Togo: "Aller à la Mecque, un rêve rendu possible grâce à mes enfants"

AA/Lomé/Alphonse Logo

"Aller à la Mecque et accomplir le cinquième pilier de l'Islam est un rêve que j'ai entretenu durant des années et qui a finalement été rendu possible grâce à mes enfants", confie à Anadolu  Sama Mamotou, futur pèlerin togolais de 70 ans, aux yeux pétillants.

Dans un pays où le revenu mensuel moyen par habitant au  s'élève à 42 $, (soit 500 $ par habitant et par an), selon la Banque Mondiale, rassembler la somme de  2050.000 FCFA (4200 dollars) nécessaires pour effectuer le 5e pilier sacré de l’Islam n’est pas une mince affaire.

 «80% des fidèles togolais candidats au Hadj 2015, âgés de plus de 60 ans ont déclaré avoir rassemblé les moyens financiers grâce à leurs enfants », renseigne d’ailleurs Mohamed Syla, Imam à la Mosquée Centrale de Lomé, rencontré par Anadolu dans la capitale togolaise lors d’un rassemblement de sensibilisation des pèlerins sur « les bonnes conduites à tenir une fois sur place en Arabie Saoudite » et sur « la manière de passer un Hadj fructueux. »

« Cette mobilisation des plus jeunes pour aider leurs ainés à réaliser ce rêve cher à tout musulman qu'est le pèlerinage, est une véritable fierté pour la communauté musulmane », s’est réjoui l’Imam.  

Biao Abdoulaye, est un de ces jeunes. Fils de Mamotou, qu’il a accompagné à la séance de sensibilisation, Biao estime qu’il s’agit tout simplement d’un devoir qu’il doit accomplir. « C’est un devoir pour tous les enfants dont les parents ne sont jamais allés à la Mecque de les aider dès lors qu’ils en ont les moyens. C’est pourquoi, mes trois frères et moi avons travaillé d’arrache-pied pour permettre à notre père d’y aller », poursuit le jeune homme.

 A 55 ans,  Mariama Diallo, se prépare au grand pèlerinage. C’est avec fierté qu’elle raconte comment ces quatre enfants se sont  cotisés durant deux années, pour  lui permettre de réaliser ce rêve spirituel. « Depuis des années j'essaye de mettre de l'argent de côté mais tout ce que j'ai pu rassembler n'a pas été suffisant. Seuls mes enfants m’ont permis d’y accéder à la somme nécessaire" ajoute-elle, l’émotion dans la voix.

A 48 ans, Fatimata Binta Bah va, elle aussi, accomplir le « Hadj »,  un voyage qu’elle dessine depuis enfant, avoue-t-elle. Ses frères, sœurs, parents, enfants, se sont tous entraidés pour concrétiser ce souhait.  « Je prierais pour tous ceux qui m’ont aidé mais aussi pour tous les musulmans de la terre », lance-t-elle avec conviction.

Mohamed Salifou, 30 ans lui n’a pas eu les moyens financiers pour aider son grand père Oura Agouda Adam, qui, à 85 ans, avait cessé de rêver au pèlerinage.

Salifou a toutefois pris son temps pour accompagner son aïeul dans toutes les procédures administratives et sanitaires en vue de l’apprêter au voyage saint qui démarre ce mardi, et qui a été finalement financé par son autre petit-fils.

« Dans la logique de mon grand frère et moi, notre grand père n’a plus besoin de travailler pour quoi que ce soit aujourd’hui. C’est donc à nous de le prendre en charge. Vous n’imaginez même pas à quel point  il a été envahi de joie, le jour où nous lui avons annoncé qu’il irait à la Mecque. Il en a pleuré, car il croyait qu’à son âge, il ne pourrait jamais faire un tel voyage» a rapporté à Anadolu Mohamed Salifou.

Au total, 2040 pèlerins se sont enregistrés cette année au Togo pour le pèlerinage sur la Mecque. Si les frais apparaissent sensiblement élevés, ils comprennent toutefois l’ensemble des dépenses, à savoir les billets d’avion, l’hébergement, le transport à la Mecque et à Médine, ainsi que les taxes de l’aéroport, expliquent les pèlerins rencontrés par Anadolu.