Nouvel An Amazigh au Maroc: Requête renouvelée et escalade en vue (Reportage)
-Les associations amazighes critiquent, notamment, l’absence de réponse gouvernementale.

Morocco
AA / Rabat / Anas Radwan
Les associations amazighes marocaines ont renouvelé leur appel au gouvernement pour qu'il reconnaisse Le premier jour de la nouvelle année amazighe comme un jour férié national et un congé chômé payé, semblable à l’année calendaire et celle du calendrier musulman.
Les Amazighs donnent l’appellation de "Edh Janvier" (la nuit de Janvier) au nouvel an Amazigh qui correspond au 13 janvier de chaque année.
Cette année sera l'année 2968 du calendrier Amazigh, une date qui célèbre le début de la montée sur le trône d’Egypte du roi amazigh "Shishnaq" au temps des pharaons (anciens Egyptiens), en 950 avant JC, selon les historiens amazighs.
Les associations de défense amazighes ont décidé d’observer une grève, en marge du nouvel an amazigh, alors qu'au cours des dernières années, elles ont simplement communiqué avec différentes institutions gouvernementales et lancé des campagnes à travers les différentes plateformes des réseaux sociaux.
Adil Adasco, coordinateur de la coordination de la ville de Tamsna du mouvement "Toada Nimazigan" (non gouvernemental), a déclaré à Anadolu, à ce propos: "Depuis des années, nous appelons à l'adoption du jour du nouvel an amazighe comme fête officielle, et le gouvernement ignore toujours cette demande."
Il a ajouté qu’"Aujourd'hui, nous sommes obligés d’adopter l’escalade, car les Amazighs vont élever la voix en boycottant les cours et le travail et il a invité les partis politiques, les associations et tous les marocains à participer à cette grève. "
Il s'est déclaré surpris de l'absence de réponse à cette demande, en particulier après que l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a reconnu le Nouvel An amazigh comme patrimoine commun de l'humanité. Ainsi, de nombreux citoyens se demandent pourquoi ils n'ont pas accepté cette demande. "
Et notre interlocuteur de poursuivre : "Rien ne saurait justifier le refus de l’Etat d’une telle reconnaissance. La question à se poser est donc la suivante : que va perdre le Maroc si la nouvelle année amazighe sera officiellement déclarée fête nationale payée?’’.
Il a souligné que "la proclamation de cette journée comme jour de fête nationale mettra l'accent sur la volonté politique du gouvernement de promouvoir les Amazighs, notamment à la lumière de ses progrès dans le domaine de la diversité culturelle et identitaire".
**L’identité marocaine
À son tour, Boubakar Onguir, coordinateur national de la Ligue amazighe pour les droits de l'Homme, a exprimé ce qu'il a appelé «la déception des amazighs face à la gestion par le gouvernement d'une demande aussi simple».
Boubaker a souligné que "les associations de droits amazighs attendaient un accord en particulier du Premier ministre Saad Eddin Othmani en raison de ses origines amazighes, mais il n'a pas répondu jusqu’à maintenant’’.
Il s’est demandé: "Comment peut-on exclure le Nouvel An amazigh des célébrations officielles de l'Etat à une époque où le pays célèbre d'autres fêtes et occasions, dont certaines sont loin de la culture marocaine?".
Il a souligné que "la culture amazighe fait partie intégrante de l'identité de tous les Marocains, ce qui rend l'État obligé d'adopter la fête du Nouvel An Amazigh ».
«Notre appel à l'adoption de la nouvelle année amazighe en tant que fête nationale et jour férié est une demande logique, rationnelle et en accord avec l'esprit de la Constitution marocaine. La célébration de la nouvelle année amazighe symbolise l'héritage historique et la civilisation amazighe du Maroc’’.
Comme le gouvernement marocain n'a pas répondu aux demandes des Amazighs, l'Assemblée mondiale amazighe a appelé dans un communiqué, les partis politiques et les associations à boycotter le travail et les études le jour de l’An amazigh.
L'article 5 de la Constitution marocaine de 2011 énonce que "l'arabe demeure la langue officielle de l'Etat et qu’il sera protégé et développé par l'Etat qui va promouvoir son utilisation" de même que l'amazigh est à son tour une langue officielle de l'Etat marocain représentant ainsi un atout commun pour tous les Marocains, sans exception.
Les mouvements amazighs ont lancé une pétition électronique sur le site Web d'Avaaz, exigeant que le gouvernement adopte officiellement le Nouvel An amazigh.
Selon Anadolu, le nombre de signataires de la pétition était d'environ 4 000 personnes.
En septembre 2016, le gouvernement marocain a ratifié un projet de loi réglementaire déterminant les étapes d'activation du caractère officiel de la langue amazighe et comment l'intégrer dans le domaine de l'éducation et de la vie publique prioritaire.
Le projet prévoit des dispositions spécifiques pour adopter l’amazighe dans divers domaines, tels que l'éducation, la culture, la justice, les médias, l'administration, le travail parlementaire, les services publics et les municipalités.
Ce projet est encore à l'étude au Parlement et, s'il est approuvé par les députés, il sera publié au Journal officiel pour entrer en vigueur.
Le Maroc a adopté l'accréditation de l'écriture amazighe avec les caractères "Tifinagh» depuis février 2003, la même année où un modèle d'enseignement de cette langue a été adopté dans l'enseignement élémentaire primaire.
** Traditions spéciales
Les Amazighs célèbrent "Eid janvier" à travers la renaissance de leurs traditions extraordinaires notamment la préparation de spécialités ethniques et l'organisation de concerts qui reflètent le patrimoine hérité des zones Amazighs où ils échangent les félicitations avec l’expression "Akgas Amgaz" qui signifie "bonne année" en langue amazighe.
Les revendications des Amazighs et les manifestations de leur célébration du Nouvel An amazigh ne se limitent pas au Maroc, puisqu’ils sont répartis dans le reste de l'Afrique du Nord et de l'Ouest, en Mauritanie, au Mali et dans la région côtière où se trouvent les Touaregs (Amazighs).
Il n'y a pas de chiffres officiels sur le nombre de locuteurs en langue amazighe, mais c’est une communauté autochtone vivant dans la région allant de l'oasis de Siwa (ouest de l'Égypte) vers l'Ouest jusqu'à l'océan Atlantique à l'ouest, et de la mer Méditerranée au nord jusqu’au sud du Sahara.