Culture et Arts, Archive, Afrique

Dans un village de la RDC, les murs des maisons servent de garde-mémoire

Les femmes du village peignent les événements marquants de leur vie sur les murs de leurs maison.

04.05.2015 - Mıse À Jour : 04.05.2015
Dans un village de la RDC, les murs des maisons servent de garde-mémoire

AA/ Lubumbashi (RDC) /Heritier Maila

A Makwacha, village situé à 45 km de Lubumbashi dans le sud de la RDC, les murs des petites maisons servent de garde-mémoire, les femmes du village y peignant, d'année en année, les évènements marquants de leur vie.

A l’aide d’argile et de manioc et en se servant juste de la paume de la main et parfois de pinceaux en crin d’animaux, les femmes décorent de dessins les murs extérieurs de leurs maisons.

Cette tradition ancestrale est protégée et transmise de génération en génération par les femmes de la communauté Lamba-population bantoue d'Afrique centrale et australe vivant à l'extrême sud-est de la RDC- qui racontent leur quotidien à travers des peintures éphèmères dont elles réhaussent les murs de leurs maisons.

C'est durant la saison sèche que les femmes Lambas se mettent à peindre pour retracer les évènements les plus marquants de l'année écoulée et chaque année les murs racontent de nouvelles histoires plus ou moins heureuses. 

 "Les femmes s’inspirent de la  vie quotidienne et chaque peinture  porte un message et raconte une histoire, nous dessinons des fleurs, des poissons ou des femmes qui travaillent pour dire aux visiteurs que les femmes de Makwatcha sont courageuses et fortes", a déclaré à Anadolu Katy Kumwimba, une habitante du village.

"Non loin il y a une maison dont les murs portent le dessin d'une chaise roulante, le propriétaire est un handicapé qui vient de recevoir en don de la part d'un misssionnaire, une chaise roulante. il a voulu par ce dessin immortaliser ce geste et remercier son bienfaiteur", a-t-elle ajouté.

Pour ce qui est de la réalistaon de ces dessins, elle explique que: "Chaque femme prépare d’abord les murs de sa case avec un enduit naturel blanc. Prépare ensuite une poudre à base de terre et de cailloux qu'elle mélange  avec de l'eau pour obtenir une matière facile à appliquer sur les murs". 

Les couleurs aussi sont obtenues grâce à des produits naturels, ajoute encore, Katy citant, entre autres, la terre recueillie au bord de l'eau  pour le noir et le gris ou encore les feuilles de plantes malaxées pour le vert ...

"Nous n’avons pas apris à dessiner à l'école, d’ailleurs dans notre village il n’y a pas école et nos enfants doivent parcourir chaque jour14 Km pour aller en cours. ces dessins c'est notre culture que nous sommes déterminées défendre et à sauvegarder en veillant à transmettre ce savoir faire à nos enfant comme nos parent l'ont fait pour nous", déclare à Anadolu, Fernande Musha, une autre habitante du village.

Cet art baptisé "Kushiripa"(peindre) ne nécessite pas de gros moyens ajoute Fernande mais il est aujourd'hui menacé de disparaitre, la majorité des femmes étant appelées à effectuer d'autres tâches et à s'occuper, notamment, du travail de la terre.

Ces peintures murales ont donné au village Makwacha une renommée internationale et c'est pour contempler ces dessins aussi simples que singuliers que des milliers de visiteurs y viennent chaque année.

Cet art a même fait objet d'une exposition en France. Katy Kumwimba qui a fait partie de la délégation de femmes peintres qui ont exposé à la Maison des Métallos (établissement culturel de la ville de Paris), se rappelle d'une "expérience inoubliable" et raconte à Anadolu : "Au mois d’avril 2014 nous avons été invitées à Paris par une association française : Artiste Africain pour le Développement (AAD). Nous avons fait des dessins non pas sur des murs comme nous l'avons l'habitude de le faire mais sur des supports classiques, nos tableaux ont été vendus à 60 000 dollars la pièce et c'est avec cet argent que nous avons  financé la construction de deux puits dans notre village et d'un troisième dans le village voisin de Mwaiseni".

A l'issue de leur séjour d'un mois à Paris, les femmes peintres de Makwatcha ont fondé leur propre association baptisée "les femmes peintres de Makwatsha".

"Nous avons honte de recevoir les visiteurs dans ces conditions, nous n’avons ni chaises, ni assiettes, ni verre… les touristes qui passent la nuit  ici, le font dans de  mauvaises conditions" déplore, de son côté Jean Pierre Kabaso, chef du village adjoint et encadreur des femmes peintres de Makwatcha. "Notre plus grand souhait est de construire une grande maison pour héberger nos visiteurs », confie-t-il à Anadolu ajoutant que des démarches ont d'ores et déjà, été entamées par les femmes peintres pour obtenir un soutien à cette fin de la part du gouvernement. 

Contactée par Anadolu, la ministre provinciale de la Culture et des arts, Thérèse Lukenge, a déclaré que le dossier était sur sa table et que le gouvernement a déjà envoyé des experts pour la construction de quatre sites d’accueil comportant des hôtels et des resturants.

 "Le travail des femmes de  Makwacha sera valorisé et protégé. D’ailleurs un grand festival sera organisé autour de cet art dans le village de Makwacha au mois de juin prochain et c’est à cette occasion que nous allons poser la première pierre pour la construction des sites d’accueil".

Fondé en 1962, le village de Makwacha compte, aujourd’hui, environ 2500 habitants.

 
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