Politique, Journal de l'Islamophobie

France - Commission d'enquête : Marine Tondelier alerte sur les amalgames et les discriminations visant les musulmans

- Marine Tondelier dénonce une « panique morale autour de l’islam » et des amalgames lors de son audition, rappelant qu’« être perçu comme musulman suffit à être discriminé » et que « chacun doit être jugé pour ce qu’il fait »

Serap Doğansoy  | 02.12.2025 - Mıse À Jour : 02.12.2025
France - Commission d'enquête : Marine Tondelier alerte sur les amalgames et les discriminations visant les musulmans

Istanbul

AA / Istanbul / Serap Dogansoy

Auditionnée par la commission d’enquête sur les liens entre mouvements politiques et organisations propageant l’idéologie islamiste, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a dénoncé mardi des méthodes qui, selon elle, contribuent à installer une « atmosphère islamophobe » et à alimenter des amalgames visant des citoyens en raison de leur religion ou de leur origine. « Nous sommes plongés dans une véritable panique morale autour de l’islam », a-t-elle estimé.

Elle a rappelé que « la lutte contre le terrorisme islamiste est un enjeu crucial », en raison des attaques subies en France et des menaces persistantes contre les principes républicains, évoquant le témoignage d’une victime des attentats du 13 novembre 2015 affirmant que « le terrorisme, c’est la tranquillité impossible ».

​​​​​​​Tout en reconnaissant la nécessité de traiter ces questions, elle a estimé que « la manière dont la commission s’est créée, choisit et formule ses questions » nourrit un « climat de suspicion permanente » susceptible de « dégrader les libertés » et d’entraîner « un rétrécissement des droits » pour l’ensemble de la population.

Elle a critiqué les questions préparatoires transmises par les députés, citant une interrogation sur la compatibilité de l’islam avec les valeurs républicaines et des confusions entre « pratiques de l’islam et dérives islamistes », rappelant que le voile est permis par la laïcité. Elle a appelé à distinguer « personnes d’origine maghrébine ou subsaharienne, personnes musulmanes, islamistes et terroristes », estimant que l’absence de distinction alimente « l’injustice » et éloigne certains citoyens des « espaces de vie démocratique ». « Chacun doit être jugé pour ce qu’il fait, jamais pour ce qu’il est », a-t-elle déclaré.

Marine Tondelier a dénoncé la progression des actes islamophobes, affirmant qu’« être perçu comme musulman suffit aujourd’hui à être discriminé » et que l’islamophobie « transforme des millions de personnes en suspects permanents ». Elle s’est appuyée sur des chiffres du ministère de l’Intérieur faisant état d’une hausse de 75 % des actes islamophobes entre janvier et mai 2025 et d’un triplement des atteintes aux personnes.

Elle s’est également étonnée que « tous les partis représentés au Parlement » ne soient pas auditionnés, rappelant que la commission affirme « ne viser aucun parti en particulier ». Elle a indiqué avoir été informée de la convocation de Jean-Luc Mélenchon, auditionné samedi, et a estimé que « la cohérence aurait voulu que l’ensemble des partis soient entendus ».

La dirigeante écologiste a présenté plusieurs propositions, évoquant le renforcement des moyens des services compétents, l’adaptation de la prévention « dans les zones où les recruteurs sont les plus actifs », le développement de dispositifs de désengagement du djihadisme et le soutien accru aux élus, agents publics et associations, affirmant que les idéologies islamistes « prospèrent là où l’État recule ». Elle a également plaidé pour une coopération internationale renforcée avec « la Türkiye, la Syrie, l’Irak, le Maghreb, les Balkans et le Caucase ».

Enfin, elle a alerté sur un usage « extensible » de la notion d’« entrisme », estimant qu’elle pourrait « disqualifier tout citoyen musulman engagé dans la vie démocratique ». Affirmant ne pas être « inquiète quant à un entrisme potentiel » au sein de son mouvement, elle a dit se préoccuper surtout « des amalgames qui blessent » et d’une « menace instrumentalisée » susceptible de fragiliser « les individus, leurs organisations et les libertés collectives ».

La commission d’enquête, créée le 24 juin à l’initiative du groupe Droite républicaine, auditionne Marine Tondelier ce mardi et Jean-Luc Mélenchon samedi 6 décembre.



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