
AA/ Tunis/ Nadia Chahed
"Que l'accès aux services financiers - très faible en Afrique - sert le développement et la lutte contre la pauvreté dans le continent noir ne fait plus de mystère ni de doute", déclare à Anadolu, Stefan Nalletamby, expert financier à la Banque Africaine de Développement (BAD).
Il estime, toutefois, que "l'accès à ces services, quelque soit leur nature (formels ou informels) demeure insuffisant pour pallier durablement et efficacement les problèmes socioéconomqiues liés à la précarité en Afrique" étant donné, juge-t-il "qu'avoir accès à un capital ne signifie pas, automatiquement, qu’on échappe à la pauvreté puisqu'il est primordial de "savoir d'abord comment en faire usage".
En Afrique 25%, seulement, de la population a accès à des services financiers formels (banques ou institutions de micro-finance), selon les données de la Banque africaine de Développement (BAD) pour l'année 2014. "Un taux faible", estime Nalletamby pour un continent qui continue à afficher un des taux de pauvreté les plus élevés à l'échelle mondiale, (Le ratio de la population pauvre en Afrique subsaharienne se situait, en 2011, aux alentours de 47%, selon la Banque Mondiale "BM").
"L’inclusion financière peut être une passerelle pour sortir de la pauvreté" , affirme dans le même sens, Jim Yong Kimn, président du groupe de la Banque mondiale, dans une récente publication de son Institution. Sur le plan mondial, il a noté: "nous nous sommes fixé un objectif très ambitieux, à savoir l’accès universel aux services financiers d’ici à 2020, et nous avons maintenant la preuve que d’importants progrès ont été réalisés en ce sens", a ajouté le premier responsable de la BM, cité par un communiqué datant du 15 avril 2015.
En Afrique, Stefan Nalletamby, directeur du département "Développement des services financiers" à la BAD, reste convaincu qu'au-delà de l'accès aux services bancaires, l'éducation des populations concernées au bon usage des ressources financières dont ils peuvent disposer en prenant en compte le contexte dans lequel elles évoluent (rural ou urbain ou périurbain) est essentiel pour apporter une réponse efficace aux problèmes précités.
Car, ajoute-t-il "l'objectif n’est pas de ramener les gens à se surendetter des banques mais de leur permettre d’accéder à leurs rêves en leur offrant les moyens de créer leur projets ou de financer des acquisitions à même d'améliorer leurs conditions de vie".
"Pour pouvoir participer pleinement à la croissance, il ne suffit pas d’avoir de l’argent. Il faut aussi pouvoir opérer des transferts et épargner en toute sécurité. Les ménages pauvres et à faible revenus doivent aussi parfois emprunter pour faire face à de grosses dépenses ponctuelles ou investir pour créer ou accroître leur activité", note, de son côté, Jean-Loïc Guièze, expert de la banque BNP Paribas dans une étude consacrée à la question et publiée en septembre 2014.
Revenant sur le taux d'inclusion financière en Afrique, qui ne dépasse pas les 25%, Nalletamby relève qu'il incombe à nombre de facteurs dont les contraintes liées aux difficultés d'accès à ces services aussi bien physiques, liées notamment à la situation géographique et à l'infrastructure, et d'autres sont administratives, liées aux mesures rigides observées par les institutions formelles pour accorder leurs services aux individus ne disposant pas de ressources.
Il a précisé, à ce propos, que cette situation a décidé un large pan de la population africaine, non quantifié, particulièrement dans les zones rurales et reculées, à recourir aux services financiers informels "n'obéissant, généralement, à aucun cadre légal et n'apportant qu'une réponse partielle et conjoncturelle aux problèmes des populations, dans la mesure qu'ils ne permettent de contracter que de petites sommes".
Sur les politiques gouvernementales engagées pour faciliter l'accès aux services financiers, Nalletamby souligne "qu'en dépit des politiques volontaristes engagées par la quasi-majorité des gouvernements des pays africains, les niveaux atteints en matière d'inclusion financière demeurent faibles".
Il appelle, à ce propos, les décideurs locaux à oeuvrer en vue de passer outre les barrières qui se posent face à un tel objectif en oeuvrant, notamment " à adapter les services aux besoins de chaque population afin d'en permettre l'accès aux personnes démunies tout en allègeant les exigences imposées par les différentes institutions financières".
La Finance au Service de l‘Afrique (MFW4A), une initiative en cours, relevant de La BAD, qui vise le développement des secteurs financiers africains (MFW4A), estime, que "l’allègement des barrières à l’accès et l’offre de services financiers appropriés peuvent permettre aux ménages et aux petites entreprises de maximiser l’effet de levier de leur épargne ou de leur revenu pour accroître leur productivité, contribuant ainsi à l’augmentation de leur revenu, à la création d’emplois et, en fin de compte, à la croissance".
la micro finance, les services bancaires mobiles ou encore les services bancaires ciblés tels ceux ruraux et agricoles sont autant de solutions alternatives citées par MFW4A pour renforcer l'inclusion financière en Afrique.
Le recours à ces solutions demeure, toutefois, limité, juge Stefan Nalletamby qui reconnait, toutefois, que de grandes avancées sont enregistrées en matière de services bancaire via la téléphonie mobile.
La Banque Mondiale révèle dans un communiqué du 15 avril dernier, "qu'environ quatre Africains sur 10 possèdent un téléphone mobile", et qu'un nombre croissant d’Africains - qu'il n'a pas précisé - "utilisent le téléphone mobile pour les transactions financières".
La BM estime, par ailleurs, que "les comptes bancaires par téléphone en Afrique subsaharienne (ASS) contribuent tout particulièrement à l’expansion rapide et à la montée en puissance de l’accès aux services financiers".
Toujours selon la BM, dans 13 pays d'ASS le taux d'utilisateurs de comptes bancaires téléphoniques dépasse les 10 %, parmi eux, elle cite, la Côte d’Ivoire, la Somalie, la Tanzanie, l’Ouganda et le Zimbabwe qui comptent plus d’adultes utilisant un compte bancaire par téléphone qu’un compte auprès d’une institution financière.
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