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"El Hadji Omar Tall" à Dakar: une école coranique "modèle"

En plein coeur du quartier sensible de la banlieue dakaroise, cette école apprend le coran et le français et lutte contre la délinquance et la mendicité

16.04.2014 - Mıse À Jour : 16.04.2014
"El Hadji Omar Tall" à Dakar: une école coranique "modèle"

AA/ Dakar/ Yazid Bamse

L'école coranique El Hadji Omar Tall, située en plein coeur du quartier populaire Guediawaye, dans la banlieue dakaroise est une école "pas comme les autres". Les enfants y apprennent l'arabe et le coran et bénéficient dans le même temps de cours d'initiation à la langue française, prodigué par des professeurs bénévoles.

El Hadji Omar Tall s'érige en "école modèle".  Elle oeuvre, par le biais de son fondateur, pour éloigner à tout prix les enfants de la délinquance et de la mendicité.

Les voix des jeunes talibés s'élèvent sans discontinuité de cette mosquée inachevée qui leur sert d'école. Penchés sur leurs tablettes en bois, converties en ardoises, les élèves de cette daara (école coranique) apprennent à haute voix leur leçon avec ardeur.

Mouhamed Niasse, le maître coranique, semble zen dans ce brouhaha que ce sexagénaire cotoîe depuis 34 ans. Dans cette école coranique "pas comme les autres", les cours d'arabe et de Coran sont prodigués du samedi au mercredi pour permettre aux enfants scolarisés à l'école française d'y assister après leur cours. Les autres reçoivent des cours d'initiation à l'alphabétisation française chaque samedi de la part de professeurs bénévoles. Pour Niassé, il n'est pas question, dans tous les cas, de laisser les enfants vaquer à quelques fréquentations douteuses en plein coeur de Guédiawaye, un quartier de la banlieue dakaroise, souvent associé à l'insécurité.

'' Guediawaye est une zone pauvre et désœuvrée où la plupart des enfants sont livrés à eux-mêmes. La daara permet d'occuper les enfants, de les éloigner de la délinquance, et en même temps de leur inculquer un savoir''. explique Mouhamed Niasse à Anadolu.

Pour trouver un cadre adapté à un nombre d'élèves sans cesse grandissant, Mouhamed Niasse change souvent de local. Son intransigeance quant aux conditions de sécurité dans une localité souvent en proie aux inondations en période d'hivernage a fait que l'école coranique ElHadji Omar Tall apparaisse, pour beaucoup de parents, comme un havre de protection. En mars 2013, neuf enfants ont trouvé la mort dans un incendie qui a ravagé une école coranique à Dakar.

''A Guédiawaye, la plupart des familles sont pauvres et les parents ne pensent qu'à trouver de quoi nourrir leurs enfants. Avec l'école coranique, on est rassuré de savoir que nos enfants sont à l'abri et en sécurité, qu'ils ne traînent pas, non plus, avec des personnes infréquentables.'' confirme Marième Bâ, mère de 6 enfants.

Le maître coranique n'a pas recours, non plus, à la mendicité de ses élèves pour arrondir ses fins de mois, comme d'autres le font avec leurs talibés. Il rejette ce procédé et lutte contre cette pratique.

''La mendicité pose beaucoup de problèmes de santé, de sécurité aux talibés. Le mieux est d'arrêter cela, car le seul perdant, c'est l'élève. Aujourd'hui, je me bats et sensibilise les autres maîtres coraniques pour en finir avec ce phénomène.''

Toutefois, le maître Niasse ne peut compter sur ses propres revenus pour faire fonctionner sa daara. Et malgré le peu de revenus tirés de l'enseignement, il ne compte pas abandonner les mauvais payeurs et réduire, ainsi, le nombre des élèves qu'il a à sa charge.

''J'ai 313 élèves qui doivent payer chacun seulement 1000f cfa (2 usd) par mois, mais à la fin du mois, je ne récolte pas plus de 80 000f cfa (160 usd), car les parents n'ont pas toujours les moyens de payer, donc la plupart apprennent presque gratuitement." déclare le maître de l'école coranique. "A côté de cela, il y a les charges comme l'encre, les ardoises qu'il faut supporter. C'est dur, parce que j'ai un loyer à payer et une famille à nourrir aussi, mais je ne renverrai jamais un enfant parce qu'il n'a pas payé. Je fais ça pour avoir la reconnaissance de Dieu. Ce qui me comble, c'est de transmettre la connaissance de l'islam aux enfants. Ca, c'est inestimable''.

Restent l'entraide et le bénévolat, seuls recours permettant à l'école El Hadji Omar Tall de faire face aux difficultés. Les talibés les plus âgés tiennent les registres de présence et Niasse reçoit également le soutien des habitants du quartier, particulièrement les femmes, qui ont formé un comité de gestion de l'école. Les ''Ndéyi daara'' (mères de daaras) pourvoient ainsi aux besoins de 29 élèves dont les parents résident loin de Dakar. Grâce à l'aide des ''Ndéyi daara'' qui procèdent à des collectes de dons, les élèves sont également reçus dans des familles d'accueil.

Occasionnellement, la daara reçoit des dons venant d'organisations internationales. C'était le cas, en 2013, vers la fin du mois de Ramadan, de l'Agence Turque pour le Développement et la Coopération Internationale (TIKA). ''Les Turcs avaient offert des habits et des chaussures à plusieurs daaras, et 40 de nos élèves en avaient bénéficié'', témoigne Niasse.

A l'école El Hadji Omar Tall, les enfants maîtrisent le coran après 7 à 8 ans d'apprentissage. Parmi les 313 élèves, de 3 à 18 ans, ce sont 119 filles à fréquenter cette "daara", créée en 1994 et que Niasse veut ériger en "école modèle" par rapport à d'autres. 

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