Les moto-taxis béninois, "Zémidjans", numéro 1 du transport routier
Ces engins populaires assurent à presque toute la population une mobilité quasi parfaite malgré les risques toujours grandissants dus à la pollution.

AA/ Cotonou/ Arona Bass
Au Bénin, la majeure partie du transport routier est assuré par les légendaires « Zémidjan » -ou moto-taxis- des engins populaires qui garantissent à presque toute la population une mobilité fluide, malgré les risques liés à la pollution.
A sa sortie de l’aéroport International Bernardin Gantin de Cadjéhoun, tout voyageur foulant le sol béninois devient la cible potentielle des jeunes conducteurs de motos qui connaissent Cotonou comme leur poche et accueillent les clients avec un sourire bienveillant.
Denis Kouédé, jeune motard, arborant, comme la majorité, une veste de travail jaune, fait corps avec sa machine. Dans un vrombissement il entreprend de remonter le pont qui surplombe le marché Dantokpa, en plein cœur de Cotonou. Au feu rouge, une flopée de motards attend son tour. La discipline est de mise.
Dans un sourire le jeune homme raconte : «En langue fon, Zémidjan signifie «emmène-moi vite avec toi» ou encore «allons-y rapidement». Puis, au fur et à mesure que les motos se sont popularisées, les gens ont fini par dire tout simplement «Zem».
Pour quelques centaines de francs CFA (quelques dizaines de centimes de dollars) les clients prennent d'assaut ses motos souvent importées des pays asiatiques et qui coûtent entre 375 000 et 450 000 francs CFA (750 et 900 dollars) détaille Denis.
Le jeune conducteur débute sa journée de travail vers 7h30 et serpente toute la journée Cotonou.
«Il m’arrive de finir ma journée avec 5 000 francs (10 usd) de bénéfice ou même 8 000 francs (16 usd) les jours de bonne fortune. Cela me permet de vivre, de payer mon loyer et d’épargner un peu», raconte-t-il, fier de son engin.
Pour d’autres, le Zem est un moyen de locomotion pratique pour aller au travail.
Chaque matin, une foule monstre prend d’assaut toutes les artères de la ville tandis que les motos rythment Cotonou, dans une discipline quasi militaire.
Sur la route, les conducteurs de Zem prennent toujours leur droite, flirtant presque avec le bas-côté.
Apparus dans les années 1980-1990, les Zem sont adaptés aux routes béninoises pas toujours bitumées tandis que le centre de la route est laissé aux voitures. Tout le monde s’y colle : jeunes, moins jeunes, vieux, hommes, femmes et enfants.
Le Zem et sa mécanique n’a presque pas de secret pour les Béninois et certains se livrent à des prouesses sur la route.
Il est courant de voir toute une famille tenir sur l'engin :le père au volant et devant lui l’aîné de la famille. La mère tient quant à elle le petit dernier à califourchon sur son dos et supporte sur sa tête un grand paquet.
Le jeu d’équilibrisme des conducteurs de Zem est fascinant : tout se fait avec un talent consommé, sans fioriture et l’art d’enfourcher la moto est d'ailleurs unique au Bénin et on devine aisément qui sont les chauffeurs aguéris à leur façon de monter sur la selle.
Pourtant ce moyen de transport si prisé a son revers de médaille. Les écologistes et grands défenseurs de la couche d’ozone ont d'ailleurs dénoncé, à maintes reprises, une pollution atmosphérique à des proportions inimaginables.
D'après les données officielles du ministère de l'environnement béninois, il est émis chaque jour près 83 tonnes de monoxyde de carbone dans le pays, dont 49 tonnes par les motos-taxis.
A l'origine de cette pollution, le «Kpayo», de l’essence bon marché qui se vend à chaque coin de rue et qui coûte de 15 % à 30 % moins cher que le carburant à la pompe (0.57 dollars /litre). Les nuages de fumée qui émanent des engins au plein de Kpayo, prennent les grandes villes comme Porto-Novo et Cotonou à la gorge.
Les décomptes sur le nombre de motos au Bénin ne cessent de fleurir. Personne ne sait avec exactitude le nombre d’engins qui roulent au Bénin mais l'annuaire des Zémidjans parlent de quelques centaines de milliers de mototaxis qui bombardent la ville de tonnes de monoxyde de carbone. Pourtant ces statistiques faramineuses ne rebutent pas les Béninois.
Au contraire, la population semble fredonner le refrain du jeu de mots : «Le Zem, j’aime !»
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