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Tel Aviv sur Seine: "Une opération éminemment politique" pour vendre le label Israël

13.08.2015 - Mıse À Jour : 13.08.2015
Tel Aviv sur Seine: "Une opération éminemment politique" pour vendre le label Israël

AA - Paris - Bilal Muftuoglu

La mise à l'honneur de la ville de Tel Aviv par la mairie de Paris dans le cadre de l'évènement "Paris Plages" a ressuscité les débats sur une possible politique de "deux poids deux mesures" sur la question israélo-palestinienne, dès lors que les manifestations pro-Gaza avaient été interdites l'an dernier dans la capitale française.

La désignation de la capitale économique d'Israël a ainsi provoqué la colère de plusieurs responsables politiques et des ONG, appelant à l'annulation de la journée, prévue pour le jeudi 13 août. Parmi les raisons de l'opposition, figure en particulier l'organisation d'un tel évènement, seulement moins d'un mois après la mort d'un bébé palestinien brûlé vif dans l’incendie de sa maison familiale par des colons israéliens et un an après l'opération israélienne contre la Bande de Gaza. 

Selon Taoufiq Tahani, président de l'Association France-Palestine Solidarité (AFPS), cette journée présentée par la mairie de Paris comme un "évènement culturel", s'agit bel et bien d'"une opération éminemment politique". Dans son commentaire pour Anadolu, Tahani a noté que cette journée "blanchit" les crimes commis par Israël en Cisjordanie et contre la Bande de Gaza, mettant à l'écart toute opportunité de débat sur la situation actuelle du conflit israélo-palestinien. 

L'aspect "marketing" de la présentation de Tel Aviv comme une station balnéaire, servirait surtout, d'après Tahani, à sauver le secteur du tourisme en Israël, "qui connait des difficultés depuis l'agression israélienne contre Gaza". 

"Comme l'ont déjà déclaré les responsables israéliens, le label Israël est difficile à vendre et pour contourner cette difficulté, on peut utiliser l'image de Tel Aviv", a souligné Tahani, citant notamment les propos d'Hila Oren, la responsable de l’organisme en charge du développement culturel de Tel Aviv, prononcés en 2011 sur le besoin d'un recours à l'image de Tel Aviv face à celle de l'Etat d'Israël. 

Le président de l'AFPS, a aussi évoqué que Le Monde a récemment publié un article intitulé "Le tourisme israélien cherche comment sortir du marasme", s'appuyant sur les remarques d'un responsable du secteur du tourisme en Israël: "La seule chose qui peut relancer la machine, c’est une énorme opération marketing à laquelle on allouerait des moyens financiers bien plus importants (…) Le vrai problème d’Israël, c’est le fossé entre l’image du pays et la réalité des faits". 

La maire de Paris, Anne Hidalgo, aurait par ailleurs agi de son propre chef, et non pas au nom du Conseil municipal de Paris pour mettre Tel Aviv à l'honneur, a affirmé Tahani. Ce dernier a notamment rappelé que les partis politiques représentés au sein même du Conseil, à l'instar du Parti de gauche, le Parti communiste et Europe Écologie Les Verts, sont aussi contre l'organisation de l'évènement. 

"Hidalgo n'est pas manipulée, c'est son choix", a renchéri Tahani. Lors de sa visite en Israël mai dernier, Hidalgo a participé à un diner organisé par l'association des maires d'Israël qui inclut les maires des colonies, a rappelé le président de l'AFPS, ajoutant qu'"elle a essayé de taire cette information, largement diffusée par les médias pro-israéliens". 

Tahani a par ailleurs dit "regretter" le soutien du Premier ministre français Manuel Valls à cet évènement, faisant allusion au message de ce dernier diffusé mercredi sur Twitter. " Si c'était un évènement entre deux villes le gouvernement ou le premier ministre n'aurait rien à dire", a-t-il ainsi insisté. 

Le président de l'AFPS a encore regretté la présence renforcée des policiers sur les lieux de l'évènement, à savoir quelque 300 policiers et gendarmes, pour une journée "présentée comme festive". 

La mise à l'honneur de Tel Aviv aurait été acceptable, selon Tahani, si on y ajoutait des débats sur le conflit israélo-palestinien et s'ouvrant sur des sujets de la société israélienne et palestinienne, a précisé Tahani. Le choix a été "d'éviter à tout prix de parler ce qui se passe actuellement en Palestine et ce qui s'est passé à Gaza", a conclu le président de l'AFPS. 

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