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Le lac Volta produit l’électricité mais court-circuite l’économie

Presque 50 ans après l'inauguration de ce projet phare, ce plus grand réservoir d'eau douce au monde demeure loin de satisfaire les aspirations des Ghanéens.

13.08.2014 - Mıse À Jour : 13.08.2014
Le lac Volta produit l’électricité mais court-circuite l’économie

AA/Ghana/ Oualid Khelifi

Quand le père fondateur du Ghana Kwame Nkrumah a lancé en 1961 la construction du bassin Volta Lake à l'est du pays, il visionnait une infrastructure de développement national et régional dont le but est l'amélioration de la condition de vie des populations rurales qui habitent les deux rives du lac.

Presque 50 ans après l'inauguration de ce projet phare, ce plus grand réservoir d'eau douce au monde demeure loin de satisfaire les aspirations des Ghanéens en particulier, et les Ouest-Africains en général. 

Le lac Volta  couvre une superficie de 8 502 km² et il est situé à une altitude de 85 mètres. Il débute au nord au niveau de la ville de Yapei jusqu’au barrage d'Akosombo situé à plus de 500 km au sud. Construit en 1965 le barrage necessita à l'époque le déplacement de 78 000 personnes. Il produit aujourd’hui aux alentours de 912 MW.

Conçu à la base comme une source d'électricité hydraulique, les villageois s'attendaient que le Volta faciliterait aussi le transport et la commercialisation de leur productions agricoles vu que cette partie du Ghana assure un haut pourcentage de l'approvisionnement alimentaire au reste du pays. 

Cependant, les habitants des provinces Volta sont toujours déçus aujourd'hui. Selon Ibrahim Saeed, agriculteur et transporteur d'ignames à Kete-Krachi, commune sur la berge ouest du lac, un seul aller-retour par semaine sur le bateau-cargo 'Yapei Queen' qui court les 500kms entre le nord et sud du volta rapporte très peu en terme économique à la communauté locale. ''Les planteurs et les commerçants préfèrent voyager entre les bords est-ouest sur les pinasses traditionnelles. La traversée dure 2 heures maximum, puis on prend la route pendant 4 heures pour ramener nos biens au sud du Volta. Dans ce sens, le Yapei Queen qui met plus de 24 heures nous ne sert pas beaucoup'', se plaigne-t-il.

Captain Jonathan, le chef de l'équipage sur cet unique lien Volta nord-sud, reconnaît les limitations. ''On essaye de faire deux voyages par semaine au lieu d'un seul pendant la saison des récoltes, c'est généralement entre Aout et Octobre. Ce n'est pas suffisant selon les locaux, mais ils ont déjà trouvé des alternatives à la Yapei Queen'', confie-t-il.

Le gouvernement à Accra n'est pas non plus à l'abri de ces critiques. Volta River Authority (VRA), l'agence étatique qui gère la production hydro-électrique ainsi que l'impact économique et environnemental sur la population du Volta, se défend en faisant valoir la logique d'investissement  à grande échelle. ''Premièrement, renforcer le réseau de transport sud-nord du volta n'est pas financièrement viable. En deuxième lieu, les Ghanéens de la région Volta n’en bénéficieront pas. Il vaudrait mieux lancer d'autres lignes maritimes entre l'est ou l'ouest du lac, et en parallèle, construire des rues et des ponts. C'est déjà dans la feuille de route du gouvernement'', a déclaré à Anadolu un responsable de la VRA.

Les pays francophones de la sous-région non pas à leur tour touché les fruits de ce lac artificiel comme voulu par l'idéologie panafricaniste de Nkrumah. Pendant que le Ghana exporte de l'électricité issue du Volta au Burkina Faso, Benin and Togo, ce dernier a vu un mouvement d'émigration vers le voisin anglophone plus riche. Cependant, parmi les dizaines des milliers des Togolais qui se déplacent entre les deux côtés de la frontière vu que la population du Volta est issue de l'ethnie Ewe et parle la même langue qu'au Nord West du Togo, des milliers de mineurs se trouvent comme enfants-esclaves dans l'industrie de pêche au long du lac.

La crise économique au Ghana ne favorise pas leur retour, explique à Anadolu un directeur de projet chez une ONG  dans la ville de Ho,  à l'est du Volta. ''Plusieurs familles sur le côté Togolais de la frontière voudraient bien voir leurs enfants rentrer au pays, mais la chute libre de la monnaie Ghanéenne ces derniers mois n'encourage pas ces émigrés'' ajoute-il. En soulignant comment le CFA au Togo est en train de se faire remarquablement plus fort contre le Cedi, le directeur met le doigt sur la détérioration du pouvoir d'achat et d'aide familiale des Togolais habitant le Volta. ''La plupart alors décide de rester au Ghana vu les liens ethniques et linguistiques. Le marché de travail au Togo, formel ou informel, ne pourrait pas les absorber en tout cas''.

 

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