Culture et Arts, Mode de Vie, Archive, Afrique

Côte d'Ivoire/ Chant islamique: une phrase réveille l’artiste qui dormait en Hadja Kady

Sa fille a été à l'origine d'une "précieuse" révélation; celle du chant islamique.

08.06.2015 - Mıse À Jour : 08.06.2015
Côte d'Ivoire/ Chant islamique: une phrase réveille l’artiste qui dormait en Hadja Kady

AA/ Abidjan / Issiaka N’Guessan

Une phrase l’a intriguée, interpellée et éveillée l’artiste qui dormait en elle dès la prime enfance.

« Des chansons traitant de la religion musulmane, ça n’existe pas maman », a rétorqué un jour Jamila à sa maman Hadja Kady, qui lui demandait de chanter les vertus de la religion musulmane avant de chanter celles d’autres croyances religieuses.

« Depuis toute petite, j’aimais chanter. Tout s’est déclenché le jour où j’ai entendu ma fille Jamila chanter des chansons relevant d’autres registres religieux que celui de la religion musulmane. Je l’ai interpellée pour lui dire qu’elle pouvait aussi chanter des chansons islamiques », se souvient-elle.

Aujourd’hui vedette du chant islamique et de la musique mandingue, Hadja Kady reconnaît que sa fille était derrière une «préciseuse stimulation » et véhicule à travers ses chansons un message plaidant pour l’amour de Dieu, la tolérance et la solidarité.

La musique mandingue qui se sert d’instruments traditionnels tels le tambour ou le djembé, de la guitare acoustique et de calebasses ornées de cauris, aide Hadja Kady à transmettre ses messages auprès de jeunes assoiffés d’arts à la fois instructifs et plaisants.

« La musique mandingue qui promeut l’Islam à travers la chanson s’est ancrée dans les habitudes des mélomanes. Le message religieux répercuté sur fond de musique apprécié par les jeunes, produit de l’effet », témoigne la chanteuse.

Hadja Kady, de son vrai nom Soumahoro Kanté Kadiata, a dû résister au refus de son père pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui.

«Depuis toute petite j’aimais chanter, mais mon père n’a jamais voulu que je le fasse. Tout s’est déclenché le jour où j’ai entendu ma fille Jamila chanter des chansons puisant dans des registres religieux autres que la sienne (la religion musulmane). Je l’ai interpellée pour lui dire qu’elle pouvait aussi chanter des chansons islamiques. Mais, à ma grande surprise, elle m’a répondue qu’elle n’en connaissait pas.»

Kady s’est ensuite mise à fredonner des chansons traditionnelles devant ses connaissances avant de les dépoussiérer, les moderniser en versant dans le chant islamique. Car elle « pensait à sa fille et au reste des enfants qui ne connaissaient rien de ce genre musical», selon elle.

Après un début un peu difficile, Hadja Cady a sorti son premier album en 2007, deux autres ont suivi. Des réussites, dit-elle, confirmées par des tournées au Maroc, au Mali et au Burkina Faso, entre autres.

Originaire de Samatiguila (Nord-Ouest), capitale de la religion musulmane en Côte d’Ivoire, qui compte près de 17 500 habitants, tous musulmans selon des sources officielles, Kady chante l’amour de Dieu et plaide aussi pour la cause des femmes démunies.

Parmi ses chansons: " Yarassouloulai", (Ô, Messager de Dieu, chanté en langue locale malinke); " Assalamu Alaykom" (Paix sur vous, chanté en malinke); "La Ilaha ila Allah" (Il n'y a de dieu que Dieu, chanté en français); "Gnouman-keh", qui incite à faire preuve d'humanisme, d'amour, et de tolérance, "Lalaho", qui chante le bien et le bon comportement dans la vie, et "Farafina mousso", qui est un hommage aux femmes africaines pour leur contribution au développement socio-économique du continent et à l'éducation de leurs enfants.

Seul regret de la chanteuse : « Le métier ne nourrit pas son homme en Côte d’Ivoire, surtout la musique islamique » très mal rémunérée lors des concerts donnés. Mais, Hadja ne courbe pas l’échine et tente constamment d’y remédier.

«Mon premier grand projet consiste à réaliser un grand film sur la civilisation islamique et le deuxième en un festival de musique islamique ».

Pour la chanteuse, contrairement à d'autres genres musicaux religieux, la promotion de la musique mandingue ou islamique n’est pas très en vogue sur les antennes et les chaînes de télévision et de radio nationales en Côte d’Ivoire, un pays où les musulmans représentent plus de 38% de la population, selon des chiffres officiels.

"Il faut attendre des rendez-vous comme le Ramadan, l'Aïd ou la Tabaski (Eid-El-Kébir) pour voir des clips vidéo de chanteurs islamiques qui n’échappent pas au piratage", un phénomène freinant l’essor de ce genre musical, regrette Kady.

 
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın