Sénégal: Un "bus-musée" pour conter l’histoire des tirailleurs
Face à la fréquentation très faible du musée de l’armée sénégalaise, un lieutenant colonel a eu l’idée de lancer un muséobus pour aller à la rencontre des populations civiles.

AA/Dakar/ Yazid Bamse
«Si tu ne viens pas au musée, le musée vient à toi», telle pourrait être désormais la devise du musée de l’armée sénégalaise. Avant, ce lieu d’histoire, crée en 1997, était seulement « visité par de rares touristes et quelques dakarois qui passaient par là », informe le sergent-chef Ismaïla Diatta conservateur.
Aujourd’hui, le musée de l’armée est connu à travers le Sénégal grâce au muséobus. Lancé en 2008, sur l’initiative du colonel Alexis Manga, « le muséobus est un outil pédagogique mobile créé pour aller à la rencontre des populations qui ont du mal à visiter le musée et de celles qui sont trop éloignées de la capitale », renseigne le colonel Souleymane Ndiamé Guèye, directeur des Archives et du Patrimoine Historique (DAHP), interrogé par Anadolu.
Avec ses fresques extérieures, le muséobus attire les passants. A l’intérieur, la décoration a été faite sur le thème exclusif des tirailleurs sénégalais (corps de militaires composé d’Africains noirs, constitué au sein de l'Empire colonial français en 1857, et dissous au début des années 1960).
« C’est important de mettre en exergue l’histoire des tirailleurs sénégalais qui ont défendu une cause noble. Leur combat doit être connu de la nouvelle génération », argumente le colonel Guèye.
Pour l’initiateur et chef de la division musée, le colonel Manga, «le but a été atteint avec la fréquentation en nette hausse du musée et la sollicitation des écoles de toutes les régions du Sénégal qui veulent visiter le muséobus.»
Le joyau du musée de l’armée a même été acheminé en France pour un tour dans les villes de Bordeaux, Paris, à l’occasion du cinquantenaire des indépendances des pays africains en 2010.
Sur le thème de ‘’La Force noire’’, le muséobus a présenté une exposition photographique ainsi qu’un film documentaire sur les tirailleurs. «Ce fut un moment de rencontre avec la population française animée d’une grande curiosité sur les tirailleurs, car leur histoire ne se trouve pas dans les manuels français», se souvient le Colonel Manga.
L’officier supérieur, formé à l’école du Patrimoine Africain (Bénin) a dû faire preuve de ténacité pour voir son muséobus voir le jour. Le projet déposé en 1999 n’a eu un écho favorable qu’en 2008 après une rencontre fortuite avec le général Philippe Bonnet chef des Forces Françaises du Cap-Vert (Dakar).
C’est ainsi qu’un bus de l’armée française a été donné, remis à neuf, et modifié selon les plans du Colonel Manga, pour donner naissance au muséobus en mai 2008.
«Le muséobus accueille un très grand public varié mais surtout scolaire, universitaire et touristique», informe le sergent-chef Ismaïla Diatta, conservateur du muséobus.
Le musée mobile se rend souvent sur invitations dans les écoles du Sénégal à la rencontre des élèves. «Notre plus long voyage dans le pays a été Tambacounda (700 km de Dakar)», renseigne Diatta qui ajoute que la «petite salle vidéo aménagée à l’intérieur du bus reste la plus grande curiosité du public ».
Avec plus de 165 500 kilomètres au compteur, le museobus a fait beaucoup de chemin, d’où l’idée aujourd’hui «de se doter d’un nouveau bus, estiment en chœur le Colonel Guèye et le Lt Colonel Manga.« Il nous faut un autre bus afin de mettre plus en lumière la mémoire combattante et l’histoire militaire sénégalaise», lancent-ils encore.
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