
AA/ Abidjan/ Issiaka N'guessan
Le cacao ivoirien a créé la surprise en 2014 avec une production record de 1 740 842 tonnes de fève brute alors que les prévisions annonçaient une récolte maximum de 1,45 millions de tonnes.
A été enregistrée une hausse de la production de 20 % comparée à 2013, s'est réjouit le porte-parole du gouvernement ivoirien, Bruno Koné, au sortir du conseil des ministres, mercredi.
Ce chiffre historique qui conforte la Côte d'Ivoire dans sa place de leader mondial dans le secteur du cacao, est cependant relativisé par plusieurs producteurs ivoiriens rencontrés par Anadolu. Ces derniers déplorent l'inexistence d'un processus de transformation du cacao dans le pays.
La production du chocolat à partir du cacao demeure très faible dans le pays. Ce produit est considéré par la population et les producteurs, comme un produit de luxe dont la transformation se fait toujours à l'étranger.
Maurice Sawadogo, proche du directeur général du Conseil café-cacao et producteur à Abengourou (Est) va dans ce sens: « la stratégie de transformation n’existe pas » a-t-il affirmé à Anadolu, ajoutant que « seulement 1 % de la production ivoirienne est transformée. »
« On ne fait pas de politique de consommation des produits du cacao, nous sommes les premiers producteurs mondiaux mais ne consommons pas assez de chocolat », dénonce Sawadogo soulignant que « le gouvernement devrait encourager la population à consommer du chocolat, même dans la sous-région ouest-africaine et donner des primes pour la première transformation. »
Produit principalement dans la région forestière du Sud du pays dans les régions de San-Pédro, Soubré (Sud-Ouest), Guiglo, Duékoué, Man, Biankouma (Ouest, régions des Montagnes et du Moyen-Cavally), de Divo, Gagnoa (Sud-bandama, région du Gôh), d’Issia, de Daloa, Sinfra et Saïoua (Centre-Ouest, région du Haut-Sassandra), Aboisso (Sud-Est), Agboville, Alépé, Adzopé, Tiassalé (Région Agnéby-Tiassa), le cacao est peu transformé et consommé localement.
Pourtant, les pays importateurs du cacao ivoirien sont nombreux, s'exclame Sawafogo, notant que la Chine, l’Inde et surtout l’Arabie Saoudite et les industriels des pays de l’Union Européenne, la France, la Grande-Bretagne, la Suisse et ceux des Etats-Unis apprécient la qualité du cacao ivoirien. Il pense de là que ces pays pourraient également acheter le chocolat à la Côte d'Ivoire si elle en produisait.
Afin d'attirer l'attention des populations sur l'importance du cacao dans l'économie du pays, la Côte d'Ivoire a organisé, la première édition des journées nationales du cacao et du chocolat (JNCC) qui s'est ouverte jeudi, à Abidjan en présence du Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan, autour du thème, "économie cacaoyère performante et durable pour une Côte d'Ivoire émergente à l'horizon 2020".
Duncan a profité de cette première édition, qui s'achève vendredi, pour rappeler que le cacao représente 40% des produits d'exportation du pays et occupe 15% du Produit intérieur brut (PIB).
Le Premier ministre a également annoncé que plus de 8 millions de personnes vivent de manière direct ou indirecte de toute la chaîne des valeurs du cacao.
Un chiffre qui pourrait nettement être à la hausse si le gouvernement offrait d'avantage d'opportunités à la commercialisation du produit issu du cacao ivoirien, souligne encore Sawadogo pour qui les conditions de vie des producteurs doivent également être amélioriées.
Mercredi, le gouvernement a fixé le prix bord champ à 850 FCFA/kilogramme (1.88 dollar US), ce qui, « comparé à l’année passée, est un très bon prix d’après Obed Doua Blondé, producteur et responsable d'une union coopérative de l'Ouest, Uicao, rencontré par Anadolu, qui « salue le conseil café-cacao pour cela ».
"Au regard de la bourse et du cours actuel du cacao sur le marché mondial, on aurait pu atteindre 950 FCFA (2.11 dollars US) le kilogramme car le cacao est actuellement à 2000 FCFA (4.44 dollars US)", conclue-t-il.
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