AA / Istanbul / Seyma Erkul Dayanc

Le musée du Louvre pourrait être contraint de fermer ses portes lundi en raison d’un mouvement de grève lancé par plusieurs syndicats, qui dénoncent une dégradation continue des conditions de travail et de l’accueil du public.

Les salariés du musée du Louvre devaient se réunir en assemblée générale lundi à partir de 9 heures, heure locale, pour voter l’ampleur de la mobilisation, avec un verdict attendu vers 10 heures, selon des sources syndicales citées par franceinfo, le média d’information en continu du service public français.

Les organisations syndicales CFDT (Confédération française démocratique du travail), CGT (Confédération générale du travail) et SUD (Solidaires, unitaires et démocratiques) ont déposé un préavis de grève reconductible, estimant que la situation sociale au sein du plus grand musée français est devenue « ingérable ». « L’ensemble du personnel, toutes catégories confondues, n’en peut plus », a déclaré Valérie Baud, déléguée CFDT du musée.

Selon les syndicats, la mobilisation concerne aussi bien les agents d’accueil et de surveillance que les personnels scientifiques, les régisseurs et les documentalistes. Christian Galani, représentant de la CGT Culture au Louvre, a indiqué que de nombreux agents étaient prêts à « perdre une journée de salaire » pour faire entendre leurs revendications professionnelles.

Le malaise social s’est accentué à la suite d’une série d’incidents récents. Le cambriolage de la galerie d’Apollon, survenu le dimanche 19 octobre en plein jour, a marqué un tournant, selon la CGT, qui estime que l’établissement a depuis été fragilisé sur le plan de la sécurité. D’autres événements ont suivi, notamment la fermeture temporaire de la galerie Campana à la mi-novembre pour des raisons structurelles, puis une fuite d’eau ayant endommagé plusieurs centaines d’ouvrages de la bibliothèque des antiquités égyptiennes, a précisé le musée.

Dans un courrier adressé à la ministre de la Culture, Rachida Dati, les syndicats dénoncent une pénurie chronique d’effectifs, des fermetures fréquentes d’espaces muséographiques et la vétusté de certaines infrastructures. Ils évoquent également une « montée en flèche des risques psychosociaux », un constat partagé par la CGT.

Les représentants du personnel réclament notamment la création urgente de postes dans les filières accueil et surveillance, ainsi que la titularisation et l’augmentation du temps de travail des agents contractuels, selon le contenu de la lettre.

Les syndicats s’appuient également sur un rapport récent de la Cour des comptes, qui a alerté début novembre sur une « dégradation accélérée » du musée. Ils demandent que certaines ressources financières, notamment celles issues de la licence de marque « Louvre Abu Dhabi », soient prioritairement utilisées pour la rénovation et la sécurisation de l’établissement, plutôt que pour de nouveaux projets architecturaux.

Les critiques visent aussi la présidente-directrice du musée, Laurence des Cars. La CGT évoque des relations « très distantes » avec la direction depuis son arrivée en septembre 2021. Les syndicats estiment que leurs alertes internes n’ont pas été suivies d’effet et souhaitent désormais dialoguer directement avec le ministère de la Culture.

De son côté, Laurence des Cars a contesté les conclusions sévères de la Cour des comptes lors d’une précédente intervention sur franceinfo, affirmant que le Louvre avait besoin de transformations et de modernisation pour répondre aux enjeux d’un musée du XXIᵉ siècle.