
AA/ Antananarivo (Madagascar)/ Iloniaina alain Rakotondravony
Un nouveau plan a été mis en place pour gérer l'épineux dossier de bois précieux à Madagascar. Le gouvernement suggère pour la première fois l'idée de transformation des rondins de bois de rose et de bois d'ébène localement pour contourner, entre autres, l'exportation illicite du bois précieux vers la Chine .
"Dans le cadre de valorisation de nos ressources, nous proposons la mise en place d'unités pour la transformation de bois de rose localement", révèle Marcellin Rabeantoandro, secrétaire général du ministère de l'Environnement, des forêts et de l'écologie à la presse . Pour le gouvernement, la démarche vise à "proposer des produits finis et transformés pour créer des emplois et des valeurs ajoutées ", soutient Marcellin Rabeantoandro.
Jusqu'ici, le gouvernement a dû mal à endiguer le phénomène de trafic de bois de rose, à destination de la Chine, ces dernières années. Il interdit la coupe, le transformation et le transport et la commercialisation de bois de rose et de bois d'ébène, , apprécié pour la fabrication de meubles sur le marché mondial, sans grand succès. Il cherche un moyen de liquider les stocks saisis lors des tentatives d'exportation illicites et ceux entre les mains de certains exploitants.
"Désormais, nous n'acceptons plus qu'on saborde notre économie et notre environnement", déclare le Premier ministre Roger Kolo lors de la présentation du plan d'action. Pour les autorités, le projet d'unité constitue l'"une des mesures faisant partie d'un plan d'actions pour interdire une nouvelle coupe de bois de rose, et de liquider les stocks de rondins existants", selon le secrétaire général du ministère de l'Environnement, des forêts de l'écologie. " Ce sont des sociétés qui remplissent les normes internationales qui seront retenues pour l'opération", glisse-t-il.
L'initiative ne devrait pas voir le jour qu'après six mois. "Les six premiers mois après validation du projet serviront surtout à la mise en place des instruments, mécanismes, les outils et lancement de processus de liquidation des stocks qui sera fiabilisés et sécurisés", explique Anthèlme Ramparany, ministre de l'Environnement, des forêts et de l'écologie à la presse. "L'objectif c'est d'arriver à zéro stock", ajoute celui qui va défendre le projet auprès de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) à Genève dans les prochains jours.
Le gouvernement espère alimenter les unités de transformation par des bois déjà coupés entre les mains de certains exploitants forestiers. A entendre Andry Andriamanga, coordonateur national de l'Alliance Voahary Gasy (AGV), société civile pour la protection de l'environnement, ces stocks déclarés sont estimés à 200 000 rondins" qui pourraient coûter, au bas mot, près de 300 millions de dollars". Les quelques 20 000 rondins déjà saisis par les autorités dans la Grande île et ceux appréhendés dans des ports en Afrique de l'Est et en Asie du Sud-Est, à destination de la Chine, feront l'objet d'appel d'offres international réitère Anthlème Ramparany.
Les défenseurs de l'environnement ne sont pas contre le principe de transformation locale du bois précieux déjà coupés. "L'idée en soi n'est pas mauvaise. Mais nous insistons dans un premier temps sur la protection des aires protégées, victimes de ce fléau. Or, à l'allure où vont les choses, il est peu probable d'atteindre ces objectifs d'ici six mois", tempère Andry Andriamanga. "Nous insistons sur la mise en place de plusieurs mesures d'accompagnement pour éviter un éventuel blanchiment de nouvelles coupes de bois de rose.
"Nous continuons à réclamer l'application de la loi et des sanctions exemplaires contre les trafiquants, ce qui n'est pas encore le cas", revendique le coordonateur national de l'AGV avant de proposer une alternative : "l'amende collectée à la suite des infractions constatées devraient rapporter beaucoup d'argent pour mieux gérer les stocks actuels et pour financer la protection de l'environnement contre ce fléau.
Le bois de rose malgache est une des 43 espèces du genre Dalbergia, toutes endémiques à l'île à une exception près. Leur couleur rouge foncé brillant est à l'origine de l'appellation "bois de rose", ou en langue malgache, Andramena (« tronc rouge ») selon le même rapport de l'ONG américaine Global Witness et environmental Investigation agency.
Il se trouve généralement dans la partie orientale de l’île, surtout dans le Nord-Est. Il pousse particulièrement dans la réserve de Biosphère de Mananara, d’une superficie de 140 000 ha, et dans les aires protégées de Masoala, d’une superficie de 230 000 ha. Celles-ci sont désormais classées dans la liste du patrimoine mondial en péril de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
Madagascar emboîte ainsi le pas à un autre pays africain producteur de bois en l’occurence le Gabon.L'interdiction de l’exportation du bois gabonais brut a placé le secteur en 2ème place en matière d’emploi et fait passé sa contribution au PIB de 4 à 7% en quatre ans.Avec l'interdiction d’exporter des grumes brutes prise par le chef de l’Etat gabonais en 2010, le bois a retrouvé ses galons et le nombre d’usines est passé de 81 en 2009 à 114 usines en 2013.
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.