Culture et Arts, Analyse

En RDC, les Sourds-muets bravent tous les obstacles pour forger leur destin

En dépit du manque de moyens.

Nadia Al Chahed  | 01.10.2015 - Mıse À Jour : 02.10.2015
En RDC, les Sourds-muets bravent tous les obstacles pour forger leur destin

Goma

AA/Goma(RDC)/Charly Kasereka

Beby Kambale, jeune président de l’Association des sourds-muets de Goma (Est de la RDC), suit des études en développement rural dans une université normale, son objectif: décrocher un diplôme reconnu par tous même si "ses chances de trouver un poste stable au sein d'une entreprise de la place restent très limitées", confie-t-il, à Anadolu.

 Cette détemintaion dont il fait preuve et qu'il partage d'ailleurs avec beaucoup de ses semblables, est un moyen de montrer que les Sourds-Muets sont bien capables de relever des défis et de réussir, déclare-t-il à Anadolu.

Goma, chef lieu du Nord-Kivu (Est), compte environ six mille handicapés auditifs sur un total d'environ 800 mille habitants (selon les chiffres de l’association locale de sourds-muets), une prévalance qui incombe, selon des sources locales concordantes, aux mariages consanguins fréquents entre des déplacés, fuyant les guerres dans leurs villages et venus s'installer à Goma.

Dans cette ville particulièrement frappée par cet handicap, Ephata est le nom providentiel d'un centre de formation, crée en 1984, par un missionnaire américain du nom d'Andrew Foster. 

Ce centre accueille depuis 1984 des sourds muets de Goma et ses proches environs à qui il offre une prise en charge et une formation spécifiques, dans différents métiers afin de leur permettre d'être autonome et d'assurer leur propre prise en charge, indique Anicet, un enseignant qui y exerce depuis une dizaine d'années.

Le centre compte outre les espaces dédiés à la formation professionnelle, un espace pédagogique, crée en 1994, où est administré le programme scolaire national en langue des signes.

 Toutefois, en dépit de la volonté des enseignants et de l'enthousiasme des jeunes élèves, les résultats atteints demeurent loin des objectifs visés, relève Anicet, évoquant, "les moyens trés réduits du centre qui ne bénéficie que des subventions de donateurs et des sommes modestes versés par les familles des élèves".

 Il explique, à ce propos, que la formation administrée dans le centre coûterait au moins 500 dollars par an, alors que les bénéficiaires, "majoritairement issus de familles pauvres, ne déboursent que 300 dollars".

"Ici, nous leur apprenons la langue des signes ainsi que certains métiers tel que la menuiserie, la maçonnerie pour les garçons et la couture pour les jeunes filles", ajoute Anicet, qui se désole que malgré leurs compétences intellectuelles, les sourds-muets à Goma demeurent "écartés des entreprises privées comme de celles de l’Etat".

Toutefois et en dépit du manque de moyens, de nombreux porteurs d'handicap réussissent à s'en sortir et à créer leurs propres projets.

Tel est le cas de Masika, sourde-muette de naissance, qui dirige du haut de ses 27 ans, un atelier de couture dans le centre ville de Goma, où elle assure l'encadrement de dix autres filles également sourdes-muettes.

 Chaque jour avant de quitter son domicile, situé dans un quartier résidentiel de Goma, elle prend soin du petit Shadrack, également sourd-muet, qu'elle prend en charge, sa mère l'ayant abandonné dans la rue alors qu'il était encore bébé.

Bien qu'incapable de prononcer un mot, Masika réussit à communiquer sa détermination à ceux qui l'entourent. 

 Elle a tout fait pour s’imposer et s’intégrer, confie-t-elle à Anadolu. Pour Masika c'est la formation qu'elle a reçue dans le centre Ephata qui lui a permis de s'en sortir.

De leur côté, les jeunes garçons sourds-muets se lancent plutôt dans la menuiserie, à l'instar de Serge Kabalama, 28 ans, qui a appris la menuiserie dans le centre Ephata, et qui est aujourd'hui le chef d'un atelier.

Usant de la langue des signes, Serge tente d'expliquer à Anadolu que malgré leurs compétences, les menuisiers sourds-muets se retrouvent, souvent confrontés à un problème de taille à savoir la communication avec les clients se désolant que ses semblables demeurent exclus et mal estimés. 

Bien que l'article 49 de la Constitution de la RDC protège cette catégorie de personnes, «La personne du troisième âge et la personne avec handicap ont droit à des mesures spécifiques de protection en rapport avec leurs besoins physiques, intellectuels et moraux», l'application du texte promulgué depuis 2006, tarde à être sentie sur le terrain, jugent les concernés.

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