Culture et Arts

France: "Hijab Day", une journée pour "démystifier" le voile

- Organisée par les étudiants de SciencesPo, la journée "Hijab Day" met le voile à l'honneur alors que le gouvernement français s'en est pris récemment contre le port du voile dans les universités

Bilal Müftüoğlu  | 20.04.2016 - Mıse À Jour : 21.04.2016
France: "Hijab Day", une journée pour "démystifier" le voile ( Bilal Müftüoğlu - Anadolu Ajansı )

Paris

AA - Paris - Bilal Muftuoglu

Le voile musulman, qui a récemment fait l'objet d'un débat en France par les propos polémiques du Premier ministre Manuel Valls et la ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes Laurence Rossignol, a été mis à l'honneur mercredi à SciencesPo Paris.

Organisé par un collectif d'étudiants de SciencesPo, l'évènement baptisé "Hijab Day" ou journée du voile, a mis l'accent sur ce tissu porté par les femmes musulmanes, appelant les filles et les garçons de toute confession religieuse à venir à l'école voilés pour la journée.

Installé dans la Péniche de SciencesPo situé dans le 7e arrondissement de Paris, le collectif a offert des voiles aux étudiants, tout en proposant des explications sur la signification de porter le voile dans l'islam et en débattant sur la place des femmes voilées au sein de la société française.

L'objectif de la journée est de "démystifier le tissu", explique le collectif sur la page de l'évènement sur Facebook. "Il y a autant de voiles que de femmes. C’est la personne qui le porte qui donne une signification à son vêtement, et elle est la seule légitime à le faire", explique encore le collectif.

Selon les organisateurs de l'évènement, le fait de porter le voile pour un jour permettrait notamment de "prendre conscience du regard de l’autre" et de comprendre "l’expérience de la stigmatisation vécue par de nombreuses femmes voilées en France".

La journée du voile qui survient seulement quelques jours après le débat lancé par Valls sur l'interdiction du voile à l'université ou encore les propos de Rossignol comparant les femmes voilées aux "nègres qui étaient pour l'esclavage" a également suscité, dans une moindre mesure, l'opposition, notamment celle du syndicat étudiant proche de la droite "Uni" ou encore le collectif Front National de SciencesPo.

- "Hijab Day, c'est notre réponse à la ministre Rossignol"

Sonia, étudiante en 2e année de licence à SciencesPo, explique l'importance de cette journée comme un moyen qui permet de "dénoncer toutes les polémiques qui sont autour de la question du voile, notamment au plus haut niveau de l'Etat".

"Hijab Day, c'est notre réponse à la ministre Rossignol", poursuit Sonia, insistant sur le fait que les femmes voilées, dont elle fait partie, "ne [sont] pas comparables à des nègres qui étaient pour l'esclavage".

"Le voile ne met pas la laïcité en péril à l'université", affirme encore la jeune étudiante, soutenant qu'il n'y aucune raison qui permet au gouvernement français de légitimer notamment une interdiction éventuelle du voile dans les établissements de l'enseignement supérieur.

- "La question du voile est un débat superficiel"

Pour Fakassi et Saadia, étudiantes en 1e année de licence, c'est surtout l'émergence soudaine du débat sur le voile qui les dérangent. "C'est un débat superficiel, estiment-elles, qui mène pas au fond des débats. En France aujourd'hui on a d'autres problèmes, comme le chômage ou la précarité, pourtant on s'intéresse à des femmes voilées".

Le sujet pourrait susciter des réactions, comme cela a été le cas avec certains étudiants ou une partie des hommes politiques, reconnaissent les jeunes étudiantes, tout en soulignant qu'elles préfèrent se concentrer plutôt sur le soutien à leur initiative, un soutien qui les "surprend agréablement", d'après Fakassi.

Le soutien permettrait éventuellement, selon Fakassi, de passer au-delà de "l'image d'une femme qui est voilée, qui ne parle pas, qui n'a pas forcément une identité".

L'idée, c'est de "montrer que derrière chaque voile se cache une femme qui a ses propres opinions", précise-t-elle.

- "Personne ne doit se mêler de ce que portent les autres"

Pour une autre jeune étudiante venue dans le cadre d'un programme d'échange à SciencesPo et qui a voulu garder l'anonymat, l'objectif de la journée, c'est surtout de défendre la liberté des femmes et de soutenir "les femmes voilées qui font l'objet des discriminations en France".

Originaire de Palestine et de confession orthodoxe, la jeune étudiante dit "comprendre l'idée d'appartenir à une minorité" et explique les actes discriminatoires subis par ses amies voilées en France. "On leur a même crachée au visage dans les rues juste parce qu'elles portent le voile", note-t-elle.

La jeune Palestinienne entend également, par le biais de cette journée, de "lutter contre l'oppression" et les restrictions imposées aux femmes. "Personne ne doit se mêler de ce que portent les autres", souligne-t-elle.

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