
AA/Kigali/Henrie Demarie
L'unique usine cimentière du Rwanda, "Cimerwa", qui produit actuellement 100 milles tonnes de ciment chaque année, ambitionne de multiplier par 6 sa production, afin de s'imposer sous peu comme un acteur économique régional.
CIMERWA c'est 100 milles tonnes de production annuelle, alors que la demande nationale à satisfaire est estimée à 450 milles tonnes selon les autorités de la dite entreprise dont l'objectif est d'atteindre ,sur un moyen terme, une production de 600 mille tonnes.
Pour ce faire, 170 millions de dollars ont été injecté dans la construction d'une nouvelle usine située à Rusizi dans la province de l'ouest du pays des milles collines. Cette usine de pointe est fonctionnelle depuis début juillet 2015 et emploie à ce jour 126 travailleurs. Elle compte par ailleurs créer 100 nouveaux emplois directs d'ici la fin 2015.
"Si nos prévisions sont respectées, nous produirons dès 2016, 150 mille tonnes de plus que la demande nationale requise. 30% de la production totale sera donc exporté vers les pays voisins comme le Burundi et la RDC. Nous devons assurer des produits compétitifs et surtout accessible à tous dans notre pays et dans la sous région dont les besoins totaux sont estimés à 900 mille tonnes", a confié à Anadolu, Juvénal Rutaganda, directeur des opérations et chef par intérim de CIMERWA.
"La nouvelle usine est, à cet effet, bien équipée, car nous utilisons désormais la technologie à sec de production et non celle humide d'autrefois. Aussi, nous mettrons bientôt en service 13 mégawatt d'électricité pour le fonctionnement de notre usine. Cependant nous avons besoin de 15 mégawatt pour une meilleure productivité, c'est pourquoi nous connecterons 2 mégawatt au réseau national d'électricité. Voilà autant de reformes qui prouvent notre volonté à mieux servir les populations", a-t-il ajouté.
Aujourd'hui, le Rwanda dépend principalement de l'extérieur dans le domaine du ciment. Il importe des milliers de tonnes chaque année en provenance des pays voisins comme la Tanzanie.
Deux tiers de la consommation en ciment sont d'ailleurs issus de l'importation, selon les autorités, surtout que le ciment importé est encore moins cher que celui produit dans le pays.
Ainsi, un sac de 50 kilogrammes de ciment local coûte 11 milles francs rwandais (22 dollars) alors que celui de l'extérieur se négocie à 9 milles francs rwandais (18 usd). Le Rwanda a même connu un déficit commercial de plus de 6 milliards de dollars dans ce secteur au cours du premier trimestre de 2015 et de 7 milliards de dollars en 2014 sur la même période.
" CIMERWA doit tout faire pour la baisse des prix du ciment sinon même si elle produit beaucoup, les gens préféreraient toujours la production importé vu le coût proposé. Seule l'accessibilité des produits de CIMERWA déterminera la crédibilité de ce gigantesque projet car notre économie a besoin de tous les secteurs pour être solide et maintenir une croissance raisonnable" indique à Anadolu, Teddy Kaberuka, un économiste rwandais.
"Les chiffres révèlent que le secteur de la construction est vraiment dynamique dans le pays ces dernières années et occupe désormais une place de plus en plus importante pour notre PIB d'où l'intérêt de se pencher sur la réduction des coûts", a-t-il ajouté.
Le secteur de la construction a effectivement contribué à hauteur de 109 milliards de francs rwandais (218 millions de dollars) au Produit Intérieur Brut du Rwanda pendant le premier trimestre de 2015 contre 106 milliards de francs rwandais (212 milliards) à la même période en 2014, soit une hausse de 6 millions usd, selon l'Institut des Statistiques du Rwanda.
Les activités immobilières générales ont rapporté pour leur part 91 milliards de francs rwandais (182 millions USD) au cours des trois premiers mois de 2015 contre 83 milliards de francs rwandais (166 millions de dollars) lors du premier trimestre de 2014 soit une augmentation de 8 milliards (16 millions usd) d'après les statistiques du même institut.
Le gouvernement fédéral allemand a investit quant à lui, depuis mai 2015, 1 million d'euro dans ce secteur. Ces investissements s'étendront jusqu'en 2017 et pourraient encore être renouvelés. Ils concernent surtout la formation des ingénieurs rwandais dans la maçonnerie, la peinture et le carrelage, selon les autorités rwandaises qui croient en un avenir radieux pour la cimenterie et les activités qui en découlent.