Sénégal: "Quand le jazz est là", Saint Louis brille de tous les éclats
Depuis 23 ans, Saint-Louis au nord du Sénégal accueille un festival de jazz dont l’impact se fait sentir à plusieurs niveaux dans la ville.

AA/ Dakar/ Yazid Bamse
La ville de Saint-Louis (260 km de Dakar) accueille depuis le 20 mai jusqu’au 26, son traditionnel festival de jazz. C’est le plus grand événement culturel pour cette ancienne capitale du Sénégal et de l’Afrique Occidentale Française (AOF).
Depuis le transfert de la capitale sénégalaise à Dakar (1958), Saint Louis a perdu certes de sa superbe économiquement, mais tient à garder son rayonnement culturel surtout avec le festival de jazz lancé par des amateurs de cette musique il y a 23 ans.
« Cela a été créé pour promouvoir la destination Saint Louis, attirer les touristes et allonger la saison touristique qui finit au moins d’avril », renseigne à Anadolu Idriss Benjelloun, secrétaire général de l’Association Saint Louis Jazz, organisatrice du festival, mais aussi directeur de l’Office du tourisme.
Benjelloun, qui travaillait déjà pour le festival lorsqu’il était étudiant, il y a plus de 15 ans, a vu l’évolution et l’importance de cet événement pour une ville comme Saint Louis. «Economiquement, c’est une réussite, avec les hôtels au complet, les taxis en profitent ainsi que tous les métiers liés au tourisme. Et socialement la ville bouge. »
Coté affaires, les hôteliers se frottent les mains durant les jours du festival. Si un hôtel comme l’hôtel de la Poste créé en 1850 a l’habitude d’afficher complet (39 chambres), l’auberge, les Saveurs Africaines à 15 minutes du centre ville, bénit les 6 jours du festival, surtout le week-end.
«Comme ça se passe durant le week-end de Pentecôte, beaucoup de gens en profitent et nos chambres sont réservés depuis au moins deux semaines avant le début de l’évènement », fait savoir Abdou Diop réceptionniste.
Certains touristes croisés en centre ville avouent avoir calé la date de leurs vacances avec celle du Festival. «Je serais venu malgré tout voir Saint Louis, mais c’est vrai que c’est plus sympa d’y entrer au moment du Festival », confie Johan, touriste breton, originaire de Rennes (France).
Les Festival de jazz de Saint Louis a accueilli d’illustres artistes comme Roy Haynes, Louis Sclavis, Lucky Peterson ou encore Ali Farka Touré. Lors de cette édition, des jazzmen venus des USA, d’Italie ou de l’Afrique du Sud ont donné des concerts. Cette année, le groupe phare a été l’Orchestra Baobab, groupe de salsa sénégalais composé de quinquagénaires, qui a fait l’ouverture. Aujourd’hui, pour attirer plus de public, les organisateurs ont ainsi greffé d’autres genres musicaux dans le programme de l’évènement. Du rap ou du gospel ont été à l’honneur ainsi que le Mbalax (genre musical populaire sénégalais).
L’histoire de Saint Louis et du jazz remonterait lors de la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945), lorsqu’un détachement de l’armée américaine, établie à Saint Louis, jouait du jazz dans les lieux huppés de la ville.
«Quelques Américains n’hésitent pas non plus à faire le rapprochement entre Saint Louis et la Nouvelle Orléans (USA), ville natale du jazz car étant fondées toutes les deux par les Français et possédant la même architecture», estime Idriss Benjelloun.