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Les mosquées de Lubumbashi, une "bénédiction" pour les non-musulmans

L'appel à la prière matinale sert d'alarme à des milliers de travailleurs chrétiens.

18.08.2015 - Mıse À Jour : 18.08.2015
Les mosquées de Lubumbashi, une "bénédiction" pour les non-musulmans

AA/ Lubumbashi/ Héritier Maila

Bernard, la quarantaine, n'est pas musulman. Pourtant, ce Katangais quitte le lit, de façon quasi mécanique, très tôt ce matin d'août, en entendant le Muezzin de la mosquée voisine appeler les fidèles à la prière.

Ce travailleur des mines bénit tous les jours la voix chantonnante qui se propage du minaret, et qui lui réserve un réveil en douce, mais non moins certain.

"Dès le mois de mars et jusqu'à la fin de l'autonme, je ne rate pas une seule fois mon bus matinal" déclare-t-il à Anadolu, expliquant que pendant l'hiver, il ne peut plus compter sur le réveil des Muezzins pour se réveiller, la prière se tenant plus tardivement.

Comme lui, ce sont des milliers d'habitants de Lubumbashi, capitale de la Province du Katanga et l'une des grandes villes minières de la RDC, à côtoyer de très bonne heure, les fidèles musulmans en route vers la mosquée.

"On s'échange les salutations quand on les [les fidèles, ndlr] croise de bonne heure, alors qu'ils partent à la mosquée. Cela a un effet positif sur notre ponctualité, mais aussi sur notre humeur. C'est quand même plus agréable et moins brusque que le réveil installé à côté de mon oreille", poursuit Bernard Kiboko, de confession chrétienne comme la plupart des habitants de la ville.

"C'est surtout un réveil que l'on ne peut pas éteindre d'un geste de la main" renchérit Carlos Muzinda, habitant le Quartier Industriel commentant "les bienfaits" de ces trois mosquées construites il y a, à peine une année.

Dans ces zones périphériques de Lubumbashi, où il y a une forte concentration d'habitants, près de 2000 personnes travaillent dans les entreprises minières. Ces agents sont obligés de prendre le bus à 6 heures du matin pour se rendre dans les concessions minières.

« Avant on avait de très grande difficulté pour réveiller à temps et prendre notre bus, car il ne passe qu’une seule fois, à si 6 heures, si vous le ratez vous ne saurez plus partir dans la carrière car c’est très loin en brousse nous ne sommes obligés que d’être là à l’heure pour ne pas être absent au service. Peut-être que les musulmans eux-mêmes ne savent pas le service qu’ils rendent à plus de 2000 personnes qui travaillent dans les concessions minières. Désormais ceux qui habitent ces quartiers n’arrivent plus en retard car ils savent qu’à 5 heures du matin, il y a un réveil sûr », raconte à Anadolu, Héritier Mahamba, un des habitants du Quartier Kigoma.

Commentant "ce réveil sûr", Yves dit que "ce programme est respecté comme si on avait signé un contrat avec la communauté musulmane alors que je ne fréquente même pas ce lieu de culte, mais il est déjà entré dans nos vies, dans nos mentalités et nous l’avons déjà accepté car il y va de notre intérêt. », explique à Anadolu cet habitant du Quartier Industriel.

Les chants en provenance des mosquées profitent également aux écoliers, les commerçants du marché.

« Cela est déjà entré dans notre vie, si vous demandez à tout habitant du quariter Hewa bora il vous dira qu'à 5 heures, il a toujours les yeux ouverts et a toujours le temps de faire ce qu’il veut faire. Les élèves qui doivent arriver à 7H aux cours, ils sont servis, également d’autres travailleurs qui arrivent au service à 7H. les vendeurs aux marchés qui commencent très souvent leurs activités à 6H, ils sont également servis et personne ne vous dira le contraire », raconte à Anadolu Ernest Kibwe, chef de Quartier Hewa bora.

Du côté de la communauté musulmane, qui compte 10% de l'ensemble des habitants de la Province, soit 800.000 environ (même pourcentage au niveau national avec environ 8 Millions de musulmans), selon des estimations officielles, on se réjouit du service rendu par les mosquées à toute la communauté provinciale, à majorité chrétienne.

«Si nos mosquées peuvent servir à toute la communauté cela ne peut que nous réjouir malgré que notre rôle n’est pas celui de servir de réveil. Nous sommes contents que nous soyons acceptés dans ces quartiers car au lieu que les chants du matin, qui d’ailleurs sont en arabe laquelle langue n’est pas parlée ici à Lubumbashi, gênent ou soient considérés comme des bruits nuisibles, ils servent à réveiller ceux qui partent à la recherche de leur pain quotidien. Cela prouve à suffisance que l’Islam est bien accepté dans notre pays et qu’il n’y a pas de problèmes entre la communauté musulmane et chrétienne », selon Al Hadj Useni, représentant la communauté islamique du Katanga, se confiant à Anadolu.

 
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