Quand le Tchad expose ses merveilles sahariennes méconnues
"Ceux qui ont dressé la liste des merveilles du monde doivent revoir leur liste" (Premier ministre tchadien)

AA/ Fada (Tchad)/ Abdoulaye Adoum
La région historique triptyque Borkou-Ennedi-Tibesti, "BET", dans le Nord du pays, regorge de trésors peu connus qui pourraient élever le Tchad au rang de pilier du tourisme culturel et saharien.
Située au cœur des massifs de cette aire géographique de 550 000 kilomètres carrés, la localité de Fada a récemment abrité la deuxième édition du Festival International des Cultures Sahariennes, (FICSA).
Suspendus en plein coeur de l'Ennedi, "désert vivant" du Nord Tchad, à 1500 kilomètres de la capitale tchadienne N'dajmena et 700 kilomètres de la localité libyenne de Koufra, près de 2000 visiteurs internationaux, Français, Anglais, Belges et Nigériens, entre autres, étaient présents et agréablement supris, pour la plupart, par la beauté et l'originalité des lieux.
Des sites emblématiques, et pourtant jusque-là, largement méconnus du grand public, y compris des amateurs du tourisme saharien, ont offert un somptueux cadre à l'itinéraire de visiteurs venus découvrir la FICSA. Il en est ainsi, par exemple, des Lacs Ounianga Kebir, inscrits dans le patrimoine mondial de l’Unesco depuis juillet 2012
« Ces paysages fascinent la plupart des gens et les populations qui réussissent à vivre dans ce milieu splendide» témoigne à Anadolu, Issouf Elli Moussami, président de la « Saharienne », association co-organisatrice, avec l'office du tourisme tchadien, du Festival international des cultures sahariennes.
Les apprentis géologues, et férus d’histoire y trouvent de quoi assouvir leur curiosité: le crâne de «Toumaï» datant de 7 millions d’années, et considérés par plusieurs paléoanthropologues comme l'une des premières espèces de la lignée humaine, fut découvert en l'an 2001, dans le Djourab, toujours dans la région du BET.
La récente étude sur l’alimentation de l’Amazonie et de l’océan pacifique par la poussière en provenance du Bodèlé (BET), les gravures rupestres, ainsi que la présence de rares espèces du « caïman saharien » font de cette zone du Tchad « le berceau des sites historiques millénaires », selon le ministre de l’Economie, du Commerce et du Développement touristique, Aziz Mahamat Salah, présent lors de l'inauguration du festival.
«Ceux qui ont dressé la liste des merveilles du monde doivent revoir leur liste », a surenchérit, pour sa part, le Premier ministre, Kalzeubé Pahimi Deubet, présent à la même occcasion.
Les fans du festival international des cultures sahariennes ont par ailleurs voyagé dans le temps pour retrouver, l'espace de 5 jours, la pureté des origines sahariennes à l'occasion des activités du festival: course de chameaux, marathon, chants, danses, et musiques sous les tentes des populations nomades. La cuisine tchadienne a également été au rendez-vous avec l'aménagement d’un espace gastronomique local typique, pour l'agrément des spectateurs des concours d'animaux rivalisant de beauté ou de rapidité.
Autant de rendez-vous venus agréablement rythmer un séjour sans artifice, avec pour toile de fond, un Sahara s’étendant à perte de vue, cachant -encore- une part de ses mystères.
Cette beauté naturelle et ces sites chargés d’histoire sont, toutefois, "menacés" par des facteurs externes, a regretté le Premier ministre tchadien. Pour lui, "certains pays occidentaux" déconseillent le Tchad à leurs ressortissants en quête de dépaysements et de nouvelles connaissances, "pour la simple raison d’un attentat survenu quelque part dans le pays." selon Kalzeubé Pahimi Deubet.
Ce qui prive le Tchad, classé « zone rouge » par certains pays occidentaux, d’une place de choix parmi les destinations privilégiées du tourisme international. Deubet demeure néanmoins "confiant" en la capacité de son pays à se hisser au rang des destinations touristiques privilégiées.