Taoufik Baccar … La littérature tunisienne orpheline de son "icône" (Profil)
- Tout au long de sa carrière, Baccar a participé au rayonnement de la critique littéraire en Tunisie en se consacrant à définir l’auteur tunisien d’une manière générale, et en se penchant sur l’œuvre de Mahmoud Messaadi, en particulier.

Tunis
AA/ Tunis/ Maroua Essahli /
« Je vous demande de veiller sur la langue arabe », a-t-il demandé un jour à ses étudiants.
Le disparu est plutôt de la trempe du penseur Mahmoud Messaâdi. Le fondateur de l’université tunisienne, Taoufik Baccar, a récemment tiré sa révérence, ses disciples pleurent encore une disparition qui a privé la critique littéraire et l’univers intellectuel tunisien d’un grand homme et d’un fin penseur.
Les réseaux sociaux se sont aussi enflammés avec la nécrologie du Professeur universitaire et « icône » de la critique littéraire, feu Taoufik Baccar qui a quitté ce monde, le 24 avril dernier, à l’Age de 90 ans, après une longue lutte contre la maladie.
Lors d’une réception donnée en son honneur en 2014 à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis – la plus ancienne faculté relevant de l’Université tunisienne contemporaine – Taoufik Baccar, a insisté lors de son dernier cours, sur la nécessité de s’occuper de la langue arabe, de la hisser au niveau d’une langue créatrice de sciences et de connaissances. Son testament n’étant autre que : « Prenez soin de la langue arabe et veillez sur elle … ».
Dans son oraison funèbre, le ministère de la Culture a défini le disparu comme une « haute stature de l’Université, un de ses illustres fondateurs et pôles grâce à son savoir et à son apport, un maitre enseignant, un grand écrivain, un sage encadreur, un critique profond et un chercheur unique ».
Baccar a été le professeur de la plupart des enseignants de la civilisation arabe en Tunisie, et côtoyait des hommes de lettres tels que Mahmoud Messaadi, et Habib Boulares.
L’homme de lettres est parti mais sa valeur littéraire est restée ancrée et sa valeur culturelle demeure éternelle. Cela s’est manifesté d’une manière remarquable à travers les éloges funèbres et les prières que la classe intellectuelle tunisienne a prononcées pour le repos de son âme.
Plusieurs écrivains et littéraires tunisiens dont Mohamed Aissa Meddeb, Kamel Riahi, l’Association tunisienne des Arts et des Lettres (non gouvernementale) ont, derechef, fait son éloge funèbre.
Baccar est né le 31 décembre 1927 à Tunis et était un des fondateurs de l’Université tunisienne (1960) et un de ses principaux piliers grâce à son immense savoir, à la profondeur de ses connaissances ainsi qu’à la constance de son apport.
Tout au long de sa carrière, il a participé au rayonnement de la critique littéraire en Tunisie en se consacrant à définir l’auteur tunisien d’une manière générale, et en se penchant sur l’œuvre de Messaadi, en particulier. Il a été imprégné par l’œuvre du sémiologue et critique littéraire français, Roland Barthes, fondateur de la méthodologie linguistique pour analyser les écrits littéraires (étude des aspects politiques et sociaux). Baccar a également assuré le suivi de thèses de doctorat sur les littératures arabe et mondiale.
Le critique littéraire tunisien a, ainsi, pris part à l’éclosion de la critique littéraire en Tunisie, et fait connaitre davantage l’œuvre tunisienne tels que les écrits de Mahmoud Messaadi et notamment « Abou Houraira a dit » ou « le barrage » qu’il a commentés dans un style critique remarquable.
Il s’est également intéressé aux littéraires arabes tels que l’auteur palestinien Emile Habibi, ou l’écrivain irakien Foued Takerli, ou encore le conteur libyen Ibrahim Kouni.
Taoufik Baccar, c’est aussi l’enfant de l’Ecole Nationale Tunisienne qui faisait partie du mouvement opposé à la colonisation française et au sein duquel se sont regroupés tous les courants littéraires tunisiens désireux de créer le projet national.
Le début de son rayonnement sur la scène culturelle s’était manifesté, pendant les années 50, considérées comme une période d’ouverture sur tous les courants politiques et culturels et qui s’inspiraient des principes de la IIIème République française prônés par le philosophe français Voltaire qui considérait la liberté comme une « valeur centrale universelle ».
Parmi ses œuvres ayant trait à l’analyse et à la critique littéraires, il y a lieu de citer « les introductions », « poésies » (en deux volumes) et « contes arabes » …
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