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Tunisie/ Baccalauréat 2017: qui osera encore tricher?

- Le gouvernement a pris des mesures anti-fraudes drastiques. Plus de 130 mille candidats bûchent sur les épreuves de la session principale du Bac 2017 qui s'achèvent le 14 juin.

Slim Jerbia  | 08.06.2017 - Mıse À Jour : 09.06.2017
Tunisie/ Baccalauréat 2017: qui osera encore tricher?

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AA/Tunis/Esma Ben Said

L’époque où les élèves dissimulaient quelques bouts de papiers dans leurs trousses ou bien les collaient à l’arrière de leurs chaussures pour se rappeler d’une formule mathématiques, semble révolue.

Aujourd’hui, la triche, c’est tout un métier qui peut même prendre parfois, l’allure d’un crime organisé.

Utiliser son téléphone, s’équiper d’un kit qui permet de communiquer avec un complice à l’extérieur de la salle d’examen, simuler un malaise… Les élèves du monde entier rivalisent d’ingéniosité pour réussir leurs examens.

En Tunisie, comme dans le reste du monde, la triche au baccalauréat est donc monnaie courante. Cette année, plus de 130 mille candidats bûchent sur les épreuves de la session principale du Bac 2017 qui a démarré mercredi et qui se poursuit jusqu'à mercredi 14 juin. Mais qui dit Bac, dit triche, et dit aussi mesures gouvernementales drastiques pour empêcher les plus téméraires de frauder !

Que celui qui n’a jamais triché….

Dans son ouvrage « l’aube n’est-il pas pour bientôt ? » Cheikh Thahar Ben Achour (1879-1973), professeur et recteur de l’Université Al Zaitouna (qui fut durant un millénaire située au sein de la grande Mosquée éponyme) à Tunis, avait évoqué les problèmes de « dysfonctionnements au cours des examens » existants déjà à la mosquée, à l’époque.

Il avait notamment pointé du doigt « l’inefficacité des surveillants et leur manque de vigilance qui s’expliquent par le fait qu’on chargeait de la surveillance des personnes non qualifiées, comme les agents de la bibliothèque ou du censorat de la mosquée (…) ».

« Ceux-ci ne réussissent pas à s’apercevoir des techniques utilisées par les étudiants pour s’échanger des informations », écrivait-il.

Ben Achour reprochait également le nombre insuffisant de surveillants « cinq à six, pour cent candidats », ainsi que les espaces exigus dans lesquels les « candidats sont entassés, en désordre ».

La triche semble donc être dans les mœurs. Mais si elle existe depuis des années (ou des siècles ?), sa forme évolue d’une génération à l’autre (voire d’une année à l’autre).

Des vieilles techniques de fraude aux plus sophistiquées

Il suffit de chercher « techniques de triche » sur un moteur de recherche en ligne pour découvrir de très nombreuses méthodes de triche, des plus traditionnelles (utilisation de documents à l’avance, copiage direct du voisin, entrée d’un faux candidat à la place du vrai, etc.) aux plus insolites, (Smartphone, smartwatch, kits main libres, calculatrices programmables, lunettes équipées de caméra et d’écrans virtuels, etc.).

Toutes sont connues des candidats, assurent ces derniers.

Selim a décroché son bac maths en 2013. A l’époque dit-il, lui et un de ses cousins déjà diplômé avaient utilisé la technique de l’oreillette (Bluetooth). « Mon cousin se trouvait à l’extérieur du lycée, je lui avais envoyé mon devoir par photo, et lui, résolvait les exercices par téléphone. J’ai eu de la chance de ne pas me faire prendre », avoue-t-il dans un rire à Anadolu.

Au cours de la session principale du baccalauréat 2016, quelques 220 actes de tricherie avaient été recensés. La plupart avaient été commis à l’aide de téléphones portables, selon la presse tunisienne.

Un élève avait même été pris en flagrant délit d’utilisation d’une smartwatch, avait rapporté le média Webdo, citant la Radio Saraha FM.

Même si ces chiffres sont minimes comparés aux voisins algériens ou marocains, où des milliers de tentatives de fraude ont été signalées l’an passé (et quelques dizaines d’arrestation ont eu lieu), ils sont pris très au sérieux par les autorités tunisiennes qui n’hésitent pas à mettre en place différentes techniques pour contrer les fraudeurs.

Le ministère de l’Education a ainsi décidé d’intensifier cette année sa traque aux portables et aux oreillettes en généralisant dans un premier temps, un système de brouillage à l’ensemble des 565 centres d’examen du pays.

Une nouvelle technologie pour lutter contre la fraude, mais dont on ignore toutefois la forme, aurait également été mise en place, conformément à la révélation faite par le directeur général des examens au sein du ministère de l’Education, Omar Ouelbani, au Journal Assabah (8 mars 2017).

L’Observatoire Tunisien de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a également été mobilisé dans cette lutte. Il a d’ailleurs lancé au début de l’année universitaire 2016/2017 une campagne nationale de sensibilisation contre la fraude aux examens et le plagiat littéraire, et mis en place un numéro vert (80102222), qui permet de dénoncer les cas de fraude et de plagiat, rapporte l’Agence TAP.

Que risquent les tricheurs ?

D’après un arrêté du ministère de l’Éducation en date du 21 mars 2017 (modifiant l’arrêté du 24 avril 2008 relatif au régime de l’examen du baccalauréat), en cas de fraude, de tentative de fraude ou bien encore de mauvaise conduite, l’élève sera interdit d’examen durant 1 à 3 ans (et de 2 à 5 ans en cas de fraude accompagnée d’une mauvaise conduite) et sera exclu des établissements éducatifs publics.

Face à ce déploiement de mesures gouvernementales, il convient de s’interroger : qui osera encore tricher ?

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