
AA/ Antananarivo/ Alian Ilionaina
Le gouvernement malgache a, contre vent et marées, fixé comme objectif pour 2015, l’atteinte d’un taux de croissance de 5% contre 3% en 2014.
Avec un climat politique peu sain et une conjoncture économique difficile en 2014, la réamlisation de cet objectif s'avère difficilement réalisable et nécessite, avant tout, une redynamisation des invetissements qui stagnent encore, analyse Ramanantsoa Andriamifidimanana, président du groupement des opérateurs malgaches (FIVMPAMA), dans une déclaration à Anadolu.
« Si le taux de croissance est de 3% cette année, nous escomptons un taux de 5% l'année prochaine », a indiqué Jean Razafindravonona, ministre des Finances et du budget, à la presse, jeudi.
Les investisseurs attendent toujours un signe fort de la part des autorités pour relancer définitivement l'économie après cinq ans de crise politique (2009-2013).
La baguette magique permettant le redressement n’est autre que le projet de loi de finances 2015, présenté à l'Assemblée nationale, pour examen les 27 et 28 novembre. Ce projet de loi ne semble pas déroger à la règle : redresser l’économie.
« Le taux d’inflation en fin de période [2015], devra atteindre 7,1%, tandis que vers la fin de 2014, le taux devra être fixé à 7,0% contre 6,3% en 2013 », selon le projet de loi de finances.
Pour le gouvernement : « la relance économique est tributaire d’une plus grande visibilité pour ce qui est des perspectives économiques et financières ».
Cet objectif n’est toutefois pas facile à atteindre, compte tenu de la dernière évaluation de la Banque Mondiale (BM) relative aux huit premiers mois de 2014 : « La situation économique semble ne pas avoir significativement évolué par rapport à 2013 à l’instar du nombre d’entreprises formelles créées qui a chuté de 11% au premier semestre par rapport à la même période de l’année précédente, D'où la nécessité de rattrapper, note la BM, le manque à gagner avant qu'il ne soit tard ».
Il en est de même du « ralentissement des importations, surtout les équipements », ajoute la BM, tout en focalisant sur la prudence des nouveaux investisseurs.
« Bien que de nombreux investisseurs explorent leurs opportunités, la plupart préfèrent attendre jusqu’à s’assurer de la stabilité politique du pays », analyse le rapport.
Les entreprises déjà implantées se sentent de moins en moins soutenues par le gouvernement. « Nous venons de vivre des années difficiles durant la crise politique. Pourtant, on ne nous a pas accordé un temps de grâce pour prendre un souffle avant de nous alourdir le dos par des taxes et des impôts peu supportables en temps de crise », témoigne Stéphane Raveloson, président du Syndicat des industries de Madagascar (SIM), à Anadolu.
Les opérateurs économiques malgaches ne décolèrent pas face aux conditions fiscales étranglant leurs entreprises. « Je ne dis pas qu'il ne faut pas payer (...) Mais, il faut au moins nous laisser le temps de reconstruire notre maison et rattraper le manque à gagner, en redynamisant les investissements », réclame Ramanantsoa Andriamifidimanana, président du groupement des opérateurs malgaches (FIVMPAMA), dans une déclaration à Anadolu.
La doléance de cet opérateur économique est partagée par Raphaël Jacoba, manager de Madagascar conseil international (MCI), cabinet de conseil juridique et fiscal : « pourquoi ne pas soutenir les entreprises, en diminuant à 15% la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) [actuellement à 20%] »?
Jean Razafindravonona, rétorque d’un air rassurant : « le projet de loi de finances 2015 se démarquera par des mesures assez incitatives et facilitatrices ». Fin novembre, on aura droit à plus de détails.