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L'attiéké, le couscous ivoirien à la conquête du monde

Mets traditionnel ivoirien à base de manioc, l'attiéké est le couscous typiquement ivoirien, principalement consommé dans le sud du pays.

13.05.2015 - Mıse À Jour : 13.05.2015
L'attiéké, le couscous ivoirien à la conquête du monde

AA/ Abidjan/ Issiaka N’guessan

L'attiéké, couscous ivoirien à base de manioc, se lance à la conquête du monde, pour prouver qu'il n'a rien à envier à ses cousins nord-africains, encore que son marketing ait besoin d'un coup de pouce des autorités ivoiriennes.

A l'origine de cet attrait, le manioc, arbre donnant la semoule de l'attiéké. En l'espace de quelques années, cette culture vivrière jusque-là peu prisée par la population dans sa nutrition, a pris de l'ampleur. Ce ne sont plus quelques superficies que produisent des cultivateurs dans les villages mais des hectares qui appartiennent à des cadres de l’administration.

Souvent accompagné de thon, poisson des hautes mers dont Abidjan est le premier port d’exportation en Afrique, et consommé en grande quantité notamment dans le Sud ivoirien, "l’attiéké" ou "garba" (semoule de manioc cuit à la vapeur), aspire aujourd’hui à aller à voyager à travers le monde.

Richard Yasseu, journaliste ivoirien,  atteste que dès que son jeune frère étudiant retourne en Russie où il étudie, « ses amis russes parcourent des distances en métro pour venir chercher l'attiéké, ça leur manque ».

Mais, la réussite du couscous ivoirien est encore allée plus loin.  Bambara Aridjeta, présidente du groupe « Soutra » (entraide en langue locale malinké) en témoigne: « Mon petit frère partait pour les Etats-Unis d’Amérique. Nous avons voulu qu’il emporte avec lui quelques sachets d’attiéké mais on a eu peur qu’à l’aéroport, la douane ne refuse son entrée sur le territoire américain avec. Mais à sa grand surprise, c’est le douanier américain qui lui a donné le nom et même affirmé en avoir mangé lors d’un séjour à Abidjan. »

Composée de dix femmes, dont la plus âgée est justement Bambara, « Soutra » est une association, basée à Bouaké (Nord) composée d’ex-combattantes ; des femmes qui étaient associées à l’ex-rébellion des Forces Nouvelles (ex-rébellion du nord en lutte contre le pouvoir de Gbagbo du 19 septembre 2002 au 11 avril 2011) pour lesquels elles faisaient la cuisine.

L’attiéké ivoirien a aussi conquis le marché malien. « Notre partenaire qui revend au Mali nous en achetait entre 75000 FCFA (environ 167 dollars US) et 100.000 FCFA (222 dollars US) le grand sachet ( à la capacité variante et pas toujours formalisée), selon les tendances du marché, soutient la présidente de Soutra. «Quand ça marche, je peux aller faire la navette deux ou trois fois par mois à Bouaké et Bamako », poursuit-elle.

Chaque lundi, les dix femmes se retrouvent sur leur site de production qui a un moulin, deux essoreuses, une plateforme de séchage et une vaste cour pour entreposer le manioc à éplucher. Ce travail est confié à des contractuels payés à 500 FCFA (1USd) le jour.

Face à la croissance de la demande, l’association a, selon sa présidente, en projet « d’utiliser les nouvelles technologies pour produire l’attiéké industriel afin de répondre à temps à la demande ».

Les professionnelles de l'attiéké rencontrées par Anadolu reconaaissent toutes que ce produit phare ivoirien a le mérite d'avoir aidé à élever bien des hommes en leur garantissant nourriture et scolarité.

La camionnette de manioc coûte entre 50.000 FCFA (111 USD) et 100.000 FCFA ( plus de 222 USD) et  le bois de chauffe, entre 25000 FCFA (plus de 55 USD) et 30.000 FCFA (près de 67  USD).

Selon les mêmes professionnelles, « chacune peut s’en sortir avec 40000 FCFA (près de 89 USD) voire 50.000 FCFA (111 USD) par mois.

« Il faut un circuit qui permette d’alimenter en attiéké des pays comme les Etats-Unis d’Amérique, la France, à l’extérieur c’est de l’or », soutient la président de « Soutra », Bambara Aridjéta.

Pour une conquête du marché extérieur, le gouverneur du District d’Abidjan, Beugré Mambé Robert, a ouvert une unité moderne à Songon, son village, dans le District d’Abidjan. Inauguré le 13 mai 2014; l’unité de production d’attiéké de Songon-Kassemblé, est une véritable source de richesse pour les ménages de cette localité.

Avec une production de 20.000 tonnes/mois qu’effectue une association de femme dénommée "AFIN" en langue Ebrié (langue locale des autochtones Atchans, propriétaires terriens d’Abidjan) qui veut dire « nous cherchons », cette usine exporte aujourd’hui vers l’Europe.

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