche 11 mai.
Parmi le signataires de cette tribune, figurent des journalistes, avocats, des imams, des sociologues, des écrivains et autres artistes qui alertent sur les conséquences des discours politiques distillés à grand renfort de médias et qui désignent sans arrêt les musulmans de France.
Cet appel est lancé alors que plusieurs éléments ont conduit ces derniers à s’interroger sur la considération portée par les autorités, aux actes et attaques islamophobes qui sont perpétrées à travers le pays.
En cause, l’absence de déplacement officiel au sein de la mosquée de La Grand-Combe, du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a attendu 48 heures pour finalement se rendre à la Préfecture d’Alès, l’absence de saisine du PNAT (Parquet National Antiterroriste), l’absence de représentation du gouvernement à la marche blanche organisée en hommage à Aboubakar Cissé, ou encore l’absence de membres de l’Exécutif au rassemblement contre l’islamophobie qui s’est tenu à Paris dans la foulée.
Alors que l’inquiétude grandissait dans les rangs des musulmans, les discours politiques se sont focalisés sur l’usage du mot "islamophobie", contesté par le ministre de l’Intérieur en personne, pour des considérations purement idéologiques.
La Tribune publiée chez Politis revient justement sur le moteur politico-médiatique qui légitime les offensives menées contre les musulmans en les désignant comme responsables de nombreux maux de la société, mais également en minimisant la gravité des passages à l’acte et des agressions, lorsqu’ils ont lieu.
Les signataires du texte soulignent que l’assassinat d’Aboubakar « n’est pas l’histoire d’un règlement de compte, ni une engueulade à la fin tragique », mais « l’histoire d’un pays où un homme décide d’en tuer un autre qu’il ne connaît pas, parce que celui-ci prie dans une mosquée. Parce qu’il est musulman ».
Et de poursuivre: « Cette décision, au fond, le tueur ne l’a pas prise tout seul. Cet assassin vit en France, où des membres des gouvernements successifs n’ont eu de cesse d’alimenter l’islamophobie et des scores à deux chiffres du Rassemblement national ».
Les auteurs de cette tribune pointent, de fait, la responsabilité des discours politiques dans le climat islamophobe qui sévit dans le pays.
« Comment ne pas penser à l’obsession contre l’islam et l’immigration des Le Pen, Bardella, Retailleau, Valls, Darmanin à l’heure de veiller Aboubakar ? », lancent les auteurs pour qui, cet assassinat « n’existe pas sans les législations qui, depuis 20 ans, stigmatisent et excluent les musulmans au nom d’une laïcité dévoyée, (…) n’existe pas sans les perquisitions de milliers de foyers musulmans menées sous l’égide d’un président dit socialiste après les attentats de 2015, (…) n’existe pas sans la loi sur le séparatisme, sans la dissolution des collectifs de luttes contre l’islamophobie ».
« Il n’existe pas sans le silence coupable et gêné d’une partie de la gauche face aux expulsions d’imams, sans l’instrumentalisation de laïcité pour s’attaquer à l’Islam, sans le pseudo « contrat d’engagement républicain ».
« Il n’existe pas sans la répression qui touche celles et ceux qui ont l’outrecuidance de s’indigner devant le génocide que subit le peuple Palestinien, qui ont la folle idée d’en nommer la cause, le colonialisme, et se retrouvent dans le viseur de l’antiterrorisme », notent également les signataires.
Plaidant pour que l’islamophobie soit au cœur « de toute politique antiraciste », sans quoi, la mort d’Aboubakar « pourrait n’être que le prologue à d’autres horreurs de masse ».
Les signataires, parmi lesquels le politologue François Burgat, l’écrivaine Faïza Guène, les avocats Raphaël Kempf, Lucie Simon et Sefen Guez Guez, ou encore l’imam Ismaïl, considèrent que « la haine des musulmans cimente les stratégies impérialistes et réactionnaires ».
Face à cet appel, plusieurs évènements sont déjà annoncés notamment à Paris, Marseille et Nice.
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