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Madagascar «en guerre » contre les trafiquants de bois de rose

L'inefficacité des textes fait réagir le chef de l'Etat personnellement au commerce illicite du bois précieux

17.02.2014 - Mıse À Jour : 17.02.2014
Madagascar «en guerre » contre les trafiquants de bois de rose

AA - Madagascar- Iloniaina Alain 

Une volonté politique et des mesures sécuritaires affichées par l'Etat Malgache pour mettre fin au juteux commerce illicite de bois de rose et pallier à l'inefficacité des textes en vigueur depuis avril 2010.

« L’opération de surveillance maritime pour traquer les éventuels bateaux transportant du bois de rose est en marche. Le bateau Tendrimaso sillonne la côte Nord-Est de l’île », indique Jean-Claude Rabemanantsoa, directeur général de l’Environnement et des forêts au ministère de l’Environnement et des forêts à l’Agence Anadolu. « A partir de demain [samedi] Tendrimaso va ratisser la Baie d’Antongil pendant trois jours », poursuit-il. 

Le Gouvernement malgache entend s'engager durablement dans la lutte contre le traffic du bois rose, au sillonnage maritime en bateau, s'ajoute toute une panoplie de moyens. 

 « Nous procédons à la surveillance satellitaire des mouvements des bateaux (…) Nos éléments seront incessamment déployés sur le terrain pour contrôler tout mouvement de bois précieux », continue Jean-Claude Rabemanantsoa.

Le décret 2010-141, adopté en mars 2010, interdit la coupe, le transport, l’exploitation et l’exportation du bois de rose. Une ordonnance portant répression des infrations relatives aux bois de rose et aux bois d'ébène, adoptée en août 2011, vient renforcer ce premier texte. Mais jusqu’ici, les mesures restent moyennement efficaces. Le commerce illicite a même connu une nette recrudescence lors du dernier trimestre 2013, durant la période électorale, selon les témoignages et rapports des autorités dans les zones où pousse le bois précieux. « Tous ceux qui sont censés appliquer la loi sont complices avec les trafiquants de bois de rose », déplore le Premier ministre Jean Omer Beriziky dans L’Express de Madagascar du 11 février. « Si ça  continue, il n’y aura plus de bois de rose à Madagascar », prévient-il.

Le nouveau président Hery Rajaonarimampianina a promis de « diriger personnellement ce combat contre les trafics de bois de rose », selon un communiqué officiel du 5 février. Il a demandé l’application de la loi afin de « mettre immédiatement un cran d’arrêt à ces pillages des richesses nationales » en appliquant « des sanctions exemplaires pour des cas avérés » de trafic. Pour Jean-Claude Rabemanantsoa, si les trafiquants procèdent à leurs forfaits à l'intérieur de la zone des Forêts humides de l’Atsinanana, classées dans la liste du patrimoine mondial en péril de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), c'est que l'administration doit être sanctionnée.

« Au niveau de l’administration, plusieurs directeurs régionaux de l’environnement et des forêts [administration régionale au sein du ministère de l’Environnement et des forêts] seront bientôt suspendus », confie le directeur général de l’Environnement et des forêts.

Ndranto Razakamanarina, président du Conseil d’administration de l’Alliance Voahary Gasy (AVG), plateforme de société civile œuvrant dans l’environnement, évalue à 130 000 $ le prix d’un conteneur de bois précieux de près de 140 rondins, avant son entrée en Chine. Il affirme que l’opération « peut réussir » mais « attend des résultats de cette volonté politique déclarée au plus haut niveau » à l'Agence Anadolu. « Il faut que toutes les mesures prises, avec la coordination de l’ensemble de l’administration et des forces de l’ordre, soient appliquées dans leur totalité. Et est-que le gouvernement ose arrêter les vrais trafiquants ? », s’interroge-t-il. 

Selon les autorités malgaches, le bois de rose quitte illégalement par la mer la côte orientale de la Grande île. Elles ont affirmé détenir des « renseignements » sur le transit des cargaisons en Afrique de l’Est afin de masquer leur origine malgache, avant de rallier la Chine.

Jeudi 13 février, les mêmes autorités malgaches ont déclaré avoir été informés de la saisie de bois précieux en Tanzanie. Selon une correspondance en date du 28 janvier, il s’agit d’une prise des services douaniers du port de Zanzibar de« six conteneurs renfermant 781 grumes de bois de rose (110 tonnes) originaires de Madagascar et destinés à la région administrative spéciale de Hong Kong.

Le bois de rose, de type Dalbergia, bénéficie d’une forte valeur marchande. Il sert surtout à fabriquer des meubles ou des instruments de musique. Les prix des meubles en bois de rose va de quelques milliers de dollars à prés d'un million de dollars pour les pièces haut de gamme, selon un rapport mené par l'ONG américaine Global Witness et environmental Investigation agency, Inc. Ce bois n’atteint l’âge exploitable qu’après des centaines d’années, selon Guy Suzon Ramangason, directeur général de Madagascar national Parks (MNP), l’organe mandaté pour gérer les aires protégées. Il est rare car « il ne pousse que deux ou troncs d’arbres sur une superficie d’un hectare », ajoute-t-il dans une déclaration à Anadolu.

Le bois de rose malgache est une des 43 espèces du genre Dalbergia, toutes endémiques à l'île à une exception près. Plusieurs d’entre elles sont particulièrement appréciées pour l’exportation, dont Dalbergia baronii, D. louveli, D. maritima. Leur couleur rouge foncé brillant est  à l'origine de l'appellation "bois de rose", ou en langue malgache, Andramena (« tronc rouge ») selon le même rapport de l'ONG américaine.

Il se trouve généralement dans la partie orientale de l’île, surtout dans le Nord-Est. Il pousse particulièrement dans la réserve de Biosphère de Mananara, d’une superficie de 140 000 ha, et dans les aires protégées de Masoala, d’une superficie de 230 000 ha. Celles-ci sont désormais classées dans la liste du patrimoine mondial en péril de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).

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