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« Les discours politiques encouragent les passages à l’acte »: à la marche contre l’islamophobie, les musulmans inquiets

- Dimanche 11 mai, partout sur le territoire français, se tenaient des marches contre l’islamophobie, en réaction à l’assassinat d’Aboubakar Cissé, tué le 25 avril dernier dans l’enceinte de la mosquée de La Grand-Combe.

Feiza Ben Mohamed  | 13.05.2025 - Mıse À Jour : 13.05.2025
« Les discours politiques encouragent les passages à l’acte »: à la marche contre l’islamophobie, les musulmans inquiets

Provence-Alpes-Cote d Azur

AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

Le mot d’ordre était clair: dire stop à l’islamophobie et rendre hommage à Aboubakar Cissé, lardé de 57 coups de couteau le 25 avril dernier alors qu’il priait à la mosquée de La Grand-Combe (Gard).

Des dizaines de manifestations et de rassemblements se sont tenus, partout en France, à l’appel de nombreuses organisations dont le Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIE) et Perpectives Musulmanes.

Si le cortège parisien parti de Bastille pour rejoindre Nation, a naturellement rassemblé des milliers de personnes en présence notamment de plusieurs députés LFI (La France Insoumise), des centaines de personnes étaient également présentes à Marseille, Lyon, Montpellier, Avignon, Toulouse, ou Nice.

Au cœur de la capitale azuréenne, les organisations, accompagnées de quelques 300 personnes, se sont données rendez-vous place de la Libération, pour se diriger vers la place Garibaldi.

Avant le départ du cortège, ces dernières ont pris la parole tour à tour, pour dénoncer l’islamophobie, mais également pour pointer la responsabilité de l’Etat.

Au micro, le Front Populaire Étudiant a en effet pointé les déclarations de certains membre du gouvernement et accuse l’Exécutif de « renchérir sur la stigmatisation des musulmans et plus particulièrement sur la tenue vestimentaire des femmes ».

« Le scandale artificiel du voile, du burkini, de l’abaya ou encore du hijab sportif créé de toutes pièces par l’extrême-droite et qui revient chaque année aux même périodes pour marteler cette haine médiatique du musulman, atteint son paroxysme dans les sorties médiatiques du ministre de l’Intérieur qui souhaite interdire le voile au sein des universités, remettant en cause les fondements mêmes de la laïcité à l’université et également de la liberté académique de nos structures d’enseignement supérieur », a déclaré le représentant du syndicat étudiant.

Après lui, Olivier Salerno, responsable de LFI dans les Alpes-Maritimes et ancien candidat aux élections législatives face à Éric Ciotti, a pris la parole pour pointer, lui aussi, les discours politiques qui alimentent l’islamophobie.

« Depuis le 11 septembre 2001, d’années en années, ils ont réussi à immiscer dans les têtes, des concepts de guerre de civilisation et de grand remplacement », a-t-il grincé, applaudi par les manifestants présents.

Et de poursuivre: « Il faut se réapproprier toutes les luttes antiracistes et ne rien attendre des autorités locales pour faire quoi que ce soit. Ils sont les diviseurs et ne permettront jamais, une quelconque concorde nationale sur ce sujet ».

Olivier Salerno appelle à ce que « le contexte raciste dans lequel on s’enfonce, rencontre une résistance populaire » et estime qu’on « le doit à Aboubakar Cissé, et à tous les gens qui regardent tout ça ébahis, la peur au ventre, et qui se disent ‘la prochaine fois c’est mon tour’ ».

« Ce crime doit être le début d’un sursaut collectif », a-t-il conclu, invitant à maintenir une mobilisation constante contre le racisme et l’islamophobie.

Dans le cortège, Myriam, mère de 4 enfants, explique avoir « ressenti la nécessité de venir, en hommage à Aboubakar Cissé, mais aussi pour dénoncer les discours politiques qui légitiment et alimentent l’islamophobie ».

« Des ministres comme Bruno Retailleau s’autorisent à scander 'À bas le voile’ dans des meetings politiques, veulent interdire le port du foulard dans les universités, les mamans voilées dans les sorties scolaires », relate la jeune femme, pour qui « la responsabilité est claire ».

Elle considère que le ministre de l’Intérieur « arme intellectuellement, ceux qui veulent trouver une motivation dans le passage à l’acte ».

« Je ne comprends pas le silence de Macron sur ce sujet qui est crucial. Il avait un discours apaisant durant sa campagne de 2017, mais maintenant sa politique n’a plus rien à voir avec ce qu’il prônait en matière de laïcité », affirme-t-elle.

Et son sentiment est partagé par la majeure partie du cortège avec plusieurs pancartes mettant en cause le gouvernement, Bruno Retailleau en tête de liste.

Les slogans scandés, eux, ne laissaient que très peu de place au doute. Le rassemblement s’est en effet conclu par le chant « c’est pas les musulmans qui sont de trop, c’est Retailleau et les fachos ».

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