Cameroun: Ces escargots qui valent de l'or
Très prisée au Cameroun, la chair d’escargot est vendue aussi bien dans la rue que dans certains supermarchés.

AA/ Penja/ Anne Mireille Nzouankeu
Dans la ville camerounaise de Penja, (Région du Littoral, Ouest) le commerce de l'escargot est un champ d'activité florissant et prisé par des commerçants désireux de gagner leur vie, sans trop se casser la tête.
Agathe Moukoubé, 35 ans, est vendeuse d’escargot depuis 10 ans. Tous les matins, elle commence sa journée par le nettoyage du mollusque. D’une main, elle tient fermement un escargot. De l’autre main, elle utilise un poinçon pour sortir la chair de la coquille. C’est une longue tâche. De temps en temps, elle essuie du revers de la main les gouttes de sueur qui perlent sur son front.
« Depuis que je suis toute petite, on mange l’escargot dans ma famille et autour de moi. Comme je n’avais pas de travail, je me suis dit : pourquoi ne pas profiter de ce goût pour l’escargot pour en faire mon métier. C’est une activité pénible mais j’en suis satisfaite », explique Moukoubé.
Après avoir enlevé la chair de la coquille de chaque mollusque, il faut la laver plusieurs fois avec du sel afin d’extraire toute la bave de l’animal. Le processus peut parfois durer jusqu’à deux heures de temps et le lavage se fait à la main. Une fois toute la bave enlevée, l’escargot peut alors être préparé comme toute autre viande. Il se mange cuit, frit, rôti, braisé ou fumé.
Moukoubé vend ses escargots dans la rue devant sa maison, sous forme de brochettes dont le prix varie de 100 à 200 francs FCfa la brochette. (0.16 à 0.33 USD) « Le commerce de l’escargot est rentable. J’achète un seau d’escargot vivant à 5 000 FCfa (8.3 USD). Après les avoir préparé, je les revends et j’ai une recette d’environ 15 000 FCfa » (25USD), explique Moukoubé.
A Penja, la ville camerounaise dans laquelle vit Moukoubé comme ailleurs dans le pays, la consommation de la chair d’escargot prend de l’ampleur au grand bonheur des commerçants et des éleveurs.
« Le commerce de l’escargot me permet de contribuer à la ration journalière et de réaliser d’autres petits investissements », dit Moukoubé, mère de trois enfants. Certains commerçants ciblent la grande consommation. Ainsi, on trouve aussi déjà des escargots dans les supermarchés. Ils sont nettoyés et conditionnés en paquets de 500 grammes et un kilogramme.
Les escargots sont nombreux en saison pluvieuse. On les trouve dans les champs, près des marécages et des cours d’eau. Ils deviennent cependant de plus en plus rares en saison sèche pourtant la demande ne diminue pas. Alors, certains ramasseurs d’escargot ont eu l’idée de se reconvertir en éleveurs. Il existe même depuis un an, une confédération nationale des éleveurs d’escargots du Cameroun.
« L’élevage de l’escargot est moins contraignant que l’élevage d’autres animaux. Le premier avantage avec l’escargot est qu’il est hermaphrodite, il est à la fois mâle et femelle. On n’a donc pas besoin d’avoir une certaine quantité de mâles et de femelles. Si vous avez 100 escargots cela veut dire que vous avez 100 reproducteurs », explique Elie Onambélé, un producteur d’escargot rencontré par Anadolu.
« La nutrition de l’escargot est également facile et peu coûteuse. Bref, l’escargot est un bon business pour les éleveurs et pour les commerçants », conclut Onambélé.