Culture et Arts, Archive, Afrique

La capitale royale de Muramvya, vestige de la monarchie burundaise

La résidence royale est aujourd'hui en ruines, à défaut d'entretien.

19.03.2015 - Mıse À Jour : 19.03.2015
La capitale royale de Muramvya, vestige de la monarchie burundaise

AA/ Bujumbura/ Ndabashinze Renovat

Les vestiges de "la capitale" royale, nom donné à la grande résidence des souverains du Burundi, à Muramvya (centre), témoignent de l'époque révolue de la monarchie burundaise.

Il s'agissait d'un domaine, dont la superficie ne dépassait guère 1 kilomètre carré, qui refermait principalement trois cours, abritant le palais royal, les appartements des princes ou du personnel, les temples et les greniers et étables, se rappelle Kaziri, un octogénaire de la colline Masango (Muramvya), rencontré par Anadolu.

Pour Nestor Manirakiza, gestionnaire et guide au Musée vivant de Bujumbura, le palais royal de Muramvya, aujourd'hui en ruines pour manque d'entretien, à l'instar d'autres symboles monarchiques, n’avait, cependant, "rien de commun avec ceux d'autres dynasties dans le monde".

 A l’extérieur de la clôture, à quelques mètres de l’entrée, un espace herbeux et dégagé voyait affluer tous les jours une foule de visiteurs en quête de faveurs. Un arbre "sacré" y était planté.

"C’est sous cet arbre que tous les demandeurs de paroles, de faveurs, les porteurs de doléances attendaient leur rôle, avant d'être reçus, un à un, par le roi lui-même !" se rappelle Kaziri.

L'autre particularité de la cité royale se rapportait aux rites pratiqués lors de la mort d'un roi. On disait que "le ciel s’est effondré". Toutes les activités étaient suspendues et le deuil durait plusieurs mois. La levée du deuil correspondait à l’intronisation du nouveau Roi", témpoigne Kaziri, qui se rappelante encore l'intronisation, en septembre 1966, de Ntare V, dernier roi du Burundi, renversé, 3 mois plus tard par un coup d'Etat mené par le capitaine Michel Micombero, qui proclamait la République.

La maison du Roi comprenait plusieurs subdivisions, aux fins d'éviter les incendies, selon le guide du Musée vivant de Bujumbura. "La prudence était de rigueur parce que tout le palais était fait de matériaux végétaux facilement inflammables", témoigne Manirakiza.

Un petit espace de cette résidence, séparé du reste de la maison avec des tressages en bambous, attisait les curiosités de tout le royaume. Il s'agissait d'un vestibule, lieu de discussion privilégiée, entre le roi et la reine, parfois en présence de quelques dignitaires, auquel la légende populaire attribuait bien des histoires. C'est ici, par exemple, que des décisions-clefs dans l'histoire du royaume ont été prises, et c'est dans ce petit espace que l'ancien roi Mwambutsa IV aurait manoeuvré habilement pour se maintenir comme chef de l'Etat après l'indépendance de la Belgique en 1962.

A la sortie de la maison royale, la troisième cour s'offrait au regard des visiteurs. Elles était réservée selon Kabura aux femmes, à l’alimentation, et abritait les greniers et des maisons pour les cuisiniers et les servantes, qui se comptaient par dizaines. Les servantes avaient, entre autres missions, l’éducation des filles du roi.

Une discipline de fer régnait et s'imposait à tous les résidents de la cour,  "on n’avait pas droit à l’erreur" se rappelle Kabura "aussi bien  pour le personnel issu de l'ethnie Tutsi que Hutu". Le jardinage, les services de bouche, le personnel de garde et d’entretien était répartis entre ces deux ethnies. 

" Certains jeunes célibataires Tutsis gardaient les vaches, un nimal des plus importants à l'éapoque. Aucun défaut physique ou moral n’était toléré chez ces jeunes" se rémémore Kabura, soulignant que le trayeur recevait du roi une dotation en bétail et une épouse, à la fin de sa mission.

La cité royale était par ailleurs très diversifié. D’autres "castes" étaient directement impliquées dans la vie de la cour. Kabura évoque, ainsi, un réseau des banyamabanga (les conservateurs des secrets), constituant une véritable aristocratie politico-religieuse. Il s'agissait de grands ritualistes voués, par exemple, à l’entretien du tambour dynastique Karyenda, ainsi que des devins ou des magiciens.

Les fils majeurs du roi étaient placés, quant à eux, aux périphériques du pays "pour deux raisons principales", selon Kabura, l’ancien trayeur à la cour royale. L'objectif était d'abord de protéger le pays contre les invasions étrangères, puis, d'éviter que les Princes ne renversent leurs père". Finalement un prince a pourtant renversé son père. Il s'agit du dernier roi Ntar V qui a chassé son père du pouvoir en 1966.

 
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın