Culture et Arts

Des Libanaises transforment les ordures ménagères en objets décoratifs

Hatem Kattou  | 31.10.2017 - Mıse À Jour : 31.10.2017
Des Libanaises transforment les ordures ménagères en objets décoratifs

Lebanon


AA / Beyrouth / Nahla Nasreddine

Du cœur même du problème des ordures qui dérange le Liban depuis deux ans, est née une association pour l'environnement à l'initiative d’un groupe de femmes ayant décidé de transformer les ordures en toiles décoratives pour leurs foyers.

Dans le village de Kafromman située dans la région de Nabatieh dans le Sud du Liban, et à 72 km de la capitale Beyrouth, un groupe de femmes a décidé de prendre les choses en main en vue de lutter pour résoudre ce problème et a par conséquent créé une association dénommée "Tirent" c’est à dire "la terre pure" dont le but est de généraliser la culture de sélection des ordures à partir de la source.

** De "sélectionnons ensemble" à "la terre pure"

Des dizaines de dames volontaires et affiliées à cette association, se répartissent dans les différentes artères et ruelles où s'amoncellent des tas d'ordures et se penchent pour les sélectionner et les classer défiant avec le sourire et l'enthousiasme d’une part, les odeurs qui se dégagent de chaque coin de la terre et d’autre part, la curiosité des passants.

Wafa Fakhreddine, présidente de cette association, a indiqué à Anadolu, que cette organisation est jugée comme le nouveau-né de la campagne "sawa manefrez" ("sélectionnons ensemble" en français), née à son tour à la suite de l'apparition du problème des ordures à la fin de l'année dernière dans la région de Nabatieh dans le sud du Liban.

Avec la fermeture de l'usine et du déversoir à proximité du village, les ordures se sont amoncelées dans les rues et avec le temps sont devenues des spectacles quotidiens pour les habitants.

Cela a poussé Wafa à chercher une solution qui, selon elle, réside dans l’aide de l'association "l’appel de la terre", association environnementale active, depuis des années, dans le domaine de la sélection des ordures dans un village voisin (Arbassalim) pour bénéficier de son expérience et tenter de l’appliquer dans le village de Kafromman qui croule sous les ordures.

Ces femmes ont décidé de lancer à travers les réseaux sociaux une campagne appelée "sélectionnons ensemble". C’est ainsi qu’elles ont pu obtenir l’appui de 30 femmes volontaires.

Eu égard aux échos recueillis par cette initiative, ces femmes ont décidé en mars dernier, de créer une association "la terre pure", basée sur des fonds propres à elles, outre quelques donations de la part de certains citoyens volontaires.

Malgré le manque de ressources, l’association a pu, néanmoins, ouvrir dans le village un petit centre de sélection des ordures dont une première partie a été réservée au verre, au papier et au carton, et la seconde aux bidons et au plastique.

L’association a, par ailleurs, organisé des conférences tendant à sensibiliser les habitants du village à l'importance de la sélection à partir de l'origine, a bien voulu confirmer Wafa.

** Zéro ordures

Outre les objectifs environnementaux et sanitaires de l’association, les femmes tentent d'arriver à l'équation "zéro ordures", et de généraliser la culture de la sélection des ordures ménagères dans le village qui renferme 3000 unités de logement: un objectif principal que ces femmes tentent d'atteindre par la politique des étapes et ce, en réduisant les quantités des ordures ménagères jetées dans les rues et celles destinées à être incinérées tout en négligeant pas le fait que brûler ou enterrer les ordures solides est de nature à engendrer des conséquences néfastes pour l'environnement et pour la santé des adultes et des enfants, comme elles l’ont déclaré à Anadolu.

Pour réaliser ces objectifs, ces femmes comptent sur l’appui nécessaire de la part des concernés et particulièrement de la part de l’Union Européenne afin d'agrandir leur centre actuel et d’en faire une grande unité de sélection des ordures capable de prendre en charge tous les déchets du village et du voisinage.

S'agissant de l'action de la mairie, Wafa a confié qu'à ce jour, cette administration appuie moralement ce projet alors que des sources qui en relèvent laissent entendre qu’il existe un plan pour créer une unité de sélection qui viendrait compléter l'œuvre de l'association "la terre pure".

Selon la responsable de l'association, une décision a été effectivement prise en vue de créer cette unité et son assise territoriale a été également délimitée en attendant la disponibilité des équipements nécessaires.

** Des toiles destinées aux foyers

Bien que l'initiative de ces Libanaises ait enregistré l'appréciation et la satisfaction des habitants et de tous ceux concernés par les affaires du pays, le point qui a retenu le plus l'attention est celui de la transformation de ces ordures ménagères en de belles toiles destinées à la décoration des foyers.

Ces dames membres de l'association ne se sont pas contentées de procéder à la sélection des ordures mais ont amélioré leur expérience afin de profiter de ces ordures en les transformant en de jolies toiles pouvant embellir leurs maisons.

Au sujet de ce dernier détail, Janane Chakroun a indiqué à Anadolu que ces toiles se basent d’une part sur la sélection du papier, du carton, du plastique, des bidons et d'autres matériaux, et d'autre part sur leur utilisation d’une manière décorative et surtout avec des idées créatives.

Chakroun a ajouté que la concrétisation de ces idées créatives est venue grâce aux stages de formation que ces femmes ont suivi au sein des associations spécialisées dans le recyclage et la décoration des objets sélectionnés parmi les ordures.

Chakroun a fourni des exemples de leur travail en disant: "nous utilisons les déchets du papier pour confectionner des boîtes qui paraissent comme à base de bois, puis nous coupons et décorons des gallons d’eau vides afin d’en faire des vases ou des lampes électriques.

S'agissant des boîtes alimentaires vides, elle a poursuivi en disant : "nous les décorons afin qu’elles soient utiles pour cacher des bijoux ou pour recevoir des petits ustensiles de cuisine. Par ailleurs, même les coquilles d’œuf ont été utilisées pour décorer les bouteilles vides en mosaïque resplendissante.

Pour sa part, la présidente de l'association a repris son exposé pour se demander si le Gouvernement libanais est vraiment capable d'appréhender leur modeste expérience et de généraliser la culture de la sélection et du traitement partout au Liban. Elle a conclu: "ou alors le problème sera de nouveau présent pour nous rappeler l'incapacité de l’Etat de le résoudre".

La question des ordures ménagères qui ont submergé, durant l'été 2015, les rues de la capitale et de ses banlieues a nécessité l’usage, sur une période de trois ans, de trois fosses provisoires dans lesquels seront déversées les ordures de Beyrouth et la région du Mont du Liban et ce, sur la base d’un programme décidé par le Gouvernement en mars 2016.

Cela prévoit par ailleurs, l'installation d’une cellule sanitaire à l'intérieur des fosses afin de traiter les ordures sélectionnées car en cas de non-exécution, une crise sanitaire risque de survenir avec l’amoncellement des ordures sur une hauteur de neuf mètres avec leur lot d’odeurs nauséabondes.

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