Les citadins éthiopiens s’affranchissent du mariage arrangé
Si quelques décennies auparavant le mariage traditionnel était la règle, de plus en plus de jeunes couples décident à présent de vivre sous le même toit avant même de convoler en justes noces.

AA/Addis-Abeba (Ethiopie)/ Seleshi Tessema & Abebech Tamene
Kiflu Abebe a rencontré pour la première fois sa jeune épouse, Selamawit Gashaw, trois ans auparavant, dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba.
«Nous sommes sortis ensemble pendant trois ans et étions d’accord pour vivre ensemble avant le mariage» a expliqué Abebe, âgé de 30 ans, à Anadolu .
Abebe et sa jeune épouse de 24 ans font partie des nombreux citadins éthiopiens qui de plus en plus rejettent les principes traditionnels du mariage arrangé.
Le jeune éthiopien a révélé que son épouse et lui ont vécu en concubinage pendant trois années avant leur mariage et entretenaient des relations sexuelles.
«Nous avons ainsi pu mener une vie saine et satisfaisante» a affirmé le jeune marié.
Un chercheur de l’université d’Addis-Abeba, Solomon Tessema, a indiqué que beaucoup d’Ethiopiens et Éthiopiennes vivant dans les villes poursuivent, à présent, un idéal de vie moderne qui dévie des traditions conservatrices en matière de mariage observées auparavant dans le pays.
«Les mariages urbains ou quasi-modernes en Ethiopie combine la conformité culturelle avec une déviation par rapport aux traditions» a expliqué Tessema.
« Chaque marié – ainsi que la famille, les amis et la communauté – accepte les règles et célèbre les rituels, tout en sachant que plusieurs des coutumes traditionnelles ont été transgressées» a ajouté le chercheur.
D’après la tradition éthiopienne, le futur marié choisi trois ou quatre personnes âgées de son entourage pour solliciter la famille de la future mariée.
Une rencontre est ensuite fixée durant laquelle les Anciens visite la famille de la future épouse pour demander sa main au nom du jeune homme.
Après une certaine période, la famille de l’homme reçoit la réponse de la famille de la femme.
Dans la majorité des cas, le processus peut prendre des mois, voire même une année ou plus.
«Quelques 70 ou 80 années auparavant, la virginité [de la mariée] était la condition qui permettait de poursuivre le mariage ou de l’arrêter immédiatement » a confié Tessema.
« Si l’on découvrait que la jeune mariée avait eu des relations sexuelles avant le mariage, cela était considéré comme un péché mortel et l’union était déclaré nulle et non avenue» a affirmé l’universitaire.
« Le rôle des familles urbaines a, de nos jours, été réduit à simplement exprimer leur approbation et à célébrer les rituels » a cependant modéré Tessema, notant l’évolution de la société éthiopienne.