AA/Bamako/Baba Ahmed

Occupée par les éléments d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) entre avril 2012 et janvier 2013, Tombouctou, ville du Nord Mali, s’est vue déshéritée d'une grande part de son patrimoine culturel et de nombre de ses mausolées.

Aujourd'hui la "Cité des 333 saints", voit sa renaissance grâce à un projet de reconstruction financé par l'Organistaion des Nations-Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO).

Les profanateurs du groupe extérmiste auront, en effet, durant cette période, saccagé 14 mausolées sur les seize classés au partimoine mondial de l’Unesco.

Dépourvue de ses mausolées, lieux hautement symboliques et à haute valeur religieuse et culturelle, la ville de Tombouctou était comme "livrée à elle même et vidée de son sens", juge un habitant de la ville.

"Les mausolées sont des composantes essentielles du système religieux dans la mesure où, selon la croyance populaire, ils étaient le rempart qui protégeait la ville de tous les dangers", relève l'Unesco sur son site web.

Selon Lazare Eloundou, Chef du Bureau de l'Unesco à Bamako, trois millions de dollars sur les onze millions nécessaires pour la réhabilitation de tout le patrimoine détruit par les extrémistes ont été débloqués.

Eloundou ajoute que ces trois millions seront consacrés à la réhabiltaion des mausolées. 

Le projet de réhabilitation s’étalera sur 4 années, le temps de reconstruire 14 mausolées, 3 mosquées et les bibliothèques de la ville, selon lui. 

De leur côté les habitants de Tombouctou se montrent impatients de voir leurs mausolées reconstruits et de nouveaux ouverts aux visiteurs.

Alassane Hassey, superviseur général des travaux de la reconstruction des mausolées souligne, pour sa part, que les travaux avancent à un bon train "d'autant plus que les habitants qui y participent sont trés motivés".

Il précise à Anadolu que les travaux de reconstruction seront terminés d'ici la fin du mois de juillet notant que deux mausolées sont déjà fin prêts.

Sidi Yahiya, habitant de Tombouctou, se dit "impressionné par le travail rendu" notant que "la reconstruction a été faite dans le respect total des spécifictés architecturales originales".

"A Tombouctou, les mausolées sont des lieux hautement symboliques, les habitants s'y rendent trois jours par semaine: lundi, jeudi et vendredi pour se recueillir sur les tombes des saints et s'imprégner de leur conduite exemplaire", délare à Anadolu, un autre habitant de la ville, ajoutant qu'au delà de leur valeur culturelle, les mausolées sont un lieu de rapprochement qui fédère toutes les communautés.

En effet, à Tombouctou, tous sont unanimes quant au côté érudit des saints, fait qui rend ces travaux de restauration doublement importants. "En reconstruisant ces mausolées nous créons un environnement favorable à la paix et la réconciliation mais, aussi, nous rendons à la ville, qui vit grâce à ses ressources culturelles et au tourisme, une part de ses richesses", relève, à ce propos, Lazare Eloundou.

Fondée entre le XIe et le XVIe siècle par des tribus touaregs, Tombouctou a été un grand centre intellectuel de l'islam et une ancienne cité marchande prospère des caravanes. Inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, les mausolées, mosquées et bibliothèques sont les témoins de l'âge d'or de Tombouctou quand elle était un carrefour économique, intellectuel et l'un des centres spirituels et culturels les plus prestigieux du monde musulman.  

Le 8 avril 2014, une délégation de diplomates africains et occidentaux, conduite par des responsables de l'Unesco qui finance les travaux, a posé la première pierre de la reconstruction qui concernait le mausolée de Cheikh Sidi El Mikki.