Hôtel de Monaco: Un immeuble parisien qui tisse les liens entre la Turquie, la Pologne et la France

AA - Paris - Bilal Muftuoglu
L'Hôtel de Monaco, un hôtel particulier parisien construit à la fin du 18e siècle, témoigne aujourd'hui la longue histoire entre l'empire ottoman, la Pologne et la France.
Cet hôtel utilisé par l'empire ottoman comme sa première ambassade à l'étranger au 19e siècle a été acheté par la Pologne qui y installe à son tour son ambassade après la Deuxième Guerre mondiale. L'ambassade a ouvert ses portes à Anadolu pour tracer l'histoire d'un immeuble d'exception, édifié pour l'épouse du Prince de Monaco, Catherine de Brignole par l'architecte Brongniart.
L'utilisation de l'hôtel particulier par l'empire ottoman est particulièrement marquante pour la Pologne, affirme Agnieszka Kucinska, chef de la section consulaire, dès lors que les Ottomans étaient les premiers au monde à reconnaître l'indépendance de la Pologne.
"Cet immeuble illustre l'amitié continue et de longue date entre la Pologne et la Turquie, qui fêtent le 600e anniversaire de leurs relations diplomatiques", souligne le consul Kucinska.
Il ne reste aujourd'hui aucune trace dans l'ambassade de l'époque ottomane, regrette Kucinska, ajoutant tout de même que ses souvenirs ne se sont jamais estompés au fil du temps.
L'ambassade ouvre ses portes dans le cadre de la Journée du Patrimoine et a accueilli près de 3 000 personnes lors de sa dernière édition, tient à préciser Kucinska.
L'Hôtel de Monaco accueille par ailleurs la diaspora polonaise en France, dont le nombre est estimé à environ 700 000, note la diplomate polonaise. "Nous organisons des conférences avec l'intervention des écrivains polonais de renom ainsi que les défilés des créateurs de mode polonais", ajoute-t-elle.
L'Hôtel de Monaco a été en outre habité par les Anglais et les Autrichiens, indique Kucinska. Le compositeur franco-polonais Frédéric Chopin s'était produit pour la première fois devant le public dans cet immeuble, fait savoir la diplomate.
Osman Nihat Bisgin, guide du département des Palais Nationaux en Turquie, souligne de son côté que le premier représentant permanent de l'empire ottoman dans cet immeuble a été Esséid Ali Efendi, nommé initialement à ce poste pour une durée de 3 ans en 1797.
"Malheureusement les choses ne se sont pas déroulées comme prévu pour Esséid Ali. L'expédition française d'Egypte au début du 19e siècle a fortement nuit aux relations franco-turques et Esséid Ali a du rester en France comme un réfugié politique", note-t-il.
Pourtant, Esséid Ali n'a jamais été privé de sa résidence, il a assuré ses fonctions de représentant comme un ambassadeur non accrédité pour une période totale de 5 ans et 8 mois.
Esséid Ali avait été accueilli avec un vif intérêt en France à sa première arrivée, explique Bisgin. "Tout le monde voulait venir le rencontrer. Cet immeuble est par ailleurs tout près de l'Assemblée nationale. Les Français voulaient ainsi garder Esséid Ali près d'eux et de maintenir un contrôle sur les visiteurs de l'ambassade", poursuit-il.
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