
AA/Man(Côte d’Ivoire) Issiaka N’GUESSAN
A Man, capitale de la région des Montagnes (582 Km à l’Ouest d’Abidjan), région jadis de fort attrait touristique, artisans et tisserands rêvent d’une reprise du tourisme, un secteur mis à genou depuis la rébellion de septembre 2002 et la crise qui s’en est suivie.
Une rumeur annonce une visite imminente du ministre ivoirien du tourisme à Man. Pour l’ensemble des artisans de la ville, c’est une opportunité à ne pas manquer pour lui demander de « tout mettre en œuvre pour la relance du Tourisme » car « on travaille avec les touristes » explique Koné Ibrahim, maître-artisan, sculpteur au quartier Commerce de Man.
« Avant la crise de 2002, nos gains variaient entre 25000FCFA (55.5 dollars US) et 200.000FCFA (444 dollars) par mois, aujourd’hui on peut faire des mois sans 5000FCFA (10 dollars Us) » explique Ibrahim. « Avant, j’avais dix apprentis aujourd’hui il m’arrive de travailler avec un seul parmi eux » poursuit-il.
« Il n’y a pas de touristes blancs, même pas un marocain » se désespère Ibrahim qui dit dépenser entre 5000FCFA (11 dollars) et 25000FCFA (55 dollars) pour avoir un tronc de bois d’Aloa (bois naturellement rouge) qui permet de réaliser des sculptures d’éléphant ou de divers autres animaux.
Depuis 1984, Koné Ibrahim apprend le métier. Pendant la crise, « l’armée française constituait un marché, on se débrouillait avec les militaires français jusqu'à leur départ en 2007 » révèle le sculpteur.
Pour voir un des attraits touristiques de Man, il faut se rendre à Zadepleu, un village en dehors de la ville. Là où il y a « la cascade naturelle de Man ». Chaque matin, et ce, depuis des années, Célestin Dion Sahi, guide touristique, vient se ressourcer sur le site qui lui rapportait les moyens financiers nécessaires à sa survie. Depuis la crise, sans touristes « blancs », il est au chômage. La cascade est en réhabilitation pour 6 mois.
Tout comme les zoos désertés par leurs visiteurs, les sites touristiques de Man se montrent presque vides, sans vie et inspirent plutôt oisiveté et ennui.
A l’entrée, au terme des travaux en cours, il y aura un guichet de vente des tickets d’entrée. Mais, dans l’attente, les villageois assurent l’accès au site moyennant un ticket vendu 200FCFA (0,44 dollars)/ personne. La cascade naturelle est un mélange de forêt, de montagne sur le flanc de laquelle coule l’eau par une hauteur et parvient à un bassin. Deux hangars qui servaient de points de vente de boisson et de restauration sont aujourd’hui hors d’usage, les toits percés.
Comment se passe l’après-crise ? « Les activités n’ont pas encore repris et nous souffrons ; on brade les objets a Abidjan pour faire face aux charges du magasin, c’est maintenant qu’on a un peu d’espoir avec le renouvellement des instances de la chambre régionale des métiers ».
Guide touristique, Soumahoro Morya a préféré se convertir dans la distribution de cartes téléphoniques par manque d’activité touristique.« Avant, avec les touristes, on visitait les ateliers de nos artisans deux à trois fois par semaine », assure-t-il.
Bamba Daouda a 30 ans et est le chef de 32 jeunes tisserands logés au sein de l’hôtel les Cascades. Lui aussi regrette la période avant crise. « Avant la crise, les touristes venaient et achetaient nos produits : des boubous, des robes, des pagnes, des petits boubous dit « Tiken Jah » (un artiste chanteur reggae ivoirien) » regrette-t-il. Malgré le retour à la paix « les choses ne sont pas revenues à leur état initial » souligne-t-il. Et d’ajouter : « Le problème des artisans actuellement est le prix de cession du fil qui est passé de 2250FCFA (5 dollars) à 3250FCFA (7.22 dollars)».
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